Evidemment, de par son principe même, ce blog s’est créé ses propres limites dont les frontières sont parfois un peu floues voire indéfinissables. Les « Etoiles Filantes du cinéma du XXème siècle » permettent peut-être autant de cas de figures différentes que le blog ne contient et ne contiendra de portraits. Le clivage paraît simple entre les grandes diva du septième art qui ont marqué leur époque et nos mémoires. Et puis les autres qui souvent sans être moins brillantes ou moins belles ont manqué de chance, de temps ou de renommée.
Mais il y a cette autre catégorie de femmes, d’artistes qui ont tâté du cinéma, souvent peu et avec un succès mitigé, voire confidentiel mais qui sont dans d’autres domaines de véritables icônes. Domaines où elles ne méritent pas un article tel que je leur consacre mais une véritable encyclopédie à leur culte et sont tout sauf des « Etoiles Filantes ». Je pense à Sarah Bernhardt, Mistinguett, Joséphine Baker, Edith Piaf ou Niko qui ne sont objectivement rien aux yeux des cinéphiles et figurent parmi les plus éblouissantes légendes dans leur domaine de prédilection. Telle est Ann Magnuson. Strictement inconnue pour certains, icône incontournable et fabuleuse pour d’autres, dont je suis.
Ann Magnuson naît le 4 Janvier 1956 à Charleston en Virginie Occidentale. Ses parents sont ce qu’il est convenu d’appeler des intellectuels puisque son père est avocat et sa mère journaliste. Mais nous sommes quand même en province. Ann a également un frère « Bobby » qu’elle adore.
Lorsque Ann a 17 ans, en 1973, le premier programme de télé réalité déferle sur les Etats-Unis et passionne toute sa génération: « An American Family ». Un programme où il ne se passe rien! On suit une famille aisée de Santa Barbara dans ses activités quotidiennes. Ann n’en louperait un épisode pour rien au monde. Ses parents ne voient strictement aucun intérêt à la chose puisqu’en effet il n’y en a pas. Ann doit regarder son émission préférée dans la cuisine. C’est la mode aux USA depuis les années soixante d’avoir un troisième téléviseur (le second étant dans la chambre des parents).
Dix millions d’Américains suivent le programme où en principe il ne se passait rien. A ceci près que le couple de Santa Barbara va voler en éclats et que le beau Lance, le fiston de la famille va « avouer » son homosexualité. On ne disait pas encore « coming out » mais les réactions ébouriffées de l’Amérique profonde agirent comme un déclic sur la jeune Anne. Elle regarda autour d’elle, un tantinet effarée et se rendit compte avec une stupéfaction extrême qu’en fait elle vivait chez les ploucs et qu’elle en était une aussi. La famille Magnuson elle-même fut très choquée de l’évocation de l’homosexualité à la télévision un jeudi soir à l’heure du dîner, sans se rendre compte un seul instant que leur fils Bobby, lui aussi…Comme un prophète sous l’impulsion d’une apparition divine, Ann fit ses valises et gagna New-York séance tenante. New-York où, espérait-elle, l’attendait la civilisation. la vraie, celle des esprits, pas des sanitaires!
Ann a bien fait! Elle va devenir une véritable icône des intellectuels branchés de Manhattan. Elle devient une Dj célèbre et fait les belles nuits du Club 57 où elle se produit également dans quelques « performances » de son cru qui font le régal des habitués hilares tel que David Bowie, un de ses meilleurs amis. Elle chante, parfois faux, en faux russe, danse, joue des percussions ou entre en scène en annonçant: « Je vais vous chanter la complainte d’une femme au foyer se rendant compte que son mari est possédé par le démon » la société bourgeoise des années 60 où elle a grandi devient le terrain idéal de ses délires et ses parodies, ensuite ce sera la télévision et sa bête noire Kate Bush qu’elle adore singer. Pour les Américain branchés, Ann Magnuson est ce qu’est Jennifer Saunders au cœur des Anglais! mais une Jennifer Saunders bien plus…Subversive!
Mais sa plus grande émotion « people » restera quand même sa rencontre avec Lance de « An American Family »
Durant toutes les années 70, l’icône des artistes et de la jet set côtoie tous les talents qui feront le génération future. Il était inévitable que les ayant divertis et inspirés, ils ne fassent pas appel à ses services lorsque leur propre heure de gloire serait venue. C’est ainsi qu’elle débute au cinéma en 1980 et connaît une notoriété d’actrice cinq ans plus tard sous la direction de sa copine Susan Seidelman et avec son autre copine Madonna dans « Recherche Susan Désespérément ». Avant cela elle était allée se faire vampiriser par Bowie dans « The Hunger ». En 1987 elle accède au statut de star dans un premier rôle face à John Malkovich dans « Making Mr Right ».
Ann Magnuson se veut cependant plus une artiste polyvalente entre happening et underground qu’une actrice commerciale. Même si elle accède désormais à la tête d’affiche et aux génériques de films de prestiges dont certains, on l’a vu, ont marqué leur génération. Toujours là où on ne l’attend pas, fidèle à elle-même tout en se renouvelant sans cesse, Ann Magnuson continue sa carrière éclectique pour la plus grande joie de ses fans. Et remercions en passant la télévision américaine de faire si souvent appel à ses services!
Sa série fétiche « An American Family » qui avait mis le feu aux poudres de sa carrière va devenir une espèce de réalité parallèle à la sienne.
Le beau Lance, le fils homosexuel de « An American Family » est frappé du sida. la télévision va diffuser un ultime épisode de la série à sa demande. On le verra mourant, demandant à sa famille réunie autour de lui de rester unie.
Ann Magnuson elle aussi veillait son frère adoré que l’implacable virus allait emporter.
QUE VOIR?
QUE VOIR?
1980: The Long Island Four: Avec David McDermott et Klaus Nomi
1982: Vortex: Avec James Russo
1983: The Hunger: Avec David Bowie
1985: Recherche Susan désespérément: Avec Madonna
1986: Sleepwalk: Avec Suzanne Fletcher
1987: The Critical Years: (court métrage) avec Birgit Berlin
1988: Tequila Sunrise: Avec Michèle Pfeiffer et Mel Gibson
1987: Making Mr. Right: Avec John Malkovich
1994: Cabin Boy: Avec Chris Eliott
1997: Lévitation: Avec Sarah Paulison
1997: Still Breathing: Avec Brenda Frazer
2000: Housebound: Avec Katharina Wressing
2002: Panic Room: Avec Jodie Foster et Forest Whitaker
2003: Ghostlight: Avec Richard Move et Deborah Harry
2007: Chaising Tchaïkovski: Avec Corinne Blanchon et Boyd Banks
2011: Woman’s Picture: Avec Corey Parker
2011: Rose (Court métrage) Avec Kim Howard et Stéphanie Norwood
2015: One More Time: Avec Christopher Walken