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1949. La MGM donne carte blanche à Stanley Donen et Gene Kelly qui promettent de révolutionner le genre « Comédie musicale! Carte blanche mais petit budget, faut pas déconner.

« On the town » sera tourné en couleurs et en décors naturels à New-York. Le film ne racontera pas l’histoire d’un couple d’artistes qui se détestent au début du film pour s’aimer à la fin. Il racontera la virée à New-York de trois marins en permission et qui vont se dénicher des petites amourettes aussi immédiates que momentanées.  Gene Kelly dansera avec Vera Ellen, Jules Munshin dansera avec Ann Miller et Frank Sinatra dansera avec une parfaite inconnue dont c’est la toute première expérience au cinéma dans un « vrai rôle »: Betty Garrett!

De tels débuts sont rares. Dans un « film événement » ils sont exceptionnels. Surtout dans les bras de Sinatra sur une chorégraphie de Gene Kelly!  Et la chose faite, le film connut un succès énorme! Succès public, succès critique et Oscar pour la partition musicale à la clé.

Betty-Garrett

Betty Garrett est née à Saint Joseph dans le Missouri le 23 mai 1919. Le couple Garrett, Curtis et Elizabeth n’est pas un couple heureux. Curtis est ce que l’on appelle alors un bon à rien. Incapable de garder le moindre boulot il s’enivre et claque les moindres sous qu’il gagne. Elizabeth est seule pour travailler et tenir vaille que vaille la petite famille à flot.

Le coupe quittera Saint Joseph pour Seattle. Officiellement pour prendre un nouveau départ. Plus probablement pour fuir ses créanciers. Elizabeth est d’autant plus mortifiée qu’elle avait quitté son premier fiancé, un homme aimant, sérieux et posé pour les beaux yeux de Curtis. N’y tenant plus, Elizabeth demande le divorce et rejoint son premier fiancé resté célibataire et qui réussit très bien dans l’emballage de viande. Betty a huit ans, en voilà du changement! Une nouvelle ville, une nouvelle école, un nouveau papa. Elle n’aura pas le temps de s’habituer. Elizabeth découvre que son nouveau mari a une relation extra-conjugale de très longue date avec un homme. Son associé dans leur petite entreprise d’emballage. Elizabeth a déjà supporté pas mal de choses, mais ça c’est trop!

Retour à Seattle et pour Betty retour à son ancienne école et…Plus de papa du tout!

Betty est une enfant sage et une excellente écolière qui bénéficiera d’une bourse complète pour continuer ses études à la sortie du collège. C’est un évêque qui ayant vu Betty dans une représentation théâtrale à l’université l’exhorte à continuer dans cette voie.  La très illustre Martha Graham dont la tournée passait par Seattle accepta de jeter un oeil averti sur le petit phénomène dont on lui rabâchait les oreilles. Convaincue qu’elle avait en effet « un petit quelque chose », elle la recommanda au Neighborhood Playhouse School of the Theatre de New-York. Avec une telle recommandation, Betty fut reçue avec tous les égards. Nous étions en 1936, Betty et sa maman s’installaient à New-York pour « un nouveau départ ». Un de plus.

Betty apprend de tout son soul. Martha Graham lui dispense son précieux enseignement mais il y a un hic. Betty se sent l’âme d’une grande actrice dramatique, une nouvelle Garbo, une autre Gloria Swanson, une Bette Davis. Elle est seule à se heurter à l’unanimité de ses professeurs: Ils voient en elle une comique et insistent tous pour qu’elle se perfectionne en chant et en danse. Ils ont raison.

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La première fois qu’elle sera choisie pour un rôle pendant une tournée d’été, ce sera par Danny Kaye! Ca veut tout dire! Lorsqu’elle sera la doublure d’une star, ce sera celle d’Ethel Merman, ça veut encore tout dire! Elle rejoindra le « Mercury théâtre » d’Orson Welles, elle aura l’honneur de danser avec la compagnie de Martha Grahame au Canergie Hall. Ce n’est pas n’importe quoi, maman a de quoi être immensément fière mais enfin, tout ça éloigne Betty d’Anna Karénine et de la dame aux Camélias. Elle a également joué dans des revues satyriques et politiques, ce qui lui a ouvert une certaine conscience citoyenne, au point de s’inscrire au parti communiste.

En 1942, il y a six ans qu’elle est à New-York lorsqu’elle débute enfin à Broadway. Elle aligne quelques fours mais se fait remarquer par le producteur Mike Todd. C’est lui qui lui propose d’être la doublure d’Ethel pour sauver Betty d’une galère financière sans nom. La pièce qu’elle jouait n’avait tenu que 8 représentations. Alors un emploi de doublure, ça ne se refuse pas. Ethel tomba malade, probablement pour la première et dernière fois de sa vie. Betty la remplace durant toute une semaine et se taille un joli succès. Aussitôt on lui propose un rôle dans une nouvelle comédie musicale avec Nanette Fabray. Un four sur lequel le rideau tombe très vite. Betty Garrett en a franchement soupé! Elle passe plus de temps en répétitions qu’en scène. Alors elle crée son propre spectacle de cabaret et l’emmène en tournée à travers tout le pays. Au moins si c’est un nouveau bide, cette fois ce sera de sa faute. Mais avec Betty aux commandes, ça ne pouvait être qu’un succès. Detroit et Chicago renouvellent son contrat de semaine en semaine. Et chaque semaine son cachet augmente d’autant.

