celeste holm

Je culpabilise toujours un peu lorsque j’inscris des actrices de grand prestige parmi mes « Etoiles Filantes « et non parmi mes incontournables. Après tout, Céleste Holm est une star hollywoodienne oscarisée et elle restera immortelle à jamais pour son rôle de Karen dans « All About Eve », rôle qui lui valut une autre nomination aux Oscars après qu’elle ait raflé celui du meilleur second rôle féminin en 1947 pour « Gentlemen’s Agreement » en 1948. Si Céleste fut incontestablement une grande actrice et une star hollywoodienne au franc parler aussi direct qu’insolent, force est d’avouer qu’elle ne porte aucun film sur ses seules épaules et que tout compte fait, le cinéma ne l’intéressait pas tant que ca!

Si à l’heure de sa mort, la presse du monde dentier relaya l’évènement, c’est qu’elle avait 95 ans et que nombre de gazettes croyaient que cette triste chose avait eu lieu depuis bien longtemps! Le dernier film qu’elle venait de tourner « Driving Me Crazy » n’aurait aucun succès et pour l’actrice il sortirait de manière posthume.

Celeste holm

Céleste vient au monde le 29 Janvier 1917 dans sa chère ville de New-York qu’elle adorera toujours plus que tout au monde. Pourtant, ses parents dont elle est la fille unique voyagent beaucoup et la demoiselle grandira essentiellement à Chicago, mais aussi en France et en Hollande. Où qu’elle se trouve, la jeune Céleste ne rêve que de théâtre ou plus exactement de Broadway. Existe-il d’autres scènes?

Elle fera donc ses débuts dans un Shakespeare mené par Leslie Howard où on ne la voit qu’à peine. Mais malgré une volonté de fer doublée d’un talent certain et d’une joliesse évidente, elle devra attendre 1940 pour trouver des rôles un tant soi peu convenables. En 1943 elle triomphe enfin dans « Oklahoma ». Hollywood s’intéresse aux droits de l’opérette, Gene Kelly a qui elle a donné la réplique sur scène quelques années plus tôt étant considéré comme un expert en comédies musicales par Hollywood, il en profite pour attirer l’attention sur sa belle et excellente amie Céleste.

Céleste ne viendra à Hollywood qu’en 1946. Sa vie était déjà à Broadway depuis des années. Elle avait d’ailleurs eu le temps de se marier en 1936 avec le producteur-réalisateur acteur Ralph Nelson avec qui elle a un fils, Ted. Le mariage se termine en 1939 et Céleste confie la garde et l’éducation de son petit garçon à ses propres parents. Plus tard questionné à ce propos, Ted Nelson, un des pionniers de l’internet déclarera « Ma mère a eu raison, c’était la meilleure chose à faire! »

Celeste Holm

A peine divorcée, Céleste se remarie le 7 Janvier 1940 à l’éditeur Francis Emerson Harding Davies. Mariage qui se soldera par un divorce en 1945.Céleste, avant de partir voir de près à quoi Hollywood ressemble se remarie pour la troisième fois avec A. Schuyler Dunning qui sera le père de son second fils  Daniel Dunning.

On le voit, lorsque Céleste Holm débarque dans le cité du film, ce n’est pas en jeune starlette ambitieuse et folle de bikinis. C’est en grande vedette de Broadway flanquée de son troisième mari! Dès ses débuts dans « Trois Petites Filles en Bleu », Céleste sera très vivement remarquée. Sa présence transcende le rôle et transperce l’écran. Et ce malgré la présence dans un autre second rôle de Vivian Blaine qui est pour le moins difficile à éclipser! Avec le recul, je me demande si quelqu’un s’est rendu compte que la délicieuse June Haver était la vedette du film.

Dès l’année suivante, son rôle dans « Gentlemen’s Agreement » lui vaut l’Oscar 1948 de la meilleure actrice dans un second rôle. Ce n’est pas la catégorie la plus prestigieuse. Certes. Mais Céleste évinçait  des actrices telles que Gloria Grahame, Marjorie Main, Anne Revere et Ethel Barrymore! Avouons que ce n’est pas rien!

