Alice Tissot vit le jour à Paris, le 1 janvier 1890. Lointaine époque où on est bien loin d’imaginer qu’un jour le cinématographe fera courir des foules! Déjà qu’on a fort à faire pour que soit détruite cette hideuse tour Eiffel et avec ces voitures électriques qui commencent à se faire voir au bois et effraient les chevaux de coche! Qui, dès lors aurait pu imaginer que cette petite Alice braillant dans les dentelles de son berceau en ferait, du cinématographe! Qu’elle en ferait et finirait sa carrière avec une certaine Sheila braillant à son tour « L’Ecole est finie »! Si on lui avait prédit une carrière de dresseuse d’ours ou de cracheuse de feu l’étonnement aurait été bien moindre!
Je ne peux m’empêcher de faire ici une courte parenthèse philosophique. A l’heure où Alice Tissot, renonçait au cinéma, en 1962, d’autres actrices débutaient leur carrière. 55 ans plus tard, leur métier n’a guère changé. Les sujets de films qui suivent l’évolution de la société, les coiffures, les longueurs de robes et hauteurs de talons ont changé, mais à part ça? Alice Tissot, ce ne sont pas des bouleversements qu’elle aura connus tout du long de sa carrière, ce sont des révolutions.
Nous retrouvons notre jeune Alice devant les caméras dès 1907. Elle a 17 ans et elle est très loin d’avoir le profil raphaélique. Elle est flanquée d’un appendice nasal qui suivant le point de vue d’où l’on se place tient soit de l’aileron de requin soit de la betterave fourragère. Au XXIème siècle, la parentèle effarée d’une bambine flanquée d’un tel pif songerait à l’intervention salvatrice dès la maternelle. Mais au début du siècle précédent, on assume crânement ce genre d’encombrant bijou de famille en le considérant comme l’apanage d’une auguste naissance et le gage d’un profil distingué et d’un port altier. Alice assume donc, telle Cyrano ce perchoir fiché au milieu de sa figure. Elle en rit, même, parfois. Même si elle ne pardonna jamais à cet indélicat partenaire au théâtre qui, devant l’embrasser sur les deux joues, lança au metteur en scène durant les répétitions « Je passe par derrière, c’est plus court ».
En 1907, Alice Guy quitte Paris pour Berlin et Louis Feuillade prend seul la direction des films Gaumont. Il écrit la nuit ce qu’il réalise la journée, le montage n’existe pas. Les films sont tournés dans l’ordre chronologique des scènes et ne durent qu’une bobine! Ces limites techniques vont de pair avec une boulimie du public qui s’entiche du cinéma et voit parfois dix films sur son dimanche!
Feuillade n’a guère le temps de rêvasser en chemin et délègue un maximum de tâches à une équipe de fidèles, y compris à ses acteurs qu’il paie au mois. On tourne un film par jour. Le soir, les acteurs reçoivent leur « feuille de route » Demain studio à six heures: rôle grande coquette ». Comprenez: Sois là à six heures, coiffée maquillée et habillée pour le rôle! Pas de script, pas de scènes à apprendre, pas de répétitions. Feuillade dirige à la voix des acteurs qui improvisent la pantomime filmée! « Tu entres dans la pièce, tu te diriges vers le vase, tu admires les fleurs, tu les renifles, oh ça sent bon! Tu regardes vers la fenêtre, tu vois qu’il y a un homme caché derrière le rideau! Tu a peur! Tiens, renverses le vase! Voilà c’est bien! »
Parmi ces acteurs payés au mois Alice Tissot fait équipe avec la ténébreuse Renée Carl et Maurice Vinot. Ils tournent à la chaîne des films d’une bobine, hélas perdus aujourd’hui et dont on se demande ce qu’ils pouvaient bien raconter! Que se passait-il dans « La Légende des phares », « Le Vainqueur de la course pédestre », « La chatte métamorphosée en femme « , ou « Le voile des nymphes »? Louis Feuillade est le premier conscient que tout est à faire et à inventer. Et surtout que le public ne va pas se contenter longtemps de ces nigaudes petites historiettes. Très vite il va s’atteler à la réalisation de films plus prestigieux, plus dignes. Dignes des « temples du film » qui vont bientôt sortir de terre comme le très prestigieux « Gaumont Palace » à Courbevoie. Véritables cathédrales du spectacle, toutes d’or et de velours, on voit des films, on dîne, on danse, on réserve sa place, il y a des portiers des voituriers, Plus que le tout Paris, c’est le grand monde qui se déplace! Alors ce n’est pas pour voir « La tirelire solide », « La fiancée du pion » ou « Le docteur Carnaval »! Alors Feuillade mise sur la qualité, passe à l’adaptation filmée de sujets plus dignes ou plus littéraires. Dès 1910 « L’idée du pharmacien » fait place à » « Lysistrata », « Benvenuto Cellini », « La vie de Pouchkine » et les premiers films bibliques du cinéma français.
