Il est des actrices dont aurait pu oublier tout à fait le passage au cinéma si un rôle ne les avait pas rendues inoubliables à défaut de les sanctifier. Pour Carla Marlier ce sera « Mélodie en sous sol » où elle est la petite amie d’Alain Delon et danseuse des Bluebell girls avec sa copine Rita Cadillac. C’est à elle qu’Alain Delon lance la réplique signée Audiard: « Confidence pour confidence, des morues de ton espèce, je flanque un coup de pied dans un bec de gaz il en dégringole 50! »
Bien que Carla Marlier soit française, elle naît à Berlin, le 5 Avril 1937. C’est à peu près chers amis ce que vous saurez d’elle!
Pourtant la très belle mériterait un meilleur traitement au rayon des souvenirs cinématographiques! Un physique ravageur de top modèle que Dior et Chanel s’arrachent. Un jeu très assuré, un accent bouleversant comme celui de Romy Schneider, Carla va hanter les génériques 17 ans durant. Et si elle n’est pas une boulimique de travail et a servi la soupe à deux reprises à Eddie Constantine, elle n’a pas à rougir de sa carrière.
Elle débute sous la direction de Louis Malle dans « Zazie dans le Métro » et enchaine avec « La Fille aux yeux d’Or » d’Albicocco, deux énormes succès. Elle tourne « L’éducation sentimentale » un rôle plus étoffé mais dans un film raté dont les personnages seraient inspirés de Flaubert. En fait, ils sont tous antipathiques, parvenus et stupides. Seule Carla montre un brin d’humanité même si elle se met au lit quand on lui colle une gifle. Son rôle vaut bien ceux de Marie José Nat et Dawn Addams. Malheureusement ces trois créatures sont follement amoureuses de…Jean-Claude Brialy au regard de braise ardente et d’imbécilité parfaite. Pour résumer, On ne croit en rien.
Sollicitée par Cinecitta après cette niaiserie prétentieuse, elle rentre d’Italie après deux films pour « Mélodie en Sous-Sol » d’Henri Verneuil. Le film est le Gabin le plus attendu de la décennie pour sa confrontation au sommet avec Alain Delon. C’est un des rares triomphes garantis de l’histoire du film. La production a déjà engagé Jean-Louis Trintignant lorsqu’Alain Delon supplie pour avoir le rôle. Trintignant étant nettement moins cher que Delon, celui -ci se propose non seulement de s’aligner sur le tarif de Trintignant mais de dédommager ce dernier en lui payant intégralement son cachet pour qu’il…ne fasse pas le film! Ce qui revient à dire qu’Alain Delon est prêt à le tourner gratuitement…Il demandera juste les droits d’exploitation du film au Japon et quelques babioles du genre qui l’ont rendu… riche à millions!
Que Carla Marlier ait obtenu le rôle de Brigitte, la petite amie d’Alain Delon sur un tel projet montre assez la confiance que les producteurs placent alors en elle. Plus d’un demi siècle après avoir été tourné, « Mélodie en Sous Sol » reste jubilatoire et un exemple de ce que le cinéma français pouvait faire de mieux dans le genre!
Carla tournera encore, avec Jeanne Moreau, avec Annie Girardot, avec Jane Fonda… On s’excuse du peu.
En 1968 pourtant, Carla qui n’est apparue qu’une seule fois à la télévision se volatilise.
Etrangement elle revient pour deux films en 1977 puis disparaît à nouveau et celle fois semble-il, définitivement!
Celine Colassin
QUE VOIR?
Le filmographie de Carla Marlier ci-dessous est à ma connaissance complète
1960: Zazie dans le Metro: Avec Catherine Demongeot et Philippe Noiret
1961: La Fille aux Yeux d’Or: Avec Marie Laforêt, Françoise Prévost et Paul Guers
1962: Bonne Chance, Charlie: Avec Eddie Constantine et Albert Préjean
1962: L’Education Sentimentale: Avec Marie-José Nat, Dawn Addams et Jean-Claude Brialy
1962: La Leggenda di Enea: Avec Steve Reeves
1963: I Quattro Moschettieri: Avec Lisa Gastoni et Beatrice Altariba
1963: Mélodie en Sous-Sol: Avec Alain Delon et Rita Cadillac
1964: Mata Hari: Agent H21: Avec Jeanne Moreau, Jean-Louis Trintignant et Claude Rich
1965: Déclic et des Claques: Avec Annie Girardot et Mike Marshall
1965: Ces Dames s’en Mêlent: Avec Patricia Viterbo, Annie Cordy et Eddie Constantine
1968: Histoires Extraordinaires: Avec Jane Fonda et James Robertson Justice
1968: Je T’aime, Je t’aime: Avec Olga Georges Picot et Claude Rich
1971: Le Bateau sur l’Herbe: Avec Claude Jade et Jean-Pierre Cassel
1977: La Bourgeoise et le Loubard: Avec Catherine Lecoq et Jacques Burloux
1977: Maladie Mortelle: Avec Anny Duperey et Laurent Terzieff