Aborder le destin de Carole Landis dans ces pages c’est aborder l’épineux chapitres des morts mystérieuses d’Hollywood. Et si tout peut sembler évident « vu de loin », lorsque l’on décortique un peu les faits, très vite le mystère s’installe et le doute plane. Je ne suis certes pas la seule à m’interroger. Plus de soixante ans après les faits, la famille de la jeune vedette trop tôt disparue, à seulement vingt-neuf ans, continue de s’interroger sur cette mort mystérieuse. Mais commençons par le début, un bien triste début.
Le 1 Janvier 1919, » Le jour où tout le monde a la gueule de bois » commentera-elle plus tard, Frances Lillian Mary Ridste vient au monde à Fairchild dans le Wisconsin. Si elle vient au monde le premier jour de la première année de paix mondiale et qu’elle est déjà si belle que tout le monde la surnomme « The Baby Doll », la vie de la future Carole Landis ne s’annonce pas rose pour autant.
Ses parents, Alfred et Clara ont déjà quatre enfants à nourrir et ils ne sont guère riches. Laurent, Dorothy, Lewis et Jérôme la précèdent en ce bas monde et il n’y a que dix mois d’écart entre le petit Jérôme et Frances. Hélas le petit Jérôme mourra à 17 mois après avoir été accidentellement ébouillanté. Ce drame survient dans un couple déjà en crise, Alfred est persuadé que « Baby Doll » n’est pas sa fille mais bien celle de l’amant de Clara. En 1920, Alfred et Clara divorcent. Elle reste seule avec ses quatre enfants, elle déménagera pour la Californie. A San Diego d’abord puis elle se fixera à San Bernardino.
Clara qui a trouvé à louer une maison minuscule dans une banlieue pauvre travaille d’arrache pied pour assurer tout le confort possible à ses enfants. Souvent absente, les plus grands surveillent les plus petits et Dorothy nourrira une véritable adoration pour la petite Frances. Les deux sœurs entretiendront toujours une relation fusionnelle. Sinon, la petite Frances s’amuse avec les autres enfants du quartier, noirs pour la plupart. Lorsqu’elle découvrira qu’Hollywood est une ville épouvantablement raciste, elle en sera aussi sidérée que si des martiens étaient venus patauger dans sa piscine pour le week-end!
Sa grande passion dès qu’elle mit son petit museau dehors, c’est à dire dès ses premiers pas, fut de venir au secours des animaux perdus. Une passion qui ne la quittera jamais. Devenue star de cinéma, Carole Landis vivra toujours avec une incroyable ménagerie de chiens, de chats et d’oiseaux et même un singe dont le confort et le bien être passera toujours avant le sien.
En 1924 un nouveau deuil frappe la famille. Le petit Alfred est tué par balle par un de ses camarades d’école qui avait trouvé « Un flingue comme dans les films ». Un flingue chargé. L’accident bête qui détruit deux vies, l’une avec la mort l’autre avec le remord. La petite fille qu’est encore Frances se réfugie alors dans un monde de secours pour échapper à la misère qu’est déjà sa vie. Ce monde de secours c’est le cinéma. Et sa grande passion ce sera Carole Lombard que la petite fille va adorer plus que tout. Bientôt elle ne rêve que de cinéma. Elle considère l’école comme une véritable guigne, avec des notes désastreuses elle désespère tous ses instituteurs. Il n’y a qu’en sport qu’elle se montrera brillante. Qui croirait d’ailleurs que la glamour girl hollywoodienne fut lanceuse au base ball dans l’équipe de son collège? Elle voulut même former une équipe de footballeuses, mais la directrice du collège trouva cela indécent et interdit l’initiative.
Déjà antiraciste depuis le berceau, cette nouvelle sottise fera d’elle une authentique féministe!
En 1926, Frances a sept ans. Elle assiste avec sa famille à un concours d’amateurs, un « crochet », dont la mode fait déjà rage et connaît aujourd’hui, grâce à la télévision, un regain sans précédent. Soudain à la stupéfaction générale elle se met à hurler du fond de la salle »Moi aussi je veux chanter! » Et sans attendre la permission de qui que ce soit, elle monte sur la scène et pousse la chansonnette. Evidemment tout le monde applaudit cette petite fille jolie comme un cœur…Sauf sa maman. « J’étais trop sidérée » déclarera-elle plus tard. Après ce premier exploit plutôt inattendu, la petite Frances décrète officiellement qu’elle fera du cinéma. Dorénavant, chaque fois que la famille aura des ennuis ou un coup dur, elle haussera les épaules et laissera tomber « Bah, ne vous en faites pas, bientôt je ferai du cinéma et tout ça n’aura plus d’importance! »
En 1931, elle a 12 ans et s’inscrit en cachette de sa mère dans des concours de beauté. Elle finit quatrième au premier et gagne une paire de bas. Elle fait deuxième au second et rafle un radiateur électrique! Si elle avait pu facilement planquer la paire de bas, le radiateur électrique était plus compromettant. La ruse est découverte et sa mère annule toutes ses autres inscriptions. « Une petite fille de 12 ans! Vous n’avez pas honte? » Clame-elle aux organisateurs des concours complètement sidérés. Evidemment, cette intervention maternelle est contrariante! Mais la future Carole a son plan! Elle deviendra serveuse. Oui, car dans les films qui font fureur à l’époque, on voit souvent des gros bonnets du cinéma repérer une serveuse anonyme dans un restaurant et faire d’elle Constance Bennett!