Celeste Holm et son Oscar

La preuve était ainsi faite qu’à Hollywood, très vite la mèque du cinéma considéra non seulement Céleste Holm comme l’une des leurs mais comme une des grandes dames de la cité du film. Normal! C’est ce qu’elle était! Dès que sa renommée fut suffisante pour lui valoir des demandes d’autographes de fans émerveillés, Céleste Holm va les vendre un dollar pièce. Non qu’elle soit vénale mais elle reverse la totalité des sommes récoltées, très vite conséquentes, à la recherche contre le cancer et au profit de l’enfance maltraitée, son grand cheval de bataille. Certains avaient bien ri un peu de cette pratique, mais en 1966, alors qu’on ne la voyait plus guère au cinéma, l’UNICEF la remercia publiquement pour être une de leurs plus généreuses donatrices!

En 1950 elle est à nouveau nommée pour son rôle de religieuse dans « Come to the Stable » mais elle est évincée par Mercedes MacCambridge qui triomphe avec « All King’s Men ». L’année suivante, toujours nommée, cette fois pour All About Eve, elle perd au profit de la vétérane Joséphine Hull qui avait fait fondre tous les cœurs dans « Harvey » face à James Stewart. On le voit, on l’a compris, Céleste Holm est tout simplement sensationnelle. Elle est même tout à fait passionnante sans se montrer à l’image. Joseph Mankiewicz lui confie la voix d’Addie Ross dans « Letter to Three Wives ». Le film commence après le départ de son personnage dont on ne fera qu’entendre la voix, ce qui est bien suffisant pour torturer  les âmes délicates de Linda Darnell, Jeanne Crain et Ann Sothern! Mais dès 1950, avec « All About Eve » qui fait d’elle une icône à jamais aux yeux des cinéphiles, Céleste Holm se lasse. New-York et Broadway en particulier lui manquent. Elle n’était là que depuis quatre ans à peine et elle les avait passés à tourner des chefs d’œuvres et arpenter le tapis rouge à la cérémonie des Oscars!

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Rien ne put la retenir. Elle plia bagages, regagna la côte Est, débuta à la télévision et divorça, tant qu’elle y était à faire place nette! Elle ne tournera que deux films durant toutes les années 50 et les deux fois pour faire plaisir à Frank Sinatra et non à Hollywood!

Elle recevra la plus prestigieuse récompense de toutes: le prix Sarah Siddons dont il est tellement question dans « All About Eve »! Elle réussira également la prouesse d’avoir de meilleures critiques  pour « Auntie Mame » que Greer Garson, Lucille Ball, Constance Bennett et même Rosalind Russell à qui pourtant le rôle appartient aux yeux du public américain. Seule Angela Lansbury lui aura tenu la dragée haute mais sans la supplanter dans le rôle. Dès son divorce prononcé en 1952, elle choisit de vivre seule et s’offre un appartement au cœur de Manhattan. Elle l’achète si bon marché qu’elle a suffisamment d’argent dans son sac à main pour le payer comptant et en liquide. Oui, Céleste Holm est une femme qui se promenait avec 10.000$ en liquide dans son sac en 1953!

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Céleste Holm est donc bel et bien une étoile filante. Particulièrement brillante, certes, mais le fait demeure!

Elle attendra 1961 pour se remarier, cette fois avec l’acteur Wesley Addy qu’elle admirait depuis qu’elle l’avait vu incarner Hamlet à Broadway. Il fera de Céleste une veuve en 1996. Il avait 83 ans et elle en avait 80. 80 ans et toujours active. Elle le restera jusqu’à sa fin le 15 Juillet 2012.

Mais avant ce triste épilogue, il y aura encore d’autres épisodes retentissants!

