Lorsque la petite Anne lloyd Francis vint au monde le 16 Septembre 1930 à Ossining dans la proche banlieue de New-York, non loin de Sing-Sing, ses parents Philippe et Edith furent éblouis d’avoir mis un aussi ravissant chérubin au monde. Même si le moment était mal choisi. Autour d’eux le monde s’écroulait, le crash de 1929 n’en finissait plus de jeter des cohortes de chômeurs dans les rues et les cadavres des financiers qui s’étaient jetés des fenêtres de leurs immeubles en faillite n’étaient pas encore tout à fait refroidis! Était-ce bien une époque pour un enfant? Les parents de la petite Anne étaient frappés eux aussi par la crise qui engloutissait tout un monde. Trouver de quoi se nourrir devenait un problème. Quand la douce petite créature aurait-elle droit aux jolies poupées, aux robes à froufrous que sa beauté méritait? Etait-ce à elle de payer les erreurs de ceux qui l’avaient précédée sur cette terre?
Plus tard elle se souviendra avoir eu envie depuis toujours d’un petit chien ou d’un petit chat et qu’avoir un animal était tout simplement impensable pour la famille qui arrivait déjà à peine à subvenir à ses besoins sans s’encombrer d’un animal. Plus tard encore, les vaches maigres oubliées, on ne verrait plus jamais Anne sans son quatre pattes préféré à côté d’elle! Si la vie n’avait pas été si compliquée et si difficile, il ne serait jamais venu à l’idée d’Edith de proposer sa fille à ces agences de mannequins enfants dont la mode faisait rage depuis le début du siècle et qui allait bientôt connaître une fulgurante apogée nommée Shirley Temple! Mais enfin, sa petite Anne était si sage, si éveillée et si délicieusement belle, il ne se passait pas un jour sans que les voisins, les commerçants ou les passagers du métro s’ébaubissent sur l’enfantine beauté.
Edith prit sur elle, tenta l’aventure et poussa la porte d’une de ces agences.
Elle fit bien! Sa petite Anne conquit tout le monde et à cinq ans son frais minois s’affichait sur de nombreuses publicités. Si la famille n’était toujours pas riche, grâce au petit trésor, on mangeait, on dormait on habitait, bref on vivait décemment!
Elle n’avait que dix ans lorsqu’elle fut sollicitée par un théâtre de Broadway! On avait besoin d’une ravissante petite fille et elle était assez connue pour que le directeur du théâtre demande à la rencontrer! A 12 ans, ayant continué sur sa fulgurante lancée, elle présente son propre show à la télévision!
Elle aura 15 ans lorsqu’Hollywood fera appel à ses services! La guerre était terminée et les films de « jeunes » étaient à la mode. La MGM principalement était à l’affût de tout nouveau frais minois pour compléter un team qui comptait déjà Debbie Reynolds, Elizabeth, Taylor, June Allyson, Judy Garland et quelques autres jouvencelles qui marquèrent moins l’histoire comme Gloria de Haven ! Anne s’en souviendra on ne peut mieux: « J’avais 15 ans et on me faisait venir à Hollywood! Je me croyais une actrice très expérimentée et je ne doutais de rien! On m’a fait attendre un an avant de me confier un rôle! J’étais certaine alors que j’allais montrer au monde ébloui ce dont j’étais capable! On se doute bien que mon premier film, c’était une comédie musicale avec Mickey Rooney m’a fait réviser à la baisse la haute estime que je me portais! »
Anne débuta avec Mickey et dans l’ombre humide et glorieuse d’Esther Williams en personne!
Anne Francis était plus que belle, et bientôt son grain de beauté serait presque aussi célèbre que ceux de Marilyn Monroe et d’Elizabeth Taylor. Mais pour avoir affronté si tôt les difficultés de la vie et avoir été mise « sur les rails » de la vie professionnelle à cinq ans, il y avait quelque chose de dur, de décidé, de téméraire dans ce visage qui parfois laissait filtrer une étrange fermeté qui rendait ses traits de doux ange inquiétants. Et qui, reconnaissons-le, lui permettait d’échapper à la mièvrerie! On trouvera la même chose chez Janet Leigh. Ajoutons à celà que si Anne avait la taille la plus fine d’Hollywood, le plus ravissant minois de jeune fille en bonne santé, elle avait aussi une poitrine opulente que l’on s’attendait plus à trouver chez Mamie Van Doren, ceci achevant de troubler les esprits et brouiller les étiquettes!
Hollywood ne sut donc en toute objectivité pas trop que faire de la délicieuse Anne Francis qui s’essouffla vainement à la recherche du vrai beau grand rôle qui ferait d’elle une star inoubliable à jamais pour tout cinéphile qui se respecte. Elle n’eut pas la chance de Janet Leigh déifiée par Hitchcock et Orson Welles.
Son plus haut fait de gloire cinématographique sera, ne l’oublions pas, un « film de martiens », « Planète interdite », plus destiné à amuser les enfants un jeudi après-midi pluvieux que d’ouvrir à son actrice la voie royale vers les Oscars! Heureusement qu’elle trouva meilleur matériau à défendre et à se mettre sous le talent à la télévision. Pour son autre malheur, hormis le fait que les génies d’Hollywood ne prononcent pas son nom dans leur sommeil, Anne Francis ne fut pas non plus de celles qui avides de publicité font un évènement avec un rien et en profitent pour envoyer les photos de leur dernier bikini avec elle dedans à toute la presse.