Car pour elle le cinéma c’est ce qu’elle voit dans les films! On est repérée par un homme puissant, il fait découvrir au monde que vous êtes merveilleuse et vous avez des fourrures, des diamants, une énorme limousine et une villa avec piscine pour recevoir Carole Lombard devenue votre meilleure copine! Ca n’a rien de bien chinois, mais pour que maman ne vienne pas une fois de plus contrecarrer ses plans, Frances se libère de sa tutelle en s’enfuyant à Yuma en Arizona avec le fils des voisins. Le beau Irving Wheeler. Elle s’enfuit pour l’épouser! Il a 19 ans, nous sommes en 1934, le 14 Janvier très exactement, Frances a 15 ans depuis…13 jours! Ce qu’elle n’avait pas prévu c’est que maman épouvantée ferait purement et simplement annuler le mariage!
Frances est rapatriée manu-militari et retourne sur les bancs de l’école!
Ce que maman n’avait pas prévu c’est que sa fille déjà plus fûtée que ses professeurs ne veulent bien l’admettre n’en resterait pas là! Elle s’en ouvre à son père qui trop content de contrarier son ex épouse donne, lui, son consentement! Frances et Irving se remarient une seconde fois le 25 Août de la même année! Très exactement un mois plus tard, la jeune mariée se querelle avec son tendre époux lors d’une ballade au clair de lune en amoureux et elle retourne chez maman! Laquelle maman trop contente d’avoir le dernier mot l’expédie à l’école dès le lendemain matin!
Finalement, mère et filles trouvent un accord. Frances a le droit de travailler en dehors des heures de cours. Aussitôt elle met à exécution son plan de « future vedette ». Elle devient ouvreuse, serveuse, vendeuse mais aucun ponte ne la remarque! Comment celà se fait-il? Pourtant, dans les films…Et on s’en doute elle n’est pas du genre patient. Elle a beau être dernière de classe, elle finit par se dire que peut-être, les grands magnats d’Hollywood ne prennent pas forcément leurs repas dans les gargotes de San Bernardo!
Dès qu’elle réussit à amasser 100$ elle saute dans un bus Greyhound et part tenter sa chance comme chanteuse. Qu’elle n’ait aucune formation vocale ne lui semble pas être un détail digne d’être relevé! Le ticket de bus coûte 17$. Le reste c’est pour devenir blonde et tenir jusqu’à un engagement, deux ou trois jours maximum lui semble le pire des extrêmes avant de se produire sur scène. C’est Frances qui monta dans le bus, c’est Carole Landis qui en descendit. Il y avait longtemps qu’elle savait qu’elle ferait carrière sous le plus beau prénom du monde à ses yeux, elle voulait un patronyme qui commence par L comme son idole, elle trouva Landis dans l’annuaire du téléphone de la gare routière.
Son inébranlable témérité et sa foi inconditionnelle en elle-même lui donneront raison. Certes elle n’est qu’à San Francisco et pas encore à Hollywood. Si elle se produit sur scène, ce n’est pas celle du Cirio’s ou du Stork Club! D’ailleurs ce n’est pas grâce à son tour de chant qu’elle se fera admirer mais parce qu’elle danse le Hula! On peut s’étonner aujourd’hui que l’aspirante actrice ait choisi San Francisco plutôt que de se rendre directement à Hollywood. La première raison qui me paraît la plus plausible est qu’en ces temps de censure toute puissante, de codes de moralité, et de commérages de plus en plus malveillants, il était notoire que les gens les plus en vue du cinéma, vivant à Hollywood comme des poissons rouges dans des bocaux avaient coutume depuis les années dix d’aller se payer du bon temps à San Francisco où on leur fichait la paix plutôt que de rester à Hollywood où ils étaient épiés et jugés sans relâche.
Si Carole Landis comptait sur une « rencontre » pour mettre le pied dans l’univers du cinéma, elle avait mille fois plus de chance en se produisant dans un night club à San Francisco que partout ailleurs au monde. Son choix est d’une imparable évidence. Ensuite, il n’est pas impossible qu’elle ait déjà jalonné des rendez-vous et des auditions avant de prendre la route. Ce qui expliquerait qu’elle ait décroché un emploi dès son arrivée. On a beaucoup fait de Carole Landis une sorte d’écervelée impulsive, mais sa vie entière prouve le contraire. Elle était pugnace et résolue en plus d’être intelligente et plutôt fine mouche.
Ce fameux départ précipité est à mes yeux la première erreur de jugement et de réflexion sur le parcours de la belle actrice. La preuve en est que si ce départ avait été réellement précipité et irréfléchi, elle serait effectivement allée jusqu’à Hollywood, le ticket ne lui aurait coûté que 3$ de plus. Son escale à San Francisco ne s’explique que par une minutieuse préparation en amont de cette « fuite vers la gloire ».
Plus tard des rumeurs de prostitution entacheront cette période de la vie de l’actrice. Mais si nombre de stars hollywoodienne ont été suspectées d’étreintes monnayées et qu’on a eu aucun mal à le prouver pour des stars de l’envergure de Joan Crawford ou Marilyn Monroe , rien n’a jamais permis d’étayer cette thèse à propos de Carole Landis.
Lorsqu’elle aura à nouveau 150$ devant elle, après une tournée à Santa Cruz avec l’orchestre de Carl Ravazza, elle quitte San Francisco pour Hollywood et s’installe dans un apparentement plutôt modeste dans un quartier guère mieux fréquenté que tous ceux qu’elle a connus jusqu’alors. Bientôt ses parents réconciliés viendront s’y installer avec elle sans se remarier pour autant.
Et rien n’interdit de penser que son arrivée à Hollywood a été préparée avec autant de minutie, sinon plus que son arrivée à San Francisco.
Nous sommes en 1936, maintenant aidée de ses parents, sa mère se fait appeler madame Landis, Carole court les auditions. Elle obtient quelques figurations et le reste du temps prend toutes les leçons possibles de chant, de danse et bien sûr d’art dramatique.
