Cristina Galbo laisse une image un peu floue dans les mémoires. Certains se souviennent d’elle comme d’une incontournable du western spaghetti, d’autre comme une incontournable du film d’horreur à l’européenne. Elle était peut-être un peu tout ça. Elle était aussi une Juliette moderne dont aucun scénariste n’aurait osé inventer l’histoire.
Cristina Galbo Sanchez vient au monde à Madrid le 17 janvier 1950. Une petite fille entichée de théâtre et de cinéma qui réussit à pousser sa petite frimousse sur les écrans dès l’âge de 8 ans. A 13 ans elle est « repérée ». On voit en elle une petite Natalie Wood à la sauce madrilène. Pensez donc ! Elle a raflé le prix de la découverte de l’année au festival de Saint Sébastien 1963. Une consécration qui lui permet de succéder à Jennifer Jones dans le rôle de Bernadette Soubirous.
La carrière de Cristina démarre vite, fort et bien. Mais hélas, le cinéma espagnol comme le cinéma en général n’est pas au mieux de sa forme.
Et puis il y aura un petit miracle économique à défaut, peut-être de miracle artistique. L’avènement du « Western Spaghetti » qui, comme son nom ne l’indique pas se tourne essentiellement en Yougoslavie ou en Espagne. Il y a une telle affluence de tournages de Westerns en Andalousie qu’un jour les figurants d’un western avec Michèle Mercier, « Une corde et un colt », entreront en collision avec ceux de « Shalako », un western avec Brigitte Bardot.
Cristina, comme à peu près toutes les actrices espagnoles de sa génération s’y colle.
C’est à la faveur d’un de ces tournages qu’en 1966, son destin va basculer. « Dove si spara di più », que les exploitants francophones rebaptiseront « Un doigt sur la gâchette » lui donne Peter Lee Lawrence comme partenaire. Ce jeune acteur d’origine allemande, blond aux yeux bleus des mers du sud a l’étrange particularité d’associer à un physique d’ange la force virile d’un Clint Eastwood et l’humour débonnaire d’un Terrence Hill. « Dove si spara di più » est son premier grand rôle après une courte apparition entre Clint Eastwood et Lee Marvin dans « Pour quelques dollars de plus ». Déjà il casse la baraque. Et pas que. Cristina tombe follement, éperdument amoureuse de son beau partenaire.
Une passion réciproque qui aboutit très vite à un mariage. Peter a déjà un enfant d’une première liaison avec une danseuse française. Cristina lui donnera un second fils, David qui naît le 4 mai 1966.
Peter Lee Lawrence n’est pas que beau. Passionnément dévoué, lorsqu’il ne tourne pas, ne fait pas de plongée sous-marine, de photo ou de radio, il cherche à se venir en aide aux autres. Il lui semble que c’est la moindre des politesses sur terre que de s’inquiéter du sort de ses semblables et de les aider autant que faire se peut. Sinon, pourquoi faire du cinéma et gagner beaucoup d’argent?
Et du cinéma, il en fait beaucoup. Après « Dove si spara di più », il va enquiller 30 premiers rôles presque sans discontinuer.
Mais en 1972, l’acteur de 28 ans se plaint de violentes migraines. Le verdict est sans appel : Cancer du cerveau. Opérations, chimiothérapie, radiothérapie et une longue convalescence chez sa sœur qui vit à Tahiti laissent croire à une guérison.
Peter Lee Lawrence retrouve les plateaux de tournage. Mais son film de rentrée où il n’a plus le premier rôle sera son dernier film. Il meurt le 19 avril 1974. Il avait 30 ans depuis à peine deux mois.
Cristina reste seule dévastée, anéantie. Elle aura été la dernière partenaire de son mari à l’écran. Son grand amour parti, elle tournera encore jusqu’en 1988.
Devenue une des incontournables des films d’horreur à la sauce Dario Argento, elle est très présente à la télévision
Retirée des écrans à seulement 38 ans, elle deviendra professeur de flamenco et ne se remariera jamais.
Celine Colassin
QUE VOIR ?
1958 : El hincha : Avec Maria Luisa Rolando
1963 : Del rosa al amarillo : Avec Lina Onesti
1964 : Aquella joven de blanco : Avec Adriano Dominguez
1967 : Dove si spara di più : Avec Peter Lee Lawrence
1968 : Long Play : Avec Gracita Morales
1968 : Palabras de Amor : Avec Serena Vergano et Joan Manuel Serrat
1974 : Los caballeros del Botón de Ancla : Avec Peter Lee Lawrence
1975 : Olvida los tambores : Avec Maribel Martin
1975 : Las adolescentes : Avec Anthony Andrews
1975 : L’assassino è costretto ad uccidere ancora : Avec Femi Benussi
1976 : La Corea : Avec Queta Claver
1987 : Sufre mamón : Avec David Summers
1988 : Suéltate el pelo : Avec David Summers