Anne s’était mariée fort discrètement en 1952 avec un certain Bamlet Lawrence Price jr mais avait repris sa liberté au bout de trois sans sans faire plus de tapage en divorçant qu’en prenant mari. Elle tentera sa seconde expérience matrimoniale en 1960 avec Robert Abeloff, médecin de son état épousé à Las Vegas. « Je me suis laissée enlever » déclara-elle aux journalistes incrédules Cette fois elle tint un an de plus dans les rets conjugaux avant de reprendre une liberté définitive en 1964. Le 21 Mars 1962, sa petite Jane Elizabeth était née et avait fait d’elle une maman comblée.
En 1970 elle réussira la prouesse d’adopter, bien que célibataire une seconde petite fille: Margaret.
En 1968, Anne était déjà une vétérane lorsqu’on lui proposa un rôle, second, certes, mais excellent dans « Funny Girl » où elle jouerait une grande star de chez Ziegfeld pendant que Barbra Streisand jouerait Fanny Brice. Mais Barbra fut un tantinet perturbée par la présence de cette actrice somptueuse, aguerrie depuis vingt ans à un métier qui était nouveau pour elle. Elle manœuvra donc en coulisses et le rôle d’Anne se réduisit comme peau de chagrin. Excédée, elle demanda à William Wyler: « Mais enlevez donc mon nom de l’affiche de ce film, je n’y fais plus rien! »
Le temps passant, les gloires qui avaient captivé les foules à son détriment tirèrent leur révérence. La mort en avait fauchées son quotta, d’autres avaient renoncé aux feux de la rampes et d’autres encore avaient tourné le dos à un « Hollywood qui n’était plus ce qu’il ‘était » La nostalgie de l’âge d’or rappelait pourtant quelques divinités et l’on voyait Ava Gardner, Debbie Reynolds Elizabeth Taylor, Joan Collins ou Anne Baxter et Jane Wyman reprendre du service.
Anne n’avait jamais abandonné son métier. Elle avait vu d’un bon oeil la fin d’un système qui l’avait bridée et profitait de la nouvelle indépendance du cinéma pour beaucoup tourner, fière d’une beauté restée radieuse et d’une modernité rare.
En 2007, Anne, toujours fabuleusement belle et toujours active est diagnostiquée avec un cancer du poumon qui va bientôt se doubler d’un cancer du pancréas. Elle avait 77 ans et livra une lutte sans merci, partageant son expérience avec ses fans en alimentant elle-même son webside!
Mais le 2 Janvier 2011, Anne Francis était vaincue. Elle avait dû quitter sa maison pour une maison de santé à Santa Barbara, trop faible maintenant pour subvenir à ses besoins élémentaires. C’est là qu’elle déposait les armes à 80 ans, un mois à peine après Leslie Nielsen qui fut le partenaire de son plus grand triomphe « Planète interdite »
Anne Francis vécut 80 ans, elle en travailla 75.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1947: This Time For Keeps: Avec Esther Williams, Jimmy Durante et Xavier Cugat
1948: Summer Holiday: Avec Gloria de Haven et Mickey Rooney
1950: So Young, So Bad: Avec Catherine MacLéod et Paul Henreid
1951: The Whistle at Eaton Falls: Avec Dorothy Gish et lloyd Bridges
1951: Elopement: (Enlevez-Moi, Monsieur) Avec Clifton Webb
1952: Dream Boat: Avec Ginger Rogers et Jeffrey Hunter
1953: A Lion Is in the Streets: Avec James Cagney et Barbara Hale
1954: The Rocket Man: Avec Charles Coburn, Spring Byington et John Agar
1954: Bad Day at Bad Rock (Un Homme est Passé) Avec Spencer Tracy et Robert Ryan
1954: Rogue Cop: Avec Robert Taylor, Janet Leigh et George Raft
1954:Susan Slept Here: Avec Debbie Reynolds et Dick Powell
1955: Blackboard Jungle: Avec Glenn Ford
1956: Forbidden Planet: Avec Leslie Nielsen et Walter Pidgeon
1956: The Rack: Avec Paul Newman, Lee Marvin et Walter Pidgeon
1956: The Great American Pastime: Avec Tom Ewell et Ann Miller
1960: The Crowded Sky: Avec Rhonda Fleming, Dana Andrews, Troy Donahue et Efrem Zimbalist Jr.
1960: Girl of the Night: Avec Lloyd Nolan et John Kerr
1965: The Satan Bug: Avec George Maharis, Dana Andrews et Richard Basehart
1965: Brainstorm: Avec Jeffrey Hunter et Dana Andrews
1968: Funny Girl: Avec Barbra Streisand
1969: More Dead Than Alive: Avec Clint Walker et Vincent Price.
1969: The Love God?: Avec Don Knotts.
1969: Hook, Line and Sinker: Avec Jerry Lewis et Peter Lawford
1972: Pancho Villa: Avec Telly Savalas et Clint Walker
1976: Survival: Avec Barbara Blake et Susanne Benton
1978: Born Again: Avec Dean Jones et Dana Andrews
1985: Return: Avec Karlène Crockett
1990: Little Vegas: Avec Catherine O’Hara
1996: Lover’s Knot: Avec Jennifer Grey et Billy Campbell