C’est au cours du tournage d’une comédie musicale où elle est perdue dans le chorus qu’elle fait la connaissance de l’illustre et séduisant (malgré leurs 25 ans de différence d’âge) Busby Berkeley, le réalisateur roi des chorégraphes au style terriblement sophistiqué. Lorsque Carole fait sa connaissance, Berkeley est au cœur d’un retentissant scandale qui passionne l’Amérique entière. Responsable d’un accident de voiture ayant coûté la vie de deux personnes, suspecté d’avoir perdu le contrôle de sa voiture en état d’ivresse, il comparaît au tribunal sur une civière, inculpé pour homicide. Il y aura trois retentissants procès avant son acquittement.
Carole outrée, divorce argumentant une cruauté mentale extrême!
Le 13 Mai 1937, elle est enfin actrice sous contrat chez Warner. Un contrat négocié par Busby en personne à 50$ par semaine. Ca peut nous paraître dérisoire aujourd’hui mais à l’époque c’est très bien payé, un ouvrier américain est loin d’en gagner autant. Quant aux femmes, n’en parlons même pas. Carole gagne dix fois plus qu’une secrétaire de direction.
Elle déclare être fille unique née à Chicago en 1916! C’est à cette époque qu’elle aura sa première véritable amie en la personne d’une autre jeune starlette débutante. Diana Lewis qui deviendra plus tard madame William Powell. C’est elle qui offrira à Carole le premier bijou de sa vie: une petite croix en or qu’elle portera toute sa vie.
Il est aussi intéressant de rappeler que la jeune starlette Carole Landis avait également convaincu Mervyn Leroy de son fort potentiel. Et qui sait ce qu’il serait advenu de sa carrière s’il n’avait pas rencontré cette autre starlette nommée Lana Turner. Carole et Lana étaient toutes les deux figurantes dans « A Star is Born ». Elles débutent donc en même temps. Mervyn Leroy prendra Lana Turner sous contrat. Le premier du genre à lier une actrice à une metteur en scène et l’imposera à la MGM. Lana deviendra une des stars les plus puissantes de sa génération et je suis bien certaine qu’elle a, bien involontairement du reste, damé le pion à Carole Landis. Bientôt les deux actrices auront la même blonde allure sophistiquée et joueront sur les mêmes arguments de charme. Il n’est pas rare aujourd’hui de trouver des photos de Carole glissées par erreur dans des articles ou des ouvrages consacrés à Lana.
Après un an à végéter chez Warner, Carole Landis va signer chez Republic et ce nouveau contrat ne sera guère plus fructueux que le précédent. Le 3 Juin 1939, Carole est enfin divorcée et elle a un agent qui prend sa carrière en mains.
En cette année 1939 et malgré les menaces de guerre de plus en plus assourdissantes, Hollywood met en chantier quelques films des plus importants et les plus prestigieux de son histoire. C’est avec 1950 l’année la plus fertile en chef d’œuvres inoubliables. Les castings sont au cœur de toutes les conversations. Les colonnes des journaux sont pleines de luttes sans merci d’actrices bataillant pour l’obtention d’un rôle, c’est presque une mode lancée avec le casting pour le rôle de Scarlett O’hara! Carole se lance dans la bataille et briguant elle aussi un rôle dans un film de Cecil B. DeMille pourtant grand amateur de brunes. Elle réussit à se propulser jusque dans son bureau et lui joue une scène pour le convaincre d’au moins lui faire passer un bout d’essai!
Sa démarche sera concluante et Carole Landis récolte un succès foudroyant dans « One Million B.C. » Carole Landis est enfin lancée après plusieurs années à végéter dans les méandres les plus obscurs des studios les moins réputés.
A sa complète stupéfaction elle reçoit sa première lettre de fan et dans la foulée se fait retoucher le nez et s’astreint à un régime draconien qui aura pour effet de lui donner une des tailles les plus fines d’Hollywood et accessoirement mettre son imposante poitrine très en valeur. Toujours dans la foulée elle s’installe dans une élégante maison de Westwood.
Le 4 Juillet 1940, désormais vedette, Carole Landis se remarie avec Willis Hunt jr. Très mondain, très milliardaire et accessoirement courtier en yachts, le couple convole à Las Vegas après seulement trois semaines de cour assidue. En Septembre ils sont séparés, en Novembre ils sont divorcés.
Elle est alors prise sous contrat par Darryl Zanuck à la 20 Th Century Fox. Il est évident pour tout le monde qu’il s’agit là d’une promotion canapé. C’est dans les habitudes du monsieur qui adore les brunes pour ses nuits, mais les blondes pour son studio. Il n’a pas vécu de plus grand malheur dans sa vie que de ne pas posséder Jean Harlow au moins le temps d’un film. Son studio a sous contrat sa propre blonde numéro un: Alice Faye que Zanuck n’a jamais appréciée et sa blonde numéro deux Betty Grable qui n’est guère conciliante. Carole Landis a, dit-on ses faveurs. Mais parce qu’elle aurait refusé certaines « fantaisies », elle est éradiquée du casting de « Blood and Sand ». Encore une fois, même si Carole Landis eut une liaison avec Zanuck, il convient de remettre l’église au milieu du village hollywoodien. D’abord si Carole fut envisagée un court moment pour le rôle elle refusa catégoriquement de se teindre les cheveux en noir geais et il n’en fut plus question. Elle refusera également « Belle Star » ce qui permettra à Gene Tierney de faire ses débuts. Rita Hayworth obtient alors le rôle dans « Blood and Sand » à la faveur d’un échange commercial avec la Columbia mais surtout parce qu’elle est espagnole comme le personnage de Dona Sol de Muires.
