La carrière de Catherine Spaak commence bien avant…ses débuts devant les caméras!
Cette charmante demoiselle de nationalité belge naît en France, à Boulogne Billancourt le 3 Avril 1945. Fille du scénariste Charles Spaak et de son épouse la comédienne Claudie Perrier. Sa soeur, Agnès est née près d’un an jour pour jour avant elle: le 29 Avril 1944. Bien que la presse considère généralement Agnès comme la « petite soeur » de Catherine, simplement parce qu’elle a débuté après elle.
La famille Spaak est une famille très connue tant en cinéma qu’en politique. Ils ont la réputation d’être des « libres penseurs » et on affirmera souvent que la belle Catherine a hérité de cette liberté intellectuelle bien plus rare qu’il n’y paraît. Le frère de Charles Spaak, l’oncle paternel des deux petites filles n’est autre que le ministre Belge Charles Henri Spaak, considéré encore aujourd’hui comme un des pères fondateurs de l’Europe bien qu’il nous ait quittés en 1972. La mère de Charles et de Paul Henri fut la première femme sénateur de Belgique! Charles Spaak ayant quant à lui signé des scénarii aussi prestigieux que « La Belle Equipe » « Le Grand Jeu », « La Kermesse Héroïque », « La Fin du Jour » et quelques autres merveilles que je passe pour en revenir au fait: Catherine Spaak.
La famille Spaak s’est installée en Suisse où les deux filles grandissent avec tout le « confort moderne » lié à leur statut de famille bourgeoise très aisée. Elles trouveront tout à fait normal de voir les plus grands noms du cinéma transiter par le salon pour venir travailler avec papa sur leur prochain film. Elles ne daigneront même pas lever leurs nez de leur clavier de piano si elles sont à leurs exercices pour voir de quel illustre il s’agit, fût-ce Sophia Loren, Pablo Picasso ou Jean-Paul Sartre en personne!
Pourtant tout n’est pas aussi simple dans la famille Spaak vue de l’intérieur. S’ils sont libres penseurs, ils sont complètement effarés de découvrir chez leur petite Catherine une fascination pour les églises et la religion. La petite fille voudrait avoir de la religion et il n’en fut pas question. Chez les Spaak on pensait ce que l’on voulait à condition de penser la même chose que papa. Catherine va très vite nourrir des doutes sur la qualité des convictions familiales. Elle ne pourra pas s’en confier aux intellectuels de la famille. Lorsque les Spaak s’installent définitivement en région parisienne, les liens avec la Belgique vont se distendre, s’étioler pour cesser tout à fait. Catherine a 9 ans lorsqu’elle voit son oncle pour la dernière fois. Quand on parlera à Catherine de sa nationalité belge elle sera la première étonnée puis elle finira par s’en agacer et prendra la nationalité…Italienne.
C’est Alberto Lattuada qui le premier s’avisa de la grâce parfaite et de la beauté de la petite Spaak alors qu’elle n’avait même pas dix ans. Il avait, selon ses dires ultérieurs été complètement fasciné par la maturité adulte de la petite demoiselle au piano. Lorsqu’il chercha une jolie jeune fille de bonne famille pour son film « Gwendoline » en 1957 il pensa immédiatement à la petite Catherine qui n’a encore que…douze ans! Charles Spaak poussa ses hauts cris! Il était hors de question que sa fille si jeune fasse du cinéma, elle avait ses études. Pas de cinéma, pas de religion. Elle n’était malgré ses apparences matures qu’une petite fille et certes pas la jeune fille du film. Les 16 ans de la magnifique Jacqueline Sassard héritèrent du rôle face à Sylvia Koscina mais Lattuada n’en oubliait pas son obsession pour autant.
