Rarement actrice hollywoodienne ne fut si peu tapageuse qu’Ann Richards. Cette discrète personne naît à Sydney le 13 Décembre 1917 (ou 18) sous le patronyme de Ann Shirley Richards.
Passionnée de littérature et douée d’une fine plume, la jeune demoiselle se préfèrerait néanmoins dans les atours d’une étoile de cinéma que tapie derrière la machine à écrire d’Agatha Christie. Elle fera donc de jolis débuts de comédienne pour le cinéma australien en 1938.
Hollywood finira par entendre parler de cette petite merveille blonde et ravissante du pays des kangourous qui tient fièrement des premiers rôles dans des films à succès. C’est la MGM l’invite à venir grossir les rangs de ses espoirs en 1942. L’Amérique va entrer en guerre et paradoxalement son cinéma est plus prolifique que jamais, il sort plus d’un film par jour des machines de guerre hollywoodiennes! A peine débarquée, Ann Shirley fut dépossédée de son second prénom car une autre Ann Shirley sévissait déjà à Hollywood. Elle fut ensuite catapultée dans un film de l’icône absolue du studio: Greer Garson..
Elle devint donc tout simplement Ann Richards et se vit cantonnée à des seconds rôles en attendant « le » rôle qui ferait d’elle une star de première grandeur.
La pauvre attendit longtemps, mais son studio ne fut pas réellement de mauvaise grâce. A chaque fois que notre héroïne était pressentie pour un rôle, une autre actrice plus célèbre et surtout plus commerciale s’en accaparait. Ann se voyait reléguée dans un second rôle dans l’ombre de Jennifer Jones ou Sylvia Sydney brillant de mille feux et sous son nez dans le personnage qui aurait dû être le sien. Ann est une femme bien trop intelligente pour s’en offusquer. D’autant que ces petits trafics de popularité lui permettent malgré tout de tenir des rôles intéressants dans de bons films pour des metteurs en scène de prestige. Alors, tant, qu’à faire, autant ne pas être la grande coupable si d’aventure le film est un échec.
Malheureusement, la MGM ne va pas renouveler son contrat et Ann Richards tente alors la grande aventure de l’indépendance. Cette liberté ne lui apportera pas plus de grands rôles à défendre que durant les années MGM. Dans un cas comme dans l’autre, lorsqu’Anne obtient un premier rôle comme dans « American Romance » du temps de la MGM ou dans « Breakdown » au temps de la liberté, il ne s’agit que de films mineurs qui ne risquent pas de faire d’elle une star de premier plan ni même une « vedette ».
Devenue l’épouse du réalisateur Edmond Angelo en 1949, elle préfère dorénavant s’occuper de leurs trois enfants et raccroche définitivement ses paillettes et ses faux-cils en 1952.
Mais ce n’est pas pour autant qu’Ann Richards devient une aimable ménagère à la retraite! Elle renoue alors avec sa grande passion de jeunesse, l’écriture. Ann publie avec succès de nombreux recueils de poésie jusqu’au début des années 90 et continue à travailler activement pour le théâtre.
Angelo qui fut le seul et grand amour de sa vie la laisse veuve en 1983 et elle-même s’éteint à Torrence, une aimable banlieue de Los Angeles le 25 Août 2006 à l’âge vénérable de 88 ans.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1939: Come up, Smiling: Avec Will Mahoney
1942: Random Harvest: Avec Greer Garson et Ronald Colman.
1944: Une Romance Américaine: Avec Brian Donlevy
1945: Love Letters: Avec Jennifer Jones et Joseph Cotten
1946: The Searching Wind: Avec Sylvia Sydney et Robert Young.
1948: Sorry, Wrong Number: Avec Barbara Stanwyck et Burt Lancaster.
1952: Breakdown: Avec William Bishop