Zanuck avait d’abord tenté d’obtenir Hedy Lamarr à la MGM mais fidèle à son habitude celle-ci demandait une somme astronomique qui équivalait en résumé à « Donnez-moi le studio et je fais le film » Ensuite, Zanuck est déjà très en affaire avec la très brune Linda Darnell, autre vedette féminine du film. Rita Hayworth est une évidence pour ce rôle et la Century Fox est là d’abord et avant tout pour faire des films qui marchent et qui rapporteront de l’argent. le canapé de monsieur Zanuck passe après. Et si dans les archives du studio on ne trouve rien concernant Carole Landis dans un rôle d’Espagnole, on y découvre que Carole aurait dû tourner « Niagara » elle y aurait tenu le rôle de Rose Loomis dont Marilyn Monroe fera ses choux gras douze ans plus tard.
Et puis encore, après son second divorce, Carole Landis n’est pas une femme esseulée, loin s’en faut, c’est sa période « Hollywood by Night » et elle s’affichera beaucoup avec César Romero qu’elle adore, Spencer Tracy, Charles Boyer, Victor Mature, Burgess Meredith, Charles Chaplin, Mickey Rooney, Pat De Cicco, l’ex mari de Thelma Todd, Robert Stack, Oleg Cassini, Franchot Tone, Cary Grant, Anatole Litvak, Bob Topping le futur mari de Lana Turner ou l’élégant George Montgomery.
Carole Landis est une star et au début de 1942, elle change officiellement de patronyme et devient Carole Landis pour l’état civil.
Mais la guerre est inéluctable. Bientôt Hollywood tout entier va vivre sous la bannière étoilée du patriotisme et accessoirement tourner plus de films que jamais. Bette Davis crée la « Hollywood Canteen » et si Marlène Dietrich s’y précipite, Carole Landis l’a devancée! Si dans la presse on imagine une rivalité entre elle et Betty Grable pour savoir qui a les plus belles jambes du monde, et même si les deux stars se détestent cordialement, Carole s’en fiche bien! Elles seront trois fois à l’affiche d’un même film et manqueront de s’étriper lorsqu’elles ont des scènes en commun! Evidemment elle ne sera jamais, (comme Alice Faye et Betty Grable d’ailleurs), de ces actrices susceptibles d’intéresser l’académie des Oscars. Mais contrairement aux deux actrices précitées, Carole a une très solide réputation d’élégance et a même eu les honneurs du très prestigieux magazine VOGUE. On fera donc appel à elle, non pour recevoir un Oscar mais pour en remettre un. C’est ce soir là que l’élastique de sa petite culotte cède et que le tout tombe sur ses chevilles devant une assistance médusée!
Elle est un des premiers membres de comité de la victoire d’Hollywood et vend des obligations à la pelle comme Dorothy Lamour, Carole Lombard et même Mary Pickford qui reprend du service comme en 1914!
En Octobre de la même année, flanquée de ses trois copines Kay Francis, Martha Raye et Mitzi Myfair elle part en tournée aux armées. Les Bermudes d’abord puis l’Irlande du Nord, L’Angleterre, l’Afrique, partout ces dames se donnent en spectacle pour divertir les troupes. Le 8 Janvier 1943, à Alger, elles échappent de justesse à deux attentats dans la même journée! C’est durant cette tournée qu’elle tombe follement amoureuse de Thomas Wallace, un fringuant militaire qui deviendra son troisième mari.
C’est la première fois dans l’histoire qu’une actrice écrit sur sa propre vie et s’incarne elle-même à l’écran. Plus tard ce sera le tour d’Audie Murphy chez ces messieurs.
En Juin 1944, Carole est repartie dans sa tournée mondiale pour divertir les troupes. Elle est cette fois accompagnée de Jack Benny. mais déjà affaiblie par une maladie contractée dans le Pacifique sud, elle manque de mourir lorsqu’elle est frappée de paludisme et souffre d’une pneumonie en Nouvelle Guinée. Sauvée in extremis, Carole Landis ne recouvra jamais complètement la santé.
En Octobre 1944, Alors qu’elle est encore convalescente, elle se sépare de Thomas Wallace.
En Janvier 1945, Carole Landis encore affaiblie a malgré tout retrouvé son panache de star d’Hollywood. Elle a l’occasion de faire ses débuts à Broadway dans « The Lady Say Yes » mais la pièce est éreintée. 78 représentations seulement, même si Carole s’en sort avec les honneurs.
Le 19 Juillet 1945, Carole est officiellement divorcée pour la troisième fois; Elle commente: « S’il n’y avait pas eu la tourment de la guerre et les dangers de mort qui nous poussaient à vivre vite, nous ne nous serions probablement jamais mariés car nous aurions eu le temps d’apprendre à nous connaitre » Thomas Wallace, plus laconique déclarera: « Je n’avais pas pensé que ce mariage ferait de moi monsieur Landis! ». Carole Landis ne s’appesantira pas outre mesure sur ce nouveau divorce. Quatre mois plus tard, elle se remariait pour la quatrième fois. Le nouvel élu de son cœur : Horace Schmidlapp, milliardaire et accessoirement producteur. Carole semble alors heureuse et déterminée à mieux gérer sa vie et sa carrière.
Elle est belle, elle est célèbre, elle est riche à 24 ans, elle souhaite maintenant s’accomplir, être reconnue comme une véritable actrice et non plus seulement comme un « glamour girl », et bien sûr fonder une famille. Un mariage stable et des enfants sont son nouveau but.
Pourtant, c’est à ce moment là que sa vie va prendre une spirale infernale, une spirale qui lui sera fatale.
Tout avait pourtant bien commencé. Carole et Horace s’aimaient sincèrement, ils étaient partis pour une lune de miel qui allait durer près d’un an. Carole avait rempli son contrat à la Century Fox et se laissait un peu désirer à Hollywood. Le couple avait acheté une superbe villa à Pacific Palissades au nom de Carol, c’était un cadeau, et elle était toute à la joie de la décorer, une de ses grandes passions. Mais quand ils rentrent à Hollywood en Novembre 1946, ce n’est pas pour une affaire de rideaux mais parce que Carole doit être hospitalisée d’urgence. Les séquelles de ses maladies exotiques contractées dans le pacifique Sud. Non seulement ses douleurs au ventre sont inhumaines mais elle craint que ses chances de maternité soient définitivement compromises. Ce sera le cas.