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Elle y serait encore si Broadway ne l’avait pas rappelée à corps et à cris. Un nouveau four! Qui l’eût cru? Mais un four qui lui permet de rebondir sur une nouveau spectacle « Call me Sister » et cette fois c’est le triomphe! Enfin! Un triomphe avec Jules Munshin comme partenaire.

Rentré à Hollywood, c’est Munshin qui parle d’elle à tout le monde et surtout à Gene Kelly et Stanley Donen. Gene Kelly accepte de la rencontrer et sort de sa poche un contrat qu’il avait amené « à tout hasard ». Un contrat type d’un an, mais un contrat tout de même. Après l’avoir « essayée » dans deux films, une comédie avec Margaret O’Brien et une autre avec June Allyson, des films « All stars », Betty reçoit le feu vert du studio pour  « On the town ».

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Le succès est là et dans son rôle de chauffeuse de taxi très émancipée et forte en gueule, Betty n’a pas de mal à éclipser Vera Ellen dans un rôle plus formaté et plus « pimbêche ». Quant à la sublime Ann Miller, elle a beau danser au milieu des squelettes de brontosaures au muséum de New-York, Betty n’a aucun mal à lui damer le pion. Elle est le boute en train du film.

MGM peut se frotter les mains voilà une recrue de première force à mettre à toutes les sauces musicales. Betty est une actrice idéale. Du talent, de la personnalité, du métier, elle a la rigueur des gens de théâtre qui fait défaut aux actrices propulsées dans le cinéma à cause d’un physique ou un concours de circonstances.

En 1944, Betty épouse l’acteur Larry Parks. L’acteur est sous contrat chez Columbia, la MGM pourrait s’énerver mais Betty est si gentille sur le plateau de « La fille de Neptune » avec Ether Williams. Et puis ce n’est pas une glamour girl dont le mariage pourrait désespérer les fans. Et puis encore, Larry Parks est cantonné aux seconds rôles chez Columbia. Ce sera donc Betty la star du couple, donc tout va bien. On n’aime pas à Hollywood qu’une actrice sous contrat épouse un acteur ou qui que ce soit de bien plus prestigieux qu’elles dans le monde du cinéma. Ces dames se libèrent alors du joug des studios pour suivre leur nouveau seigneur et maître. Evidemment, on ne pouvait pas deviner à la MGM que dès l’année suivante, Larry Parks serait nommé aux Oscars, deviendrait un acteur de premier plan et donnerait la réplique à Rita Hayworth en personne.

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Le mariage de Betty Garrett avec Larry Parks va, malgré tout, sonner le glas de la carrière hollywoodienne de Betty Garrett.

En 1951, le sénateur MacCarthy lance son ignoble chasse aux sorcières. Or, Betty Garrett a été membre du parti communiste et…Larry Parks aussi. Betty n’est pas trop maltraitée par le tribunal de l’inquisition. Elle « avouera » et ne devra pas témoigner. Larry Parks va être l’une des principales victimes de la curée. Il n’échappera pas à ses juges et sera forcé de donner les noms de ses amis communistes. Les images de cette scène sont épouvantables. On y voit un homme détruit, pleurant les larmes de son corps forcé d’abandonner son honneur et sa dignité devant ses juges rigolards.

Betty garrett

Le couple Parks, interdit de travail quittera Hollywood séance tenante.  La MGM prenant sa défense et argumentant en justice les termes de son contrat, Betty pourra revenir travailler dès 1955. Le temps de mener le fameux contrat à terme. Betty Garrett sanctifiée par Hollywood en 1949 se fait virer en 1951. C’est court pour être inoubliable. Larry Parks ne sera plus jamais le même homme. Il décèdera à seulement 60 ans d’une crise cardiaque foudroyante le 13 avril 1975.  Il laisse Betty Garrett veuve avec deux enfants à seulement 55 ans.

Betty ne pardonnera jamais à Hollywood. Dès son retour à New-York elle avait repris une carrière au théâtre et s’était engouffrée à la télévision où dieu merci, on était encore libre d’avoir des opinions!

Betty Garrett deviendra une de ces aïeules intrépides du spectacle. Elle travaillera jusqu’à ses 90 ans.

Elle s’éteint de sa belle mort le 12 février 2011, loupant de quelques semaines son 92ème anniversaire.

Celine Colassin

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QUE VOIR?

1948: Big City: Avec Margaret O’Brien et Robert Preston

1949: On the town: Avec Frank Sinatra, Gene Kelly et Jules Munshin, Ann Miller et Vera Ellen.

1949: Take me out to the ball Game: Avec Esther Williams, Frank Sinatra, Jules Munshin et Gene Kelly

1949: Neptune’s daughter: Avec Esther Williams et Ricardo Montalban

1955: My Sister Eileen: Avec Janet Leigh et Jack Lemmon

1957: The shadow on the Window: Avec Phil Carey et John Drew Barrymore

1965: Cliché Family in televisionland: Court métrage avec Roger Prix

2007: Trail of the Screaming Forehead: Avec Fay Masterson

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