Lorsqu’il m’arrive parfois de tomber au gré de mes recherches sur une photo d’Audrey Ferris, je prends toujours garde à ne pas la confondre avec une photo de…Clara Bow! Il y a une réelle similitude physique entre les deux actrices. Je me suis souvent demandé si il ne fallait pas voir là la cause de l’échec relatif de la carrière de la belle Audrey. Elle ressemblait peut-être trop à une star tapageuse et à mauvaise réputation pour s’imposer dans des rôles de jeunes filles « dignes » comme elle aimait à les interpréter.
Audrey Kellar, la future Audrey Ferris naît le 30 Août 1909 à Detroit dans le Michigan. Detroit qui n’est pas encore la ville supra polluée, capitale américaine de l’industrie automobile (et encore moins la ville natale de Madonna). Cette ravissante demoiselle rêvait, comme toutes les jeunes filles américaines de son temps devant les écrans muets et noir et blanc au jour où elle serait elle aussi une vedette de cinéma pâmée dans les bras de Rudolph Valentino ou de Douglas Fairbanks! Ce fut donc une véritable aubaine lorsque sa famille quitta les froids hivers du Michigan pour l’éternel été californien! En 1926, Les Kellar s’installent à Hollywood! La belle Audrey y fête ses 17 ans, se rue chez un photographe et fait le siège des castings des studios.
En 1927, ses dix-huit ans fêtés elle débute enfin dans un second rôle dans l’ombre de la star Lillian Rich.
Actrice sous contrat, elle enchaîne les films comme c’était à l’époque la coutume. Hollywood faisait tourner sans relâche son usine à rêves silencieux! Jusqu’au début des années 30 il arrivera à des stars comme Clark Gable ou Joan Crawford d’aligner plus de dix films par an!
Audrey en tourne six dans la foulée de « Woman’s Law »! L’année suivante elle fait partie des Wampa’s Baby Stars » de l’année! Ce défunt « concours » avait alors un prestige énorme car ce sont les exploitants de cinémas qui désignaient les stars que le public désirait maintenant admirer sur les écrans. Autant dire que lorsqu’une actrice était « Wampa’s baby Star », elle se mettait aussitôt à tourner des films comme si elle travaillait à la chaîne de montage d’une usine d’automobiles Ford! C’est la petite fiancée de l’Amérique, Mary Pickford en question qui lui remit son prix. Prix qui couronnait également les nouvelles venues qu’étaient Lina Basquette, Sue Carol, Sally Eilers et le volcan mexicain Lupe Velez en personne!
En tout 11 lauréates pour 1928, une bonne année!
Mais la carrière d’Audrey ne tiendra pas les magnifiques promesses de 1928! En 1929 on ne la distribue que dans trois films! Elle est pourtant une fine comédienne doublée d’une actrice docile. Ce qui en ces temps aussi glorieux qu’échevelés est une denrée déjà rare et précieuse. Elle passe également avec une facilité déconcertante au « parlant », participant d’ailleurs au film révolutionnaire « The Jazz Singer » où elle se tortille dans le chorus, mais rien n’y fait.
Si ce n’est cette ressemblance avec l’espiègle Clara adorée du public mais honnie par Hollywood, j’ignore ce qui a pu freiner cette carrière pourtant promise à un haut vol. L’actrice elle-même tire une révérence définitive dès 1935 sans laisser de souvenir impérissable ni même son nom à un générique inoubliable. Elle n’est pas créditée à celui du « Jazz Singer ».
Elle reste pourtant à Los Angeles où sa famille s’était établie et c’est là qu’elle décède le 3 Mai 1990, trois mois avant de franchir le cap des 81 ans.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1927: Woman’s Law: Avec Lillian Rich et Pat O’Malley
1927: The Jazz Singer: Avec May McAvoy et Al Jolson
1928: Powder my Back: Avec Irène Rich et George Béranger
1928: Rinty of the Desert: Avec Rin Tin Tin
1929: Glad Rag Doll: Avec Dolorès Costello et Ralph Graves
1932: Taxi!: Avec Loretta Young et James Cagney
1935: The Marriage Baragain: Avec Lila Lee et Lon Chaney jr.