En Juillet 1947, encore fragile, elle rencontre l’acteur Anglais Rex Harrison et en tombe follement amoureuse. Passion on ne peut plus réciproque. Ils sont mariés chacun de leur côté, elle avec Horace et lui avec la belle actrice allemande Lilli Palmer. Carole Landis s’est confiée à Horace. C’est elle qui la première reprend ses esprits. Ils vivent toujours dans la même maison mais chacun occupe désormais une chambre différente parmi les treize chambres de la luxueuse villa.
Carole se déclare alors insatisfaite de ce que lui propose Hollywood et gagne l’Angleterre où elle est terriblement admirée depuis ses exploits durant la guerre. Elle s’exile à Londres pour six mois, le temps d’y tourner deux films et surtout s’éloigner de Rex Harrison.
Pus tard on dira que Carole harcelait Rex Harrison pour qu’il divorce de Lilli. Or, non seulement elle ne lui demande rien mais elle prend le parti de s’éloigner. Les Harrison ont un jeune fils. Carole ne sera pas la briseuse de famille. Quant aux proches de Carole ils affirmèrent que Rex Harrison s’était jetée sur elle comme un requin sur une cuisse de poulet! Que c’est littéralement harcelée qu’elle avait fui pour Londres.
Or, Carole partie, Harrison somme littéralement ses agents de lui trouver un rôle dans un film ou une pièce à Londres.
Lilli Palmer n’est pas dupe et ne l’a jamais été. Elle est une des femmes les plus avisées de son siècle et de plus elle connaît parfaitement son mari. Elle a été au courant de sa passion pour Carole dès la première fois où il s’est absenté de leur maison sous un quelconque prétexte, ne rentrant que tard dans la nuit.
Lorsque Rex Harrison réussit à trouver un engagement à Londres pour y rejoindre Carole, Lilli Palmer décide de l’accompagner leur jeune fils sous le bras! Malgré la présence de sa femme et de son fils, Harrison revoit Carole et ils passent plusieurs week-ends à Plymouth. Lilli invite Horace à se joindre à eux! Evidemment, la presse s’empare de l’affaire et le tollé est colossal. Rex Harrison déclare: « Bien sûr que je suis amoureux de miss Landis! Vous connaissez un homme qui ne le soit pas? Mais elle est surtout une excellente amie de ma femme » Seule Lilli restera ostensiblement muette, se contentant de toiser ceux qui abordent le sujet devant elle d’un haussement de sourcil méprisant.
Pourtant, lorsque tout ce beau monde rentre en Amérique après le séjour londonien, Carole lance une procédure de divorce et Rex Harrison annonce à Lilli Palmer sa décision de la quitter pour épouser Carole. Consciente non seulement d’avoir été ridiculisée en niant les évidences et que c’est bien son mari qui poursuit Carole de ses assiduités et non le contraire, Lilli part bouder à New-York.
Le 4 Juillet 1948, comme le veut la tradition, un grand pique-nique est organisé pour la fête nationale à Hollywood et nombre de stars y participent, cela fait partie de leurs obligations professionnelles. Carole Landis y assiste avec quelques amis qui l’ont retrouvée chez elle pour une petite réunion au bord de la piscine avant de venir au pique-nique. Elle avait prévenu ceux-ci qu’à une certaine heure ils devraient s’éclipser car elle avait rendez-vous avec Rex. Elle porte un corsage clair, une simple jupe à carreaux et des sandales plates. La tenue idéale pour un pique-nique. Le couple Harrison est là lui aussi
A partir de cet instant tous les témoignages seront contradictoires.
Le lendemain Carole Landis était retrouvée morte d’une surdose de barbituriques. Elle avait laissé une note à sa mère dont le texte a été maintes fois publié. Mais fait étrange, elle laissait également une note à sa secrétaire pour qu’elle n’oublie pas le rendez-vous chez le vétérinaire pour un de ses chers chats souffrant de la patte. Plus étrange encore, la veille elle avait littéralement dévalisé les boutiques dans une véritable fringale de shopping.
Le 7 Juillet 1948, deux jours après la mort de Carole, Rex Harrison et Lilli Palmer sont dans la tourmente et donnent une conférence de presse pour affirmer que leur bonheur conjugal est sans nuage et démentir une fois pour toutes les rumeurs de liaison entre Rex et Carole. Alors que quelques mois plus tôt ils ne s’en cachaient qu’à peine.
Deux comédiens au chômage et fans inconditionnels de Carole Landis, Robert Love et Daniel Harris, apprenant le suicide de Carole leur idole louèrent son courage de s’être suicidée se jetèrent du haut d’un cinquième étage.
Carole Landis est inhumée le samedi 10 Juillet.
Il y eut enquête. Une enquête qui conclut rapidement au suicide. Rex Harrison fut interrogé et déclara qu’il avait quitté Carole chez elle en début de soirée. Ils avaient bu un dernier verre et parlé lui de sa pièce, elle de son envie de retourner en Angleterre. Questionné sur les raisons qui auraient pu pousser l’actrice à ce geste fatal, il évoqua des problèmes financiers et effectivement l’actrice n’avait plus que 400$ sur son compte personnel à l’heure de son décès. On occulte alors le fait que Carole avait mis sa villa de 13 chambres en vente et qu’elle pouvait en espérer une somme énorme. Et puis, c’était oublier un peu vite qu’elle était femme de milliardaire. Un milliardaire avec lequel elle s’était réconciliée et dans la foulée elle avait interrompu la procédure de divorce.