Deux ans plus tard, bouleversé par « Lolita » , le roman de Vladimir Nabokov, Lattuada se lance dans la production d’un film dont le scénario original s’intitule « Nymphette » et qui deviendra « I dolci inganni », pour nous francophones : « Les Adolescentes ». Bien entendu, une fois encore, Charles Spaak ne veut rien entendre. Lui vivant, sa fille ne se montrera pas devant une caméra! Plutôt l’enterrer vivante dans le caveau familial. Lattuada va alors se lancer dans un incroyable casting à la recherche de la jeune fille idéale. Une beauté sage et mesurée de bonne famille. Même s’il envisagea longtemps Gillian Hills avant d’hésiter entre Jeanne Valérie et Geneviève Grad, aucune ne lui convient tout à fait, car aucune n’est Catherine Spaak! Un soir qu’il se lamente dans les oreilles de son amie Sophia Loren, l’actrice lui répond: « Comment ça, Charles Spaak ne veut pas que sa fille fasse du cinéma? C’est une blague? je viens de la voir dans le film de Becker « Le Trou » alors si elle a pu faire ce film là, pourquoi pas le tien? »
Sophia avait vu juste, Catherine était bien dans « Le Trou ». Oh, pas grand-chose, à peine une figuration, un gros plan sur son beau visage dans une scène de parloir en prison. Mais quand même. C’était bien elle. Cette fugace apparition permettra à une presse people déjà excessive de déclarer quelques années plus tard: « A quatorze ans, Catherine Spaak vivait seule et gagnait déjà magnifiquement sa vie » . On ne prête qu’aux riches. Dans les gazettes comme ailleurs.
Lattuada appela Charles Spaak qui lui avoua avoir « baissé les bras » devant la volonté inébranlable de sa fille. Catherine voulait faire du cinéma, rien ne pourrait l’en empêcher et que son père soit d’accord ou pas n’y changerait rien. Alors il l’avait laissée tourner pour Becker plutôt que de la voir se ruer sur le plateau de n’importe quel saute-ruisseau et culbute-canapé venu.
Catherine fit le film de Lattuada, on mentit sur son âge pour ne pas affoler la censure italienne et on ajouta une bougie à son gâteau d’anniversaire fêté sur le plateau qui lui donnait ainsi 16 ans tout frais et non 15!
Son contrat stipulait d’ailleurs qu’elle ne se maquillerait pas en dehors du plateau, qu’elle n’irait pas à la plage, qu’elle ne porterait pas de bikinis et ne donnerait aucune interview en dehors de la présence de Lattuada. D’ailleurs sa mère la récupèrerait dès le tournage terminé pour lui faire rattraper son retard pris sur son temps d’études. Ces sages précautions ne seront d’ailleurs pas d’une folle efficacité.
Catherine est devenue une actrice mais elle est encore une jeune fille loin de sa majorité. A l’époque on est majeur à 21 ans, pour Catherine c’est dans cinq ans. Alors en attendant c’est papa Spaak qui signe les contrats, c’est sur son compte que sont versés les cachets de Catherine à qui il rétrocède, bon prince, 50$ par semaine.
Catherine s’était liée d’amitié avec le couple très momentané formé par Vittorio Gassman et Annette Stroyberg. Ils trouvaient Catherine formidablement adulte. Elle était une jeune femme avec un métier, un petit ami et devait vivre d’argent de poche comme une petite écolière. Elle s’était installée dans le famille de son petit ami Fabrizzio qui l’avait accueillie comme leur fille. Entre les tournages où la production s’occupe de l’hébergement des acteurs, elle n’avait pas de quoi se louer un petit studio à Rome!
Annette et Vittorio lui présentèrent un certain Nino Castellett. Homme d’affaires très enrichi qui s’était piqué de cinéma et s’occupait des affaires de quelques actrices dont Annette Stroyberg. Pour Catherine il n’y avait pas 36 solutions: Le mariage. Et encore! Il valait mieux qu’elle soit enceinte et qu’elle y réfléchisse à deux fois. Le divorce était interdit en Italie. La majorité arriverait dans 5 ans. Le mariage durerait pour toujours. Charles Spaak pouvait empêcher le mariage de sa fille mais selon toute vraisemblance ne pousserait pas la vindicte jusqu’à faire d’elle une fille-mère de 17 ans. La libre pensée a ses limites.
Catherine et Fabrizio s’aimaient sincèrement, il n’y avait pas à réfléchir.
Avide de liberté, à seize ans, elle attendrait un heureux évènement et se marierait dare-dare à l’acteur Fabrizzio Capucci. Ce mariage fit d’elle la belle sœur du couturier italien Roberto Capucci dit « Le Givenchy romain ». Dès son film suivant, c’est sur son compte que déboulent ses 20 millions de cachet de vedette de cinéma. La juvénile mariée n’est pas avare de déclarations bien senties du style « Etre marié ce n’est pas gage de bonheur et encore moins de moralité » ou encore: « Je me suis convertie au catholicisme au moment de mon mariage, pour moi qui vient d’une famille agnostique c’était une découverte, mais convertie ne veut pas dire convaincue« .