Elle avait toujours gardé son franc parler et au beau milieu des années 70 elle s’exclame dans les oreilles d’un journaliste stupéfié: « Si les jeunes veulent fumer de la Marijuana qu’ils le fassent et qu’on leur fiche la paix! Si l’état américain veut interdire quelque chose à tout prix, qu’il interdise la télévision! Parce que lorsque vous voyez ces jeunes avachis et l’œil hagard devant leur maudit poste à regarder des imbécilités, c’est bien plus dramatique qu’une petite fumette de temps en temps! »

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Elle venait de terminer la série « Nancy » où elle avait un rôle récurrent et s’apprêtait à arpenter « Les Rues de San Francisco » avec Karl Malden et Michael Douglas. J’imagine la tête de ses producteurs! Mais la raison de cette vindicte était le pilote d’une série dont elle aurait été la vedette qu’elle avait tourné à ses frais et qui n’avait intéressé aucune chaîne.

Le temps passant, sa gloire télévisée et théâtrale  était intacte. Elle était richissime et son appartement de Manhattan acheté 10.000$ en 1953 allait bientôt valoir 10.000.000$. Et qui de plus est, ses fils l’avaient faite grand mère et avaient fait tous les deux fortune à leur tour.

Céleste Holm commit alors l’étrange. Le 29 Avril 2004, alors qu’elle vient de fêter ses 87 ans sur le plateau de la série « Whoopi » avec Whoopi Goldberg, Céleste Holm se remarie avec le ténor Frank Basile qui n’a jamais que 41 ans de moins qu’elle!

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On ne pouvait certes que se réjouir pour l’alerte octogénaire mais la réalité était moins rose. Depuis 2002, la santé véritablement fracassante de Céleste Holm n’était plus qu’une vitrine pour les médias. Elle souffrait de plus en plus de la mémoire. Il faudra lui placer une hanche artificielle puis un simulateur cardiaque et elle souffre de problèmes pulmonaires et d’un cancer de la peau. Jusqu’à la fin, malgré la canne et le jeune mari, elle tiendra la dragée haute aux médias et ne se montrera jamais que parfaitement mise et l’Oscar prêt à surgir du sac à main.

C’est son fils cadet qui se charger a d’avertir la presse des intentions malveillantes du jeune mari en question qui selon lui ne cherche qu’à spolier sa richissime maman. Le crépuscule est parfois cruel pour les étoiles, qu’elles soient filantes ou pas.

Affaiblie, Céleste Holm fut hospitalisée quelques jours mais sentant sa fin proche elle souhaita rentrer chez elle dans son cher appartement de Manhattan pour s’y éteindre paisiblement chez elle.

Celine Colassin

Celeste Holm

QUE VOIR?

1946: Three Little Girls in Blue: Avec June Haver et George Montgomery

1947: Gentlemen’s Agreement: Avec Dorothy McGuire, Gregory Peck et John Garfield

1948: Road House: Avec Ida Lupino et Richard Widmark

1948: The Snake Pit: Avec Olivia de Havilland

1949: Everybody Does It: Avec Linda Darnell et Paul Douglas

1949: Letter to Three Wives :Voix d’Addie Ross

1949: Come to the Stable: Avec Loretta Young

1950: All About Eve: Avec Bette Davis et Anne Baxter

1955: The Tender Trap: Avec Debbie Reynolds et Frank Sinatra

1956: High Society: Avec Grace Kelly et Frank Sinatra

1962: Bachelor Flat: Avec Tuesday Weld, Richard Beymer et Terry Thomas

1967: Doctor, You’ve Got to Be Kidding!: Avec Sandra Dee et George Hamilton

1973: Tom Sawyer: Avec Johnny Whitaker

1976: Bittersweet Love: Avec Lana Turner

1977: The Private Files of J. Edgar Hoover: Avec Broderick Crawford

1987: 3 Men and a Baby: Avec Tom Selleck

1997: Still Breathing: Avec Brenda Frazer

2012: Driving Me Crazy: Avec Jeanine Bartel et Keith Black

 

 

 

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