Pour Alice Tissot, c’est déjà une révolution en soi! La joyeuse improvisation des débuts fait place à un travail plus pointu, plus documenté, plus exigeant, ce qui n’est pas pour lui déplaire. On peut s’étonner au passage que Feuillade ait choisi pour camper ses héroïnes une actrice au physique si particulier. Paris regorge pourtant de ravissant minois autrement plus photogéniques que l’âpre profil de mademoiselle Tissot des films Gaumont.
Alice tournera quand même plus de 150 films pour lui! Et trouva le temps d’épouser en 1912 le comédien André Augreau. Il décèdera à 53 ans en 1935.
Quant à cet improbable physique, c’est tout simplement parce qu’au début du siècle, les actrices sont facilement confondues avec les poules et les grandes cocottes qu’elles côtoient d’ailleurs tous les jours dans les coulisses des music-hall ou des théâtres. Feuillade ne voulait pas de cette confusion des genres! Ce qui ne l’empêchera pas d’émoustiller le spectateur avec la très sulfureuse Musidora en 1915. Entretemps, Alice, loin d’être une vamp en collant noir aura gagné la célébrité filmée et glané la célébrité théâtrale. Il aurait dès lors été idiot de se passer d’elle.
Une autre révolution va secouer l’univers du film et donc d’Alice avec la déclaration de guerre de 1914. Le sang se répand dans les tranchées, l’absence et la mort règnent. Le cinéma revient à des films plus polissons et plus joyeusement gaudriolants pour soutenir le moral des poilus! Après l’épopée biblique et la reconstitution historique, revoici « Plouf a eu peur », « Monsieur Charlemagne » et « Le Bon Tuyau »!
Mais une autre révolution majeure est née en plein cœur du conflit: Le montage! Adieu le cinéma en une bobine! Les films ont gagné en durée. La durée qu’on leur connaît aujourd’hui. Pour Alice Tissot c’est un problème! Le format court lui permettait depuis maintenant 10 ans de tourner un film la journée et d’être au théâtre le soir. Ca complique grandement son emploi du temps. Et puis l’image s’améliore et on frise maintenant la perfection qui touchera au sublime du noir et blanc dans les années 20. Si l’image trouble et sautillante des débuts s’accommodait parfaitement des traits si particuliers d’Alice Tissot, le cinéma ne pardonne plus rien. Alice s’éloigne pour cause officielle de théâtre…Le temps de s’habituer, aussi, à voir sa tête en grand format sur les écrans. Un critique avant dit à son propos: Lorsqu’elle se penche en arrière, on découvre les profondeurs de ses narines, l’impression est telle qu’on croirait voir s’ouvrir les grandes portes de notre dame.
Alors bien avant ses 40 ans qu’elle fêtera en 1930, bien avant l’âge, Alice va faire ses choux gras de personnages de composition. Vieilles biques et grandes toquées en tout genre qui ont parfois le double de son âge réel! Une astuce très usuelles qui sera celle de Michel Simon ou Denise Grey jouant les vieux de la vielle avant d’avoir 30 ans! En 1921 Alice Tissot est déjà un vieille fille revêche et frustrée martyrisant de pauvres orphelines dans « Les Deux Gamines », elle a 31 ans! Alice connaîtra de véritables triomphes d’anthologie muette avec « La Cousine Bette » , « Belphégor », « Gribiche » ou « Ces Dames aux Chapeaux verts » qu’elle portait simultanément au triomphe sur scène! Il va sans dire que cette fantasque créature des écrans passa au parlant, cette autre révolution, avec jubilation! Enfin parler! Enfin dire! Alors qu’elle rechignait tant que faire se peut au cinéma muet, elle se rue devant le micro et enquille 7 films en 1930, 9 en 1932, 10 en 1933!
Sa « grand époque » peut enfin débuter! Elle a 40 ans et fait du cinéma depuis bientôt un quart de siècle! Alice devient une incontournable du cinéma et elle reprendra au bénéfice du micro quelques uns de ses grands succès muets comme ces impérissables « Dames aux chapeaux verts » ou « Les Deux Gamines ».
Tous les réalisateurs importants font appel à ses inénarrables services: sauf un: Sacha Guitry. Une rencontre qui ne se fait pas mais qui la vexe grandement! Il faut dire que Guitry est déjà entiché de Pauline Carton et de Jeanne Fusier-Gir, il affiche complet au rayon des tromblons!