Le mariage perpétré, le couple Capucci s’envola pour Vence rencontrer Charles Spaak. C’était la moindre des choses mais il y avait aussi des comptes à solder. L’argent que Catherine avait gagné sous la tutelle de son père lui revenait maintenant de droit. Surprise! Charles Spaak n’en disposait plus. Il cèdera à Catherine de nombreux terrains qu’il possédait et la promesse d’y construire une villa.
A Rome, le couple Capucci s’est installé dans un bel appartement avec une grande terrasse surplombant tout Rome. Mais la belle histoire n’est pas tout à fait rose. Fabrizio Capucci en qui on vit le James Dean italien est un acteur chevronné, passionné. Catherine elle a fait du cinéma parce que ça s’est trouvé comme ça. Elle est devenue une star du cinéma et une vedette du disque. Fabrizio devient le « prince consort » La pilule est amère et Catherine est la première à s’en rendre compte et à en être désolée.
Le couple se sépara très vite mais restera marié plus de dix ans, l’interdiction du divorce en Italie, toujours elle.
Maman d’une petite Sabrina, à vingt ans, Catherine Spaak fera partie de la très luxueuse liste des personnalités mondiales gagnant mieux leur vie que le président des Etats-Unis!
Le film de Lattuada, revenons-y, ne fit pas un triomphe colossal ou tout du moins passa plus inaperçu que sa préparation et son casting de « jeune fille idéale ». C’est assez injuste d’ailleurs. Catherine si jeune est parfaite dans un rôle de jeune fille corsetée dans son éducation et son milieu, avide de sensations mais déjà désabusée sur ce que les hommes,( fusse Jean Sorel) et sa condition de femme ont à lui offrir.
Mais une chose était sûre. Catherine était lancée. Elle enchaîna presque immédiatement en devenant la fille de Michèle Morgan face à Jean-Claude Brialy dans « Le Puits aux Trois Vérités ». L’acteur à la réputation de parfait gentleman chez les actrices s’en prit plutôt vertement à Catherine et hurla sur tous les toits que « Le film était raté parce que la « jeune première » était nulle au point de tout foutre par terre mais avait été imposée à la production parce qu’elle était fille d’ambassadeur » Que Charles Spaak fut ambassadeur surprit tout le monde à commencer par lui-même. Ensuite encore, monsieur Brialy n’eut pas la délicatesse de remettre son propre égo en question en se disant que, peut-être il n’était pas lui non plus très crédible en jeune homme dont la virilité étourdissante émoustille une femme comme Michèle Morgan. Au point qu’elle en perde son quant à soi et son sens de la famille pour ses mâles compétences. Ce brave Jean-Claude sautille dans les décors du film comme une nymphe affolée par ses hormones. On dirait Mistinguett qui rate une marche. Si Michèle Morgan craint une chose ce n’est certes pas ses assauts de bête du sexe comme le laisse entendre le scénario mais plutôt qu’il ne lui pique ses robes Balmain pour aller faire la belle avec ses copines à l’Alcazar! Voilà pour Brialy qui l’a bien cherché. Si quelqu’un flanque « Le Puit aux Trois Vérités » par terre c’est bien lui et certes pas la charmante Catherine.
Après ce faux pas dans le cinéma français, Catherine regagna sa chère Italie où on la considérait comme une véritable star avant même que ne sorte le film de Lattuada et adopta le rythme de trois films par an durant toutes les années 60. Toujours en vedette face à des acteurs de la trempe de Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi et autres monstres sacrés de la péninsule ou d’ailleurs comme Karl Malden, Eliott Gould ou Jean-Louis Trintignant.
La belle italienne d’adoption mène également une carrière de chanteuse à succès puisqu’elle est une « idole des jeunes », vend ses 45 tours comme des petits pains. Elle est pour son public italien ce que Françoise Hardy est pour son public français. Elle partage avec la chanteuse française un look, une guitare et même quelques chansons. Et comme Françoise, Catherine compose, ce qui étoffe encore un peu ses revenus.
