Bonita Granville aura commencé une carrière Hollywoodienne d’enfant star telle une Deanna Durbin, une Elizabeth Taylor ou une Judy Garland. Actrice la plus jeune de son époque à avoir jamais été nommée aux Oscars pour son rôle dans « Ils Etaient Trois » entre Merle Oberon et Myriam Hopkins, elle ne réussira pas aussi bien sa carrière d’adulte à l’écran. Mais elle restera quand même au panthéon des femmes les plus puissantes d’Hollywood!
Bonita naît à Chicago le 2 Février 1923. Ses parents sont tous les deux acteurs. Que leur fille fasse des débuts au cinéma en 1932, dès ses 9 ans, dans un film dont Laurence Olivier et Ann Harding sont les vedettes leur semble être la chose la plus normale du monde. Et que la petite fille enchaîne les tournages, jouant dans les films les plus prestigieux du moment comme ceux de Georges Cukor soi-même semble toujours aller de soi à leurs yeux.
En 1937, Bonita nommée aux Oscars pour son rôle dans « Ils Etaient Trois » leur sembla donc une suite logique des choses même si elle était alors comme je l’ai dit en préambule, la plus jeune actrice à avoir été nommée aux Oscars depuis leur création. Bonita ne l’emportera hélas pas. Elle sera évincée par la sublime Gale Sondergaard. Un simple aléa. Elle n’avait que 14 ans et la vie devant elle. Le public s’était bel et bien entiché de cette très jeune fille. Probablement d’ailleurs parce qu’elle ne jouera jamais les petites filles prodigues en dons surnaturels telle Shirley Temple ou d’une beauté enfantine sidérale telle la future Elizabeth Taylor. Bonita est la gentille fille de tous les jours, telle une Deanna Durbin qui n’aurait pas avalé un rossignol. Une Deanna qui se tairait!
Et si son personnage de gentille fille fait mouche à l’écran c’est parce que Bonita est telle qu’en elle-même!
Etrangère aux caprices, aux colères ou aux angoisses de l’ambition, elle arrive toujours sur le plateau en pleine forme, ravie d’être là et connaissant son texte sur le bout des doigts. Il n’est d’ailleurs pas impossible que l’agrément qu’il y avait à travailler avec elle ne soit pas étranger au grand nombre de films qu’elle aura tourné encore adolescente. Bientôt elle aura son propre sérial crée pour elle, la série des « Nancy Drew » qui rapporte autant d’argent à la MGM que les Andy Hardy de Mickey Rooney!
Bonita viendra d’ailleurs se coller à deux reprises aux aventures de l’incontournable Andy. Le studio comptant fort sur la rencontre des deux chéris du public pour multiplier les entrées. Sam Goldwyn refusant toujours d’entendre que le public ne voulait voir que Judy Garland dans les bras de Mickey.
Bonita Granville reste une valeur très sûre durant toutes les années 40 mais à de rares exceptions près comme « Les Enfants d’Hitler », elle est confinée à de gentilles comédies de famille. Des « films de Week-end » sans grande ambition que de donner à voir des familles américaines soudées et heureuses. Malheureusement pour elle, sa popularité, la fidélité de son public font que le studio n’estime plus nécessaire de la confier à ses meilleurs réalisateur pour défendre des grands scénarii dans les bras d’acteurs de l’envergure de Clark Gable ou Cary Grant.
Bonita reste la proie filmée d’aimables faiseurs et sa carrière ne comportera hélas que peu de titres prestigieux si ce n’est les films de ses débuts où elle ne tient encore que de petits rôles dans l’ombre des très grands. Peut-être « White Banners » en 1938 où elle tenait la vedette avec Claude Rains, Fay Bainter et Jackie Cooper fut-il le fleuron le plus prestigieux de sa jeune carrière.
En 1947, Bonita devenue jeune adulte a moins de succès et les studios, une fois encore ne songent pas à la produire dans un film qui permettrait de lui faire passer le cap comme cela sera pourtant fait avec Shirley, Deanna, Elizabeth ou Anne Shirley.