C’est la guerre qui une nouvelle fois va se charger de chambouler son monde. Alice n’est liée avec aucun contrat avec une maison de production à l’heure de l’occupation. Cette liberté lui permet de refuser toute proposition de la Continental « pour cause de théâtre ». Elle s’éloignera autant que faire se peut des studios durant l’occupation. Après avoir honoré les deux contrats qu’elle avait signé pour 1940, elle échappera à la main mise allemande et ne tournera que deux films, attendant que la défaite teutonne ne fasse plus aucune doute pour revenir crânement se faire filmer le portrait. Les férus d’histoire apprécieront à sa juste valeur le court métrage qu’elle s’empressera de tourner avec Irène de Trébert , Irène la sublime qui était l’idole des « zazous » et littéralement vomie par le gestapo qui s’en serait bien fait une cible de choix! Sa musique était interdite et posséder ses disques pouvait signifier le peloton d’exécution! Alice ne pouvait pas louper ça!
La paix retrouvée, le cinéma américain envahit les écrans européens. Le cinéma français perdit ses velléités de prestige des années Feuillade. Alice revint au cinéma dès 1944 car c’est là qu’était désormais sa place. Son âge réel rattrapait peu à peu celui de ses personnages. On lui reprocha, ce qui dut la stupéfier grandement de se consacrer à un cinéma résolument populaire, comprenez « médiocre » dans le langage des critiques avertis! Certes on la verrait plus souvent qu’à son tour avec Raymond Buissières, Annette Poivre ou Marthe Mercadier. Mais avant guerre n’était-elle pas la partenaire de Fernandel ou de Marguerite Moreno? On serait d’ailleurs bien en peine de trouver autre chose que des films résolument populaires dans son palmarès d’avant guerre! Certains furent plus réussis que d’autres mais dans tous Alice Tissot fit son redoutable travail!
Alice Tissot avait inventé sa carrière au fur et à mesure que le cinéma s’inventait. Allait-on lui reprocher de mal le faire? A quel titre? A l’avènement de années 60, Alice tira sa révérence avant qu’on ne lui reproche de ne rien connaître au cinéma…Non sans avoir tourné pour Mocky, après avoir débuté sous Feuillade!
Elle allait s’éteindre dans son cher Paris le 5 mai 1971 à l’âge de 81 ans.
La nostalgie aidant, les cinémathèques réunies se pâmeront sur le patrimoine et dépoussièreront à titre posthume les gloires de certains inénarrables seconds rôles requalifiés de génies tels Pauline Carton, Pierre Larquey, Sylvie, Raymond Buissières, Jeanne Fusier Gir, Jean Tissier, Line Noro, Gabrielle Fontan, Gabrielle Dorziat ou Noël Roquevert. Alice Tissot restant au fond d’un carton oublié au grenier du prestige Là elle repose dans l’oubli éternel avec ses 330 rôles.
Chère Alice, s’il n’en reste qu’une à vous aimer, je serai celle-là.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1907: Le récit du colonel: Avec Renée Carl et Maurice Vinot
1908: L’incendiaire: Avec Renée Carl
1908: L’orpheline: Avec Renée Carl
1909: La légende des phares: Avec Renée Carl
1909: L’idée du pharmacien: Avec Maurice Vinot
1909: Le docteur Carnaval: Avec Maurice Vinot
1909: La fiancée du pion: Avec Maurice Vinot
1909: La tirelire solide: Avec Maurice Vinot
1909: Le voile des nymphes: Avec Maurice Vinot
1909: La chatte métamorphosée en femme : Avec Maurice Vinot
1909: Vainqueur de la course pédestre: Avec Maurice Vinot
1909: Le mensonge de soeur Agnès: Avec Maurice Vinot
1909: La bague: Avec Maurice Vinot
1909: Le mirage: Avec Maurice Vinot
1909: La boîte de Pandore: Avec Maurice Vinot
1910: Le pater: Avec Léonce Perret
1910: L’oeuvre accomplie: Avec Georgette Faraboni
1919: La nativité: Avec Renée Carl
1910: La mauvaise nouvelle.