Evidemment, Hollywood fera appel à ses talents car, clame-on outre Atlantique: « Catherine Spaak est la seule actrice à pouvoir un jour remplacer Brigitte Bardot ». Une Bardot très étonnée que l’on songe déjà à sa succession!
Elle rentrera chez elle assez désabusée « Faire du cinéma à Hollywood n’est pas drôle, c’est beaucoup trop sérieux, on a l’impression de travailler à l’usine! En Italie au moins c’est drôle! On a l’impression d’être encore des enfants et de faire l’école buissonnière. Ca ne nous empêcha pas de faire des bons films, parfois même on arrive à les faire dans les délais prévus. »
On l’avait accueillie en la déclarant « Plus jeune que le printemps ». Mais Rod Taylor et Merle Oberon avec qui elle venait de tourner ne l’entendaient pas de cette oreille. Rod Taylor la trouvait hautaine et sarcastique. Merle Oberon persifla « Plus jeune que le printemps? Cette femme est déjà divorcée et elle a une fille qui n’est plus à proprement parler un poupon! »
Au milieu de cette folle décennie, on est très étonnés de voir Catherine toujours flanquée d’un grand sac de toile qui selon un de ses partenaires contient une demi bibliothèque. Catherine était en effet une véritable boulimique de lecture et passait allègrement d’un livre à l’autre. Sur le temps que sa coiffeuse pose ses bigoudis chauffants, elle dévorait des poèmes de Nasim Hikmet alors que trônait sur sa table de maquillage le second volume de « Capital » de Karl Marks et un recueil de poèmes de Caradelli et un ouvrage de Claudel.
« Je n’ai rien lu durant trop d’années à cause du cinéma et de mon emploi du temps chargé, aujourd’hui je suis une véritable boulimique de lecture. C’est vrai que je passe d’un livre à l’autre, mais c’est la soif de rattraper mon retard ».
On avait beaucoup ri de feue Marilyn Monroe qui s’était promenée des années durant avec le même recueil de « l’Intégrale de Proust ». On prétendit que Catherine la nymphette yéyé se comportait ainsi par publicité. La réponse fut cinglante: » Ce serait idiot de ma part! Les gens détestent ceux qui lisent plus qu’eux et comme de nos jours ils ne lisent plus du tout, me vanter de le faire ce serait vraiment la dernière chose à dire pour quelqu’un qui cherche la publicité! »
Elle n’avait d’ailleurs pas hésité à s’exprimer, parfois vertement sur les grands problèmes du temps: L’égalité des droits, des sexes, l’avortement, le racisme, le Viêt-Nam. Ses producteurs et autres agents de publicité l’avaient alors suppliée de se taire, craignant que ses opinions tranchées ne nuisent à son image. Réponse de miss Spaak: « Vous voulez faire croire aux gens que j’ignore ce qui se passe sur terre? Parce que je vis sur la lune sans doute? » Puis elle ajoutait: « Aujourd’hui je sais que ce qui compte au monde ce n’est pas la dernière collection Cardin ou le dernier film de Marlon Brando! Nasim Hikmet est un intellectuel turc qui a passé 17 ans en prison pour ses idées. Ses poèmes me donnent le vertige! A côté de ça, les Rolling Stones, je m’en fiche un peu ». Puis d’une logique implacable elle concluait: « Partout dans le monde des gens risquent la prison ou la mort pour défendre leurs idées et moi je devrais me taire pour ne pas froisser quelques admirateurs? C’est une blague? »
On n’hésita pas alors à reprocher à Catherine sa conduite des années précédentes: les nuits en discothèque, les courses effrénées dans la nuit romaine avec sa petite MG rouge, sa passion pour le surf, le yéyé et les beaux garçons. Réponse de l’intéressée: « C’est vrai, j’ai aimé tout ça et j’ai été cette Catherine là, mais j’avais 17 ans, On ne les a pas toute sa vie! »
Elle terminera les années 60 aussi demandée que Claudia Cardinale ou Virna Lisi avec lesquelles d’ailleurs elle partage quelques affiches. Maintenant qu’elle a le droit de répondre aux interviews, elle fait preuve d’un certain esprit. En 1967, à un journaliste qui remarque perfidement que dans ses films on la voit plus couchée que debout elle répond: « Tout le monde sait que la position couchée est plus confortable! »
En 1971, Elle divorce officiellement de l’acteur Fabrizzio Capucci qu’elle avait épousé en 1963. Ce mariage avait beaucoup fait parler de lui. Catherine ne détestant pas larmoyer sur l’épaule compatissante d’un journaliste ponctuant ses reniflements éplorés de « Je ne veux plus jamais le revoir » pendant qu’un certain Achille Santé l’attendait à la porte du studio où elle tournait « La Ronde » pour Vadim.