Le 10 Juillet 1948, Carole Landis escortée de milliers de fans était inhumée au Forest Law de Glendale. Le couple Harrison assiste à la cérémonie. Le cercueil de Carole Landis faillit être renversé dans la bousculade. Sa mère s’évanouit. Après l’inhumation, ses fans vont se disputer les fleurs dans une scène odieuse. Les Harrison en avaient profité pour s’éclipser fort à propos. Lilli Palmer était en bleu nuit, elle avait avec beaucoup de tact évité le noir pour les funérailles de la maîtresse officielle de son mari
Et puis, peu à peu, l’oubli se fit. Ou plus exactement un certain oubli. Nombreux étaient ceux qui sentaient confusément que cette mort était bien louche.
Il faudra attendre un demi siècle pour pouvoir recouper des éléments qui éclairent la fin de Carole Landis d’une autre lumière et qui sait, dévoilera peut-être un jour une autre vérité.
En 1948, si la thèse du suicide est si facilement accréditée, c’est que l’actrice est une habituée des tentatives de suicide. Elle-même en parlait comme d’une chose tout à fait normale, déclarant même un jour: « Je roulais seule la nuit, j’avais décidé de me suicider en me jetant en voiture du haut d’une falaise, mais un petit chat perdu a traversé devant ma voiture et je n’ai plus eu qu’une seule idée: le récupérer et l’adopter« . Aujourd’hui ce que l’on appelle « chantage au suicide » était une chose plus courante à l’époque. Surtout chez les actrices habituées à interpréter les grandes passions amoureuses. Même Marlène Dietrich aboya un jour au visage de von Sternberg: « Je te préviens! Si tu oses inviter cette Leni Riefenstahl, je me suicide devant tout le monde! » Leni vint, Marlène posa pour les photographes avec elle! Il était bien vu à l’époque de rouler très vite, de fumer comme un pompier, de s’enivrer, de se marier dix fois. Bien vu de porter de la fourrure et de ponctuer sa vie sentimentale de quelques tentatives de suicides de préférence spectaculaires. Après tout, on n’avait pas encore la télévision! Que Carole Landis en ait commis plusieurs pour des motifs divers ne fait pas d’elle une névrosée mais seulement une femme de son temps et surtout de son milieu.
Ensuite il demeure évident que Rex Harrison était plus amoureux de Carole que l’inverse. Malgré une légende tenace qui perdure et clame le contraire. Le jour fatidique du 4 Juillet 1948, n’ avait-il pas fallu à l’actrice une valise pour lui rendre toutes ses lettres d’amour? Un des seuls faits corroborés par tous les témoins sauf par…le couple Harrison.
La version des faits officielle de l’époque est celle-ci:
Le 4 Juillet, Carole Landis a invité des amis pour une petite causerie bronzette au bord de sa piscine . Elle les a ensuite priés de dégager car elle attendait Rex Harrison. Rex est venu, ils ont grignoté du poulet froid et une tarte au citron qu’avait préparée Carole. Ils ont parlé théâtre, pris un dernier verre et Rex est parti chez des amis proches voisins de Carole. Se sont-ils disputés ou pas, on l’ignore. L’actrice a toutefois flanqué toutes les lettres , les photos et les cadeaux de Rex Harrison dans une valise et est allée à pieds déposer ladite valise devant la porte des amis chez qui Rex se trouvait. Elle est ensuite rentrée chez elle, a rédigé trois notes: une pour le chat, une pour sa mère une pour Rex. Elle a ensuite absorbé une dose cinq fois mortelle de barbituriques et a tourné en rond dans sa salle de bains jusqu’à ce que la mort la surprenne et qu’elle s’écroule la tête dans l’armoire de toilette. Qu’un de ses manteaux de vison soit jeté sur une chaise dans sa chambre accrédite le fait qu’elle soit allée à pieds déposer la fameuse valise puisque la nuit était effectivement très fraîche.
On oublie là qu’elle est chaussée de nu-pieds.
Harrison quant à lui était rentré sagement chez lui vers 22 heures fait corroboré par sa fidèle épouse Lilli Palmer qui n’a pas fait mention de valise. Rex Harrison reconnaîtra seulement avoir eu connaissance de la note à son intention et l’avoir faite détruire par ses avocats.
Affaire classée.
Lilli Palmer eut l’idée comme bien d’autres actrices de publier ses mémoires. Il était impensable pour elle de faire l’impasse sur Carole Landis, Ces pages là seraient lues en premier. Elle s’en tint donc fidèlement à sa version de l’époque. C’est ce qu’elle avait clairement décidé une fois pour toutes et elle entrera dans la mort sans jamais changer sa version des faits d’un iota.
Mais ce qu’elle ne pouvait pas savoir, c’est que son ancienne voisine et amie de l’époque, Esther Williams, elle aussi plongée, c’est le cas de le dire, dans la rédaction de ses mémoires lirait son livre. Et qu’au chapitre concernant Carole Landis après avoir fait un bond de trois mètres, elle crierait au mensonge et donnerait sa version des faits. Si l’ancienne sirène olympique Esther Williams qui, nullement concernée à l’époque ne fut pas interrogée réagit avec tant de véhémence autoritaire, c’est que Lilli Palmer l’impliquait purement et simplement.
En recoupant tous les témoignages, voici ce dont on peut à peu près être sûrs.
En ce fameux jour de pique-nique du 4 Juillet 1948, Rex Harrison est passé chez Carole Landis. On sait que c’est lui qui était très épris et non l’inverse comme on l’a pourtant tellement dit et écrit. Après sa visite, elle a mis toutes ses lettres dans une valise et rapportées chez les amis où il se trouvait. On est sûrs aujourd’hui que lorsqu’il en prendra possession, il les brûlera toutes.