Mais la jeune actrice s’en fiche un peu. Elle a rencontré celui qui sera l’homme de sa vie, Jack Wrather. Ce millionnaire en pétrole texan a déjà été marié. Il a déjà deux enfants, Jack et Molly. Lorsqu’il rencontre Bonita il vient de rentrer de la guerre richement décoré après de rudes batailles menées dans le Pacifique. Persuadé qu’après la guerre l’industrie du divertissement va connaître un nouvel essor, il revient à Hollywood où il avait déjà travaillé en qualité de producteur avant le conflit. Bonita va trouver son mari absolument passionnant et la prise de risque, l’investissement personnel que représente le travail de producteur bien plus enrichissant que d’apprendre un rôle par cœur pendant qu’on vous coiffe et qu’on vous maquille. Bonita Granville Wrather va former une équipe soudée avec son mari, délaisser presque définitivement le cinéma dès 1950 pour se lancer dans l’aventure télévisuelle, jouant maintenant dans les productions où elle est directement impliquée durant plus de 20 ans!
Le couple Wrather sera parmi les seuls à croire en Walt Disney lorsqu’il se lancera dans l’aventure de Disneyland et bien qu’ils ne connaissent rien à l’hôtellerie, c’est eux qui construiront le premier hôtel du parc d’attractions le plus célèbre du monde. Aucune banque, aucune chaîne d’hôtel n’avait voulu suivre Disney!
Bonita Granville est mère de deux enfants, Linda et Christopher qui sont venus compléter la famille. Elle restera une productrice puissante jusqu’à la mort de son mari , le 12 Novembre 1984. Jack meurt emporté par le cancer à seulement 66 ans.
Bonita était restée toujours aussi simple et amicale que jadis avec son éternel sourire et son sens de l’humour qui faisait mouche à tous les coups. Occupant une des plus hautes fonctions à l’académie des Oscars, elle arrive un jour sur scène un soir de cérémonie. Elle entre, superbe, sourit au public, s’avance vers le pupitre et les micros comme une réelle diva et lance un « bonsoir » digne d’une des plus grandes icônes de l’écran. Puis elle ajoute « Je suis Bonita Granville » sur un ton qui signifie, « Je sais, vous ne savez pas qui est Bonita Granville! Ce nom ne vous dit rien, et puis, je n’ai plus 15 ans! »
Séparée de son amour de toujours, Bonita Granville qui souffrait déjà d’un cancer du poumon ne survivra que peu à son mari. Elle s’éteint le 11 Octobre 1988, elle n’avait que 65 ans.
Jack jr. Le beau fils de Bonita avait précédé le couple dans la tombe en 1973 à seulement 29 ans.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1932: Westward Passage: Avec Ann Harding et Laurence Olivier
1932: Silver Dollar: Avec Bebe Daniels et Edward G. Robinson
1933: Little Women: Avec Katharine Hepburn et Joan Bennett
1934: Miss Carrott: Avec Anne Shirley, Ann Miller et Helen Westley
1936: Song of Saddle: Avec Alma Lloyd et Dick Foran
1936: These Three: Avec Merle Oberon et Myriam Hopkins
1936: The Garden of Allah: Avec Marlène Dietrich
1937: Quality Street: Avec Katharine Hepburn et Franchot Tone
1937: It’s Love I’m After: Avec Bette Davis, Olivia de Havilland et Leslie Howard
1938: Merrily We Live: Avec Constance Bennett et Brian Aherne
1938: My Bill: Avec Kay Francis et John Litell
1938: White Banners: Avec Fay Bainter, Claude Rains et Jackie Cooper
1938: Nancy Drew…Detective: Avec Frankie Thomas
1939: Nancy Drew and the Hidden Staircase: Avec Frankie Thomas
1939: Nancy Drew… Trouble Shooter: Avec Frankie Thomas
1939:Nancy Drew… Reporter: Avec Frankie Thomas
1940: Those Were the Days! Avec William Holden
1940: Escape: Avec Norma Shearer et Robert Taylor
1940: Gallant Sons: Avec Jackie Cooper
1941: The People vs. Dr. Kildare: Avec Laraine Day, Lew Ayres et Lionel Barrymore
1941: Down in San Diego: Avec Dan Dailey et Ray MacDonald
1942: Now, Voyager: Avec Bette Davis
1942: The Glass Key: Avec Veronica Lake et Alan Ladd
1943: Hitler’s Children: Avec Tim Holt, Ken Smith et Otto Krüger
1944: Youth Run Wild: Avec Ken Smith et Jean Brook
1944: Andy Hardy’s Blonde Trouble: Avec Mickey Rooney
1944: Song of the Open Road: Avec W.C. Field
1946: Love Laughs at Andy Hardy: Avec Mickey Rooney et Lina Romay
1948: Strike it Rich: Avec Rod Cameron
1950: Guilty of Treason: Avec Charles Brickford
1956: The Lone Ranger: Avec Clayton Moore
1981: The Legend of the Lone Ranger: Avec Juanin Clay, Jason Robarts et Klinton Spilsbury