1910: La vie de Pouchkine: Avec Léonce Perret
1910: Benvenuto Cellini: Avec Maurice Vinot
1911: Les petites apprenties: Avec Renée Carl
1911: Le collier de la reine: Avec Renée Carl
1913: Léonce aime les morilles: Avec Léonce Perret
1914: Les sept suffragettes de Saint-Lolo: Avec Berthe Dagmar
1914: Monsieur Charlemagne: Avec Suzanne Champagne
1914: Le bon tuyau: Avec René Kessler
1918: Plouf a eu peur: Avec Fernand Rivers
1919: Barrabas: Avec Blanche Montel
1921: Les deux gamines: Avec Olinda Mano, Blanche Montel et Lugane
1926: Gribiche: Avec Françoise Rosay
1927: Belphégor: Avec René Navarre
1927: Le capitaine Rascasse: Avec Jeanne Helbing et Gabriel Gabrio
1928: Un chapeau de paille d’Italie: Avec Alex Bondireff
1928: Morgane la sirène: Avec Claire de Lorez
1928: La cousine Bette: Avec Germaine Rouer
1929: Cagliostro – Liebe und Leben eines großen Abenteurers: Avec Hans Stüwe
1929: Ces dames aux chapeaux verts: Avec Gabrielle Fontan
1930: Une femme a menti : Avec Jeanne Helbing et Louise Lagrange
1930: Paramount en parade: Avec Maurice Chevalier
1932: Si tu veux: Avec Jeanne Boitel
1933: La maternelle: Avec Madeleine Renaud
1933: Feu Toupinel: Avec Colette Darfeuil et Marcel Barencey
1933: Un fil à la patte : Avec Spinelly
1933: Mirages de Paris: Avec Jacqueline Francell et Colette Darfeuil
1934: Les suites d’un premier lit : Court métrage avec Gaby Basset
1934: Plaisirs de Paris: Avec Renée Beryll
1934: Madame Bovary: Avec Valentine Tessier et Pierre Renoir
1934: Flofloche: Avec rance Dhélia
1934: Le chéri de sa concierge: Avec Fernandel et Colette Darfeuil
1935: Juanita: Avec Mireille Perrey
1935: L’affaire Coquelet: Avec Marcel Lévesque et Tino Rossi
1935: Compartiment de dames seules: Avec Armand Bernard
1935: Le contrôleur des wagons-lits: Avec Danielle Darrieux et Albert Préjean
1935: Le billet de mille: Avec Gaby Morlay
1935: Et moi, j’te dis qu’elle t’a fait de l’oeil: Avec Colette Darfeuil, Jules Berry et Ginette Leclerc
1936: La madone de l’atlantique: Avec Josseline Gaël et Jean Lumière
1936: Les deux gamines: Avec Jacqueline Daix
1936: On ne roule pas Antoinette: Avec Simone Renant
1936: La course à la vertu: Avec Colette Darfeuil
1936: Trois jours de perm’ : Avec Jacqueline Dix
1937: Les maris de ma femme: Avec Christiane Delyne
1937: Mes tantes et moi : Avec René Lefèvre et Marguerite Moreno
1937: François Premier: Avec Fernandel et Mona Goya
1937: Ignace: Avec Fernandel
1937: La rose effeuillée : Avec Jacqueline Francell
1937: Ces dames aux chapeaux verts : Avec Marguerite Moreno et Micheline Cheirel
1938: Mon curé chez les riches: Avec Elvire Popesco et André Alerme
1938: Cœur de gosse: Avec Jacqueline Francell
1938: Le dompteur: Avec Dorville, Paul Azaïs et Monique Rolland
1939: Mon oncle et mon curé: Avec Germaine Aussey et André Lefaur
1940: Bécassine: Avec Paulette Dubost
1943: Le capitaine Fracasse: Avec Assia Norris et Fernand Gravey
1945: Ils étaient cinq permissionnaires: Avec Ginette Leclerc
1946: Boîte de nuit: Court métrage avec Irène de Trébert
1946: Adieu chérie: Avec Danielle Darrieux et Gabrielle Dorziat
1946: Cyrano de Bergerac : Avec Fernand Gravey
1946: La pythonisse: Court métrage avec Raymond Souplex
1947: Amours, délices et orgues: Avec Giselle Pascal et Jean Desailly
1948: Blanc comme neige: Avec Bourvil et Paulette Dubost
1949: L’auberge du péché: Avec Ginette Leclerc
1951: Les deux Monsieur de Madame: Avec Arlette Poirier
1951: Jamais deux sans trois: Avec Marthe Mercadier et Roger Nicolas
1953: La pocharde: Avec Monique Melinand et Pierre Brasseur
1953: Tambour battant: Avec Jacques Helian et Alfred Adam
1953: L’île aux femmes nues: Ave Lili Bontemps
1954: Les deux font la paire: Avec Jacqueline Maillan, Jean Richard et Jean-Marc Thibaut
1954: Le collège en folie: Avec Nicole Courcel, Tania Fédor et Rudi Hirigoyen
1955: On déménage le colonel: Avec Dora Doll et Yves Deniaud
1955: Fête de quartier: Avec Jean Tissier
1956: Si Paris nous était conté
1956: La joyeuse prison: Avec Paulette Dubost et Michel Simon
1957: Porte des Lilas: Avec Dany Carrel et Henri Vidal
1957: Trois marins en bordée: Avec Janie Carnac et Gabrielle Doulcet
1958: En bordée : Avec Jean Richard et Philippe Clay
1958: Le tombeur: Avec Denise Grey et Raymond Buissières
1960: Un couple: Avec Juliette Mayniel
1960: Quai du Point-du-Jour: Avec Dany Carrel
1962: Césarin joue les ‘étroits’ mousquetaires: Avec Jeanne Fusier Gir et Pierre Repp
1962: The Longest Day : Avec Bourvil