Carole Landis est allée à ce fameux pique-nique. Pique-nique qui n’existe purement et simplement pas dans la première version des faits. Rex Harrison est lui-aussi au pique-nique avec Lilli Palmer. Il semble qu’il y ait eu une scène entre Rex et Carole et c’est Rex Harrison qui va la ramener chez elle. Devant Esther Williams, il vint prévenir Lilli que Carole était souffrante, les séquelles de sa maladie, encore, et qu’en gentleman il la ramenait chez elle. On ne la reverra pas vivante. Et selon Esther, dix minutes plus tôt, Carole Landis en parfaite santé s’amusait beaucoup. Lilli restée plantée là trouva refuge auprès d’Esther Williams sa voisine venue seule.
A la fin du pique-nique, personne n’ayant revu Rex Harrison, Lilli rentra chez elle avec Esther dans sa voiture. Elles sont voisines et amies, Lilli invite Esther chez elle pour une petite causerie à bâtons rompus au coin du feu (ce qui confirme la fraîcheur exceptionnelle des nuits de Juillet 1948 en Californie). Et c’est parce que le jour se lève qu’Esther réalise qu’elles ont passé la nuit à papoter. Elle quitte alors Lilli et rentre chez elle en passant par les jardins. Il est alors bien évident que Rex Harrison n’était pas rentré avant Lilli et qu’il n’est pas rentré durant toute la nuit où Esther Williams était présente dans la maison.
D’autres versions font partir Esther à deux heure du matin ce qui permet de faire revenir Rex Harrison chez lui avec sa compromettante valise dès deux heures cinq!
Or dans ses mémoires, oubliant qu’Esther était avec elle ou comptant sur sa discrétion, Lilli affirme que Rex est rentré vers 22 heures. Rex Harrison aurait laissé selon la version officielle Carole chez elle en fort bonne santé (alors qu’il l’aurait ramenée souffrante du pique-nique) et serait rentré à la maison après un dernier verre avec ses amis voisins de Carole pour retrouver Lilli avec qui il avait passé le reste de la soirée et la nuit. Le lendemain matin, pris d’un étrange pressentiment, il serait retourné chez Carole et l’aurait trouvée morte. Elle avait laissé trois lettres (et non deux) dont une pour lui. Celle-là disparut.
Lilli confirma la version de Rex mais, on l’a vu…pas Esther Williams !
Ensuite Rex Harrison mit plusieurs heures après être arrivé chez Carole Landis le matin du 5 Juillet avant d’appeler la police et ne s’en expliqua jamais. D’autant qu’il précise qu’à son arrivée, Carole vivait encore, qu’il avait senti une faible pulsion en prenant son pouls.
Et puis encore, il y aura l’indiscrétion des photos de Carole décédée qui se retrouveront dans la presse. On y voit la défunte habillée de son corsage blanc, de sa jupe à carreaux et de ses sandales plates qu’elle portait au pique-nique, recroquevillée dans un coin de la salle de bains, la tête contre une armoire. Or lorsque l’on choisit de se donner la mort, après avoir rédigé ses dernières volontés c’est à dire un petit mot pour le chat, n’est-il pas logique de faire sa toilette? Enfiler son plus beau pyjama et attendre sa fin confortablement installée dans son lit? Au lieu de s’effondrer entre deux armoires de salle de bains dans ses vêtements de la veille? Sa coiffure très sophistiquée n’est absolument pas dérangée le moins du monde, ce qui signifie clairement que l’actrice ne s’est pas couchée un seul instant lors de cette nuit fatale.
Carole Landis fut trouvée, figée par la mort dans ce qui semble être un dernier geste pour se relever. Il ne s’agit pas là de spéculations mais de photos.
En 1948, l’émotion passée, l’opinion fut que si Carole Landis avait voulu mourir pour Rex Harrison, il était normal qu’elle soit morte. Et puis n’y avait-il pas cette note laissée à sa mère? C’était bien entendu occulter le fait que Clara, la mère de Carole, avait déclaré « J’ai déjà lu ce billet d’adieu, il ne date pas d’aujourd’hui! » . Chose qui est facile à croire en observant les copies qui ont été faites du billet en question, on voit clairement qu’il a été plié en six et que les plis sont très marqués dans le papier ce qui veut dire que le billet est ancien et a été de toute évidence manipulé plusieurs fois. Ceci ajouté au fait que Carole Landis était aussi soigneuse que Joan Crawford, il est impensable qu’elle laisse son mot d’adieux à sa maman sur un torchon! Cette attitude désinvolte face à son aspect devant la mort est d’autant plus invraisemblable de la part d’une « glamour girl » hollywoodienne qu’elle le serait déjà du commun des mortels.
Et puis il y avait le trousseau de clés de Carole Landis dont personne ne parle jamais. L’armoire devant laquelle on la retrouve effondrée fermait à clé. Le trousseau de Carole est sur la serrure. Qu’allait-elle y mettre ou y chercher, qu’y manque-il? Pourquoi alors qu’elle choisit d’entrer dans la mort en blouse et en jupe à carreaux la retrouve-on effondrée la tête sur son coffret à bijoux qui n’a rien à faire dans la salle de bains? L’actrice semble avoir été fauchée alors qu’elle vaquait à quelques occupations comme de mettre de l’ordre dans ses tiroirs!
Le couple Harrison resta soudé jusqu’en 1957, mais les spéculations les plus folles s’échevelèrent sur la mystérieuse mort de Carole Landis et les détails qui faisaient finalement pencher la balance des observateurs vers la version du meurtre plutôt que du suicide s’accumulèrent. Elles se ravivèrent avec le témoignage formel d’Esther Williams.
