Dans les années 80, Gabrielle Lazure fut plus qu’une actrice, elle fut un véritable phénomène de mode.
Cette ravissante blonde vint au monde à Philadelphie le 28 Avril 1957 d’une mère américaine et d’un père québécois. Tous les deux psychiatres de profession. Ils allaient finir par divorcer et leur petite Gabrielle allait grandir entre deux pays, deux cultures et…deux points de vues! Tant son père est un personnage « carré », tant sa mère est une créature fantasque explorant toutes les possibilités et tous les nouveaux choix qui s’offrent aux femmes de sa génération.
Un peu perdue au milieu de tout et de tous, Gabrielle, au sortir de l’adolescence, sautera sur l’occasion impromptue d’un voyage à Paris. A peine débarquée, elle tombe amoureuse de la ville lumière. Elle se sentit prodigieusement bien loin des siens et choisit de rester. Il se passa alors une chose étrange. Si les parisiens ne s’entichèrent pas de cette jolie blonde qui avouera plus tard avoir été épouvantablement malheureuse les premiers mois passés en France, les médias, en revanche, se passionnèrent d’emblée pour la nouvelle venue.
Après quelques photos de mode, le cinéma se précipita sur elle comme si elle était le nouveau messie du septième art, la solution à tous les problèmes de cette joyeuse industrie depuis l’invention de la pellicule. La blonde américano-canadienne fut précipitée sur les écrans sous les vivats que méritent tous les nouveaux génies!
Les petits « branchés » des années 80 avaient enfin leur blonde icône: la belle Gabrielle! Il faut dire que les années 80, toutes proches qu’elles soient, furent des années fort étranges. On trouvait les coupes de cheveux à la Duran-Duran terriblement stylées. Tout comme Madonna et Jeanne Mas, on écoutait, aussi, le croiriez-vous, Alain Chamfort et Lio avec une grande déférence.
La belle Gabrielle fut donc comme je l’ai dit propulsée en tête d’affiche, devint une star incontournable qui dépassa en prestige Sophie Marceau soi-même. Il ne se trouvait plus guère qu’Isabelle Adjani et Catherine Deneuve comme rivales au rayon des icônes « chic » du cinéma Français. Que personne ne se soit dérangé pour aller admirer la belle au cinéma n’était en soi qu’un détail assez vulgaire puisque la belle s’affichait complaisamment sur toutes les covers des plus prestigieux magazines Français. Elle fut comparée tant à Audrey Hepburn qu’à Lauren Bacall , ainsi qu’à une Grace Kelly pour SDF par ses premiers détracteurs qui surgirent aussi vite que son nom sur les affiches.
L’actrice elle-même, qui sois dit en passant, n’avait jamais prétendu en être une, tourna toute une panoplie de films avec une grande désinvolture puisqu’il semblait que sa seule présence avec un brushing bien lissé suffise au contentement général.
L’engouement pour la nouvelle icône est tel qu’une entreprise insensée va voir le jour portée par son seul nom: la création au théâtre d’ »Autant en Emporte le Vent ». Mais l’univers des trois coups et du rideau rouge fut moins sensible à la beauté de l’actrice. Quant à son manque de métier, sur les planches il devint criant. ce fut « Autant en emporte le Titanic », un naufrage de grande classe!
Lorsqu’en 1984, elle rejoignit l’équipe de « Souvenir-Souvenir », le déclic se fit et Gabrielle Lazure prit enfin son métier au sérieux.
Mais en 1984, le nom de Gabrielle Lazure avait fini par être synonyme d’échec public automatique. On y regarda à deux fois avant d’engager la belle sur un film. Icône absolue dès 1981, elle disparaît des écrans de cinéma dès 1989 pour ne réapparaître que très confidentiellement en…1993. Il faut désormais se contenter de la voir (rarement) à la télévision. Il faudra ensuite patienter jusqu’aux années 2000 pour la revoir de ci de là dans des oeuvres de plus grandes envergures entourée de noms connus.
Il serait d’ailleurs intéressant de se pencher sur ce « désamour » que connut Gabrielle Lazure. Certes, les années 80 sont loin et on se demande aujourd’hui, complètement effarés comment on a pu danser sur « Frankie Goes to Hollywood » en portant un tutu rouge avec un perfecto, des bas résilles, des low boots pointus, une coupe en hérisson aux pointes décolorées et aux racines brunasses quand ce n’était pas le tee shirt over king size imprimé léopard sur font rose fluo avec un jeans « pépère »!
Pour Gabrielle Lazure, indépendamment du phénomène de mode qu’elle fut indubitablement, je pense qu’on ne peut incriminer que les médias et non l’actrice elle-même. On nous a proposé, imposé, infligé Gabrielle Lazure partout et tout le temps durant des années, jour après jour, mois après mois, comme la star absolue, l’icône ultime, le rêve fabuleux devenu réalité avec une coupe au carré.
Mais sur quoi, sur quel succès reposaient ces lauriers?
Sur la tête de la plus célèbre inconnue du monde. Pour Gabrielle Lazure, les choses se sont emballées trop fort et trop vite, elle n’a pas eu son « Été Meurtrier », son « Manon des Sources », son « Piaf » ou même son « 37,2° le Matin » qui auraient fait d’elle une actrice que l’on aime et que l’on avait envie de revoir encore et encore.
Sa gloire bâtie sur du vent ne pouvait que s’envoler, Gabrielle Lazure fut l’icône courant d’air des année 80.
C’est d’ailleurs bien dommage, mais qui sait… La belle est toujours là, la cinquantaine venue, toujours actrice et…Toujours fidèle à ses choix artistiques déroutants.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1983: Enigma: Avec Martin Sheen et Brigitte Fossey
1983: Le Prix du Danger: Avec Gérard Lanvin, Michel Piccoli et Marie-France Pisier
1983: Rebelote: Avec Jean-Pierre Léaud, Olga Georges Picot et Tina Aumont.
1984: Souvenirs-Souvenirs: Avec Christophe Malavoy et Marlène Jobert
1984: Les Fauves: Avec Philippe Léotard et Daniel Auteuil
1987: Last Song: Avec Anna Karina et Anouk Grimberg
1988: Baignade Interdite: Avec Philippe Noiret, Elizabeth Bourgine, Andréa Ferréol et Marie Trintignant.
1989: La Révolution Française: Avec Jane Seymour, François Cluzet et Klaus Maria Brandauer, Peter Ustinov et Claudia Cardinale.
1993: Woyzeck: Avec Michael Lonsdale.
2001: Fils de Zup: Avec Eric Defosse.
2004: Agents Secrets: Avec Vincent Cassel, Monica Bellucci et André Dussolier.
2006: C’est Beau, une Ville la Nuit: Avec Richard et Romane Bohringer.
2010: The Last Kiddie Ride: Avec Framke Jansen
2011: Un Heureux évènement: Avec Louise Bourgoin et Josiane Balasko
2012: Passer l’hiver: Avec Lolita Chammah
2015: Malgré la Nuit: Avec Kristian Marr
2019: Une manière de vivre: Avec Laurent Lucas