Divorcée en 1971, L’année suivante elle se remarie avec l’acteur italien Johnny Dorelli, rencontré sur un plateau TV en 1968 et dont elle divorcera en 1979. Cette affaire de mariage avait eu sa petite heure de gloire dans la rubrique des potins mondains. Catherine avait obtenu le divorce en France à la condition de laisser la garde de sa fille à son ex mari. L’Italie ne reconnut pas le divorce français puisque le divorce était tout simplement interdit en Italie. Catherine se plaignait donc très amèrement puisque le bénéfice du divorce, à savoir sa liberté lui échappait mais l’inconvénient par contre, l’abandon de la garde de sa fille restait valable aux yeux de la loi. La presse s’étonnait d’ailleurs de la volonté farouche que mettait cette actrice prétendue volage à vouloir se remarier alors que la mode était précisément à l’amour libre.
Catherine s’en expliqua franchement: « Johnny et moi nous nous aimons mais surtout nous nous entendons parfaitement professionnellement comme personnellement. Nous sommes complémentaires et si je suis enfin devenue adulte c’est à lui que je le dois, il m’équilibre alors que je le reconnais, j’ai un caractère très instable! L’imbroglio se compliquait encore par le mariage de Johnny Dorelli, certes séparé mais flanqué de son fils le petit Gianluca!
Mais ce n’est pas pour ces deux mariages que la belle italienne d’adoption va voir son nom très régulièrement dans les gros titres de la presse à scandale durant toute la décennie. Un conflit va l’opposer à son père qui va se fendre de déclarations que l’on aurait voulues plus étoffées de la part d’un scénariste prestigieux: « Ma Fille est un Monstre », « Je n’ai plus de Fille », « Je renie ma fille ». J’en passe et des meilleures, quoiqu’elles soient à peu près toutes pareilles. Agnès Spaak va entrer dans la ronde infernale et ajouter son grain de sel. En profitant d’ailleurs de la situation familiale tendue en première page pour pousser son pion de comédienne sans impressionner grand monde. Ou montrer ses bikinis au festival de Cannes toujours sans impressionner grand monde. La presse affolée alla même jusqu’à déterrer madame Spaak mère dans le salon de coiffure dont elle était maintenant la patronne à Paris, recyclée dans les indéfrisables après les feux de la rampe pour lui demander son avis sur sa monstresse de fille. Elle posa l’air navré mais coiffée comme Brigitte Bardot un soir de gala entre les casques et les bigoudis. Je ne me souviens sincèrement plus de sa réponse. Filles, soeurs, père et mère s’entre déchirèrent et se réconcilièrent tant et plus durant des années, ce qui devint aussi ennuyeux que les amours de Sacha Distel ou un film de Jacques Rivette.
Ajoutons à cela que Michelangelo Antonioni clamait sur tout les toits son admiration sans borne pour la belle Catherine « L’actrice la plus passionnante de sa génération » ce qui avait fini par ébouriffer Monica Vitti en personne!
Catherine Spaak continuait sur sa lancée de vedette italienne. Elle n’avait pas trop rechigné devant les comédies érotico-polissonnes du cinéma italien des années 70. Même si son grand prestige, tout comme ceux de Claudia et Virna ne lui permettait pas de forcer la dose dans la polissonnerie. Laissant celà à Agostina Belli, Edwige Fenech, Marilu Tolo avec qui elle avait débuté dans le film de Lattuada ou encore Marisa Mell, Barbara Bouchet et Olga Bisera.
Le 4 Mars 1975, Charles Spaak mourait et avec lui s’enterrait le conflit familial. Bientôt le cinéma italien allait calmer sa frénésie de cinéma érotique et tenter de trouver un nouveau souffle qu’il cherche encore en vain 40 ans plus tard. Catherine Spaak avait sagement anticipé les choses et dès 1978 était devenue une habituée de la télévision alors que durant la décennie précédente elle n’avait honoré le petit écran qu’une seule fois en 1968 en tournant avec son futur mari Johnny Dorelli » La Vedova Allegra ».