S’il avait sagement passé la nuit chez lui et rejoint Carole le matin, pourquoi ces heures entre son arrivée et sa décision d’appeler la police ? On sait qu’il a appelé plusieurs fois au domicile de Carole très tôt le matin du 5 Juillet et lorsque la bonne tirée de son sommeil lui répondit que Carole n’était pas encore levée il lui répondit » Allez voir, je crois qu’elle est morte » Quelques secondes plus tard il était devant la porte! Puis au lieu d’appeler une ambulance il cherche dans l’agenda de Carole l’adresse de son médecin traitant afin d’éviter un scandale! Il appellera même son studio avant d’appeler les secours.
S’il avait passé la nuit chez Carole comme l’affirme Esther Williams comment expliquer que la jeune femme se soit donné la mort en sa présence ? L’autopsie révéla que Carole Landis était morte depuis au moins dix heures à l’arrivée de la police, ce qui porte son décès à la veille au soir. Qu’en était-il alors du « faible souffle de vie » dont témoignait Harrison à son arrivée le matin suivant? Les esprits s’échauffèrent, il y eut même, tant qu’à faire, ceux qui se souvinrent que Lilli Palmer, la boche, l’épouse bafouée avait fait sa médecine. Pourquoi n’aurait-elle pas versé la dose de seconal dans le verre de Carole Landis ? Elles étaient au même pique-nique !
La RKO choisit de se séparer de Rex Harrison au plus tôt et le couple quitta Hollywood pour New-York où Broadway les attendait.
Que Carole Landis soit montrée comme une femme qui avait tout et qui se suicide par amour pour un anglais prétentieux marié à une boche n’aida pas à ce que faire la vérité sur sa fin soit une priorité. L’Amérique de 1948 pleure encore ses morts, soigne ses blessés et espère encore ses disparus. Cette actrice qui avait symbolisé le courage de la nation face au combat, elle qui avait piloté des avions, manié les armes et sauté en parachute! Comment osait-elle se supprimer et se substituer à dieu pour reprendre la vie trop dorée qu’il lui avait donnée ? Alors que tant de courageux jeunes gens qui ne demandaient qu’à vivre avaient été fauchés si cruellement par les compatriotes de sa rivale amoureuse!
Il y a plus de 70 ans que Carole Landis a quitté ce monde de bien étrange manière. Les protagonistes et les témoins s’en sont allés à leur tour et j’ai bien peur pour la famille de Carole que la vérité ne soit jamais faite. Etrangement, sa fin étrange et prématurée fait que son souvenir perdure alors que tant d’étoiles plus brillantes qu’elle en son temps ont sombré dans l’oubli.
Evidemment, ce n’est pas moi qui vais faire la lumière sur cette étrange affaire. A l’heure des faits, en 1948, ma propre mère n’est encore qu’une petite fille de dix ans. Quant à moi je vis sur un autre continent. Je n’ai guère que des documents photographiques et des articles de presse d’époque et postérieurs aux faits pour me faire ma pauvre opinion lointaine. Je ne vais pas me mettre à échafauder des théories de madame Irma.
Carole Landis fut très belle, elle fut bonne actrice, d’une ténacité et d’un courage à toute épreuve elle a mené sa vie tambour battant. Elle a manié les armes, piloté des avions et sauté en parachute pour défendre son pays. Elle était rayonnante, elle était la fée des animaux et se dépensait sans compter pour sa famille et pour ses amis. Elle repose aujourd’hui dans un cercueil de couleur pèche et argent. Les aménagements successifs du cimetière font qu’aujourd’hui chaque convoi funèbre lui frôle la tête
Celine Colassin
QUE VOIR?
1936: Gold Diggers 1937: Avec Joan Blondell et Dick Powell
1937: A Star is Born: Avec Janet Gaynor et Fredric March
1937: Alcatraz Island: Avec Ann Sheridan et John Litel
1937: Over the Goal: Avec June Travis et William Hopper
1937: The Adventurous Blonde: Avec Glenda Farrell
1938: Women Are Like That: Avec Kay Francis et Pat O’Brien
1938: Four’s a Crowd: Avec Olivia de Havilland, Rosalind Russell et Errol Flynn
1938: Gold Diggers in Paris: Avec Rosemary Lane et Rudy Vallée
1938: Men Are Such Fools: Avec Priscilla Lane, Wayne Morris et Humphrey Bogart
1938: When Where You Born: Avec Margaret Lindsay, Lola Lane et Anna May Wong
1938: The Adventures of Robin Hood: Avec Olivia de Havilland et Errol Flynn
1939: Daredevils on the Red Circle: Avec Bruce Bennett et Charles Quigley
1940: Turnabout: Avec Adolphe Menjou
1941: Dance Hall: Avec César Romero
1941: Moon Over Miami: Avec Betty Grable, Don Ameche et Robert Cummings
1941: I Wake Up Screaming: Avec Betty Grable et Victor Mature
1941: Cadet Girl: Avec George Montgomery
1942: My Gal Sal: Avec Rita Hayworth et Victor Mature
1942: It Happened in Flatbush: Avec Lloyd Nolan
1942: Manila Calling: Avec Lloyd Nolan et Cornel Wilde
1942: Orchestra Wives: Avec Ann Rutherford et Glenn Miller
1943: Wintertime: Avec Sonja Henie, César Romero et Cornel Wilde
1943: The Powers Girls: Avec Anne Shirley
1944: Four Jills in a Jeep: Avec Kay Francis, Martha Raye et Mitzi Myfair
1944: Secret Command: Avec Pat O’Brien et Chester Morris
1945: Having Wonderful Crime: Avec Pat O’Brien et George Murphy
1946 : It Shouldn’t Happen to a Dog : Avec Allyn Joslyn
1947: Out of Blue: Avec George Brent et Virginia Mayo
1948: Noose: Avec Joseph Calleia
1948: Brass Monkey: Avec Herbert Lom, Terry-Thomas et Carrol Lewis