La belle Angel Tompkins eut des débuts au cinéma comme on n’en faisait déjà plus depuis longtemps lorsque vint son tour. Cette très jolie demoiselle était mannequin et se baladait dans les rues de Chicago lorsqu’elle entendit la phrase fatidique « Mademoiselle voudriez-vous faire du cinéma? » Elle se retourna prête à flanquer un coup de sac à main à la tête de l’importun, car on lui faisait le coup dix fois par jour. Mais flanque-on son sac à la figure de Woody Allen? Surtout si c’est un sac de prix. Et surtout si ce brave Woody vous griffonne un mot de recommandation signé de sa main pour les studios Universal. Angel traversa donc le pays et obtint un des derniers contrats de l’histoire liant une actrice à un studio hollywoodien.
Ange Stromberg, la demoiselle qui nous occupe vint au monde le 20 Décembre 1943 à Albany, en Californie. Le fait qu’elle ait été repérée à Chicago pour un contrat à Hollywood, c’est à dire à trois gares de chez elle, rend l’anecdote encore plus croustillante. Mais nous ne sommes plus en 1935 lorsqu’Angel est « découverte ». Nous sommes en 1967. Le monde change. Celui du cinéma en particulier. Hollywood se laisse pousser les cheveux et les chemises à fleurs. On se politise, le règne des grands studios et de leurs superstars glamoureuses au possible est virtuellement terminé. Son contrat signé, Ange se voit parachutée dans une kyrielle de séries télévisées dont « Mannix », « Bonanza » ou « Les Mystères de l’Ouest ». On l’a bien parachutée dans un modeste film » Hang your Hat on the Wind » oublié avant d’être tourné, mais la pauvre Angel attend toujours son « Niagara », son « Morocco » ou son « Intermezzo », bref le film qui fera d’elle une star dès la première bobine.
la pauvre crut son heure arrivée lorsque le studio lui organisa un essai pour le prochain film d’Henri Hathaway, lequel décréta: « Vous êtes bien trop belle pour jouer ce rôle! »
Folle de rage, la trop belle rentra chez elle, passa le reste de la journée à « démolir sa coiffure », puis elle passa la nuit sans dormir à tourner en rond, fumer comme un pompier et boire du vin. Le lendemain elle avait l’air de « sortir d’un tombeau » selon ses propres termes. Sans se coiffer, habillée avec sa pire blouse et son pantalon le plus avachi, le visage garni de magnifiques cernes, elle retourna affronter Hathaway qui laissa tomber: « M’ouaih, vous être moins belle qu’hier mais ce ne vous rend pas plus capable de jouer ce rôle pour autant! ». Mortifiée, elle laissa tomber l’affaire.
Elle retourna à ses séries Tv où elle gratifia ses fans de bons et loyaux services durant cinq longues années avant de pouvoir se remontrer au cinéma de manière plus probante, un premier rôle entre Lee Marvin et Gene Hackman dans « Carnage ». Nous étions en 1972. Cet honneur lui échut après son rôle de belle Hélène bousculant le couple Eliott Gould-Brenda Vaccaro dans « I Love my Wife » qui connut un très aimable succès. En 1974, elle est pour Richard Fleischer la partenaire d’Anthony Quinn dans « The Don is dead ». Mais le film visait trop les lauriers du « Parrain » pour créer l’événement et sombra dans l’oubli à peine sorti dans les salles.
L’engrenage télévisuel avait fait de la belle Angel un de ses rouages, et sa carrière avait pris un rythme qui ne changerait pas: beaucoup de séries à succès, et quelques rares films où hélas, ses rôles perdront peu à peu d’importance et où elle ne finira par n’être plus qu’une « guest star » de la tv invitée sur grand écran.
Car pour être de télévision, Angel Tompkins n’en est pas moins une star, il faut en être bien conscients. Le tollé que fut son surgissement dans les pages de Playboy en est une preuve éloquente si besoin en était.
Au début des années 90, Angel Tompkins prend sa retraite, jeune encore, préférant profiter de sa vie de femme. Mariée de longue date avec l’homme de télévision Ted Lang, père de ses deux enfants, Angel reste une femme discrète et belle et sans doute regarde-elle en famille les rediffusions de « K2000″, « l’Homme qui Tombe à Pic », « Chips », « Côte Ouest » ou « Sergent Anderson » où elle paraît dans toute sa sublime beauté?
Celine Colassin
QUE VOIR?
1969: Hang your Hat on the Wind: Avec Rick Natoli
1970: I Love my Wife: Avec Brenda Vaccaro et Eliott Gould
1972: Carnage: Avec Lee Marvin et Gene Hackman
1974: The Don ils dead avec Anthony Quinn et Ina Balin
1975: Walking Tall Part II: Avec Bo Svenson
1980: Alligator: Avec Robert Forster et Dean Jagger
1986: Murphy’s Law: Avec Charles Bronson et Kathleen Wilhoite
1989: Relentless: Avec Robert Loggia
1991: Joey Takes a Cab: Avec Lionel Stander et Kathleen Freeman