Avec l’avènement des années 2000, il se passera rarement une année sans que l’on ne puisse admirer la toujours belle Catherine Spaak sur un écran, petit ou grand. Elle est d’ailleurs la mère de l’inspecteur Aurelio Zen dans la série « Zen ». Catherine a eu sa propre émission de télévision durant quinze ans. En 2010 elle divorçait à nouveau et se remariait en 2013 avec Vladimiro Tuselli de 18 ans son cadet.
Catherine Spaak est deux fois maman, elle a eu un enfant avec chacun de ses deux premiers maris, sa fille Sabrina et son fils Gabriele et les a toujours scrupuleusement tenus éloignés de son univers professionnel.
En 2020, Catherine avait été victime d’un accident cérébral. Elle se remettait doucement lorsque la mort l’arrache aux siens le 17 avril 2022. La presse ne s’en fit pas l’écho. Un comble pour une femme qui avait alimenté ses colonnes un demi-siècle durant et fait vendre plus de papier que toutes les missions Apollo réunies.
Mais en 2022, c’est une nouvelle guerre, le plébiscite du nucléaire, la flambée des prix, la violence de l’obscurantisme religieux et des élections qui se préparent où d’apprentis dictateurs citent en souriant Staline et Hitler. Qui dans ce contexte pouvait s’émouvoir du départ d’une femme qui s’était battue pour la liberté d’expression, l’avortement, l’amour libre, la liberté religieuse, l’émancipation des femmes et la libération de prisonniers politiques. C’est devenu bien ringard tout ça.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1960: Le Trou: Avec Michel Constantin et Marc Michel
1960: I dolci inganni: Avec Jean Sorel et Christian Marquant
1960: Il carro armato dell’8 settembre: Avec Dorian Gray, Yvonne Furneaux et Elsa Martinelli
1962: L’Amore Difficile: Avec Claudia Mori et Enrico Maria Salerno
1962: Il Sorpasso: Avec Jean-Louis Trintignant et Vittirio Gassman
1962: La voglia matta: Avec Ugo Tognazzi
1963: La Noia: Avec Bette Davis et Horst Bucholz;
1964: La Ronde: Avec Jane Fonda
1965: L’uomo dei cinque palloni: Avec Marcello Mastroianni et Ugo Tognazzi
1965: Oggi, domani, dopodomani: Avec Marcello Mastroianni
1965: Le Monachine: Avec Amedeo Nazzari et Sylvia Koscina
1966: Non faccio la guerra, faccio l’amore: Avec Philippe Leroy
1966: Mademoiselle de Maupin: Avec Robert Hossein
1967: Hôtel: Avec Rod Taylor et Merle Oberon
1968: La Matriarca: Avec Jean-Louis Trintignant, Gabriele Tinti et Philippe Leroy.
1969: Certo, certissimo, anzi… probabile: Avec Claudia Cardinale, John Philip Law et Nino Castelnuovo.
1970: Con Quale Amore, Con Quanto Amore: Avec Claude Rich.
1971: Il gatto a nove code: Avec Karl Malden et James Francisius.
1972: Un meurtre est un meurtre: Avec Stéphane Audran, Jean-Claude Brialy et Robert Hossein
1973: Storia di una monaca di clausura: Avec Suzy Kendall et Umberto Orsini.
1975: Take a Hard Ride: Avec Lee van Cleef et Jim Brown.
1978: Per vivere meglio, divertitevi con Noi: Avec Johnny Dorelli.
1980: Rag. Arturo De Fanti, bancario – precario: Avec Paolo Villagio.
1981: Miele di Donna (Fleur de Vice): Avec Clio Goldsmith et Fernando Rey.
1984: Claretta: Avec Claudia Cardinale et Guilano Gemma.
1990: Scandalo Segreto: Avec Monica Vitti et Eliott Gould
2004: Te lo leggo negli occhi : Avec Stefania Sandrelli
2005: Dalla parte giusta: Avec Myriam Catania et Luca Ward
2010: Alice: Avec Camilla Ferranti
2010: Goodbye Mr Zeus: Avec Stefania Carnevali et Sydne Rome
2011: I più grandi di tutti: Avec Claudia Pandolfi et Alessandro Roja
2014: Ti sposo ma non troppo: Avec Vanessa Incontrada