Il existe dans le cinéma américain, une catégorie très à part. Une catégorie d’actrices à laquelle je serais bien incapable de donner un titre. Ces dames sont très belles, elle tournent beaucoup. Elles sont réputées tant pour leur physique dont personne ne songerait à contester la beauté que pour leur talent qui lui non plus n’est jamais contesté. Elles ont souvent un type de rôles ou de films où elles excellent et qui font leur renommée sans pourtant faire leur gloire. Le meilleur exemple est probablement celui de Marie Wilson avec son personnage d’Irma! Dans cette catégorie de beautés célèbres et fort populaires en plus de Marie Wilson, je pourrais classer Adèle Mara, Adèle Jergens, Mari Blanchard et bien entendu , Hillary Brooke.
Notre héroïne du jour naît à New-York sous le patronyme de Béatrice Sophia Mathilda Peterson le 8 Septembre 1914. Les Peterson sont une famille de la classe moyenne mais tiennent à ce que leur fille ait une éducation irréprochable. Elle en gardera une diction parfaite et un rien pincée qui lui fera souvent obtenir des rôles de ladies anglaises au cinéma et à la télévision. Mais tout ca, c’est pour demain. En attendant, la ravissante Béatrice entre à l’université avec la ferme intention de devenir diététicienne.
Mais quand on est une jeune fille très belle et que l’on vit à New-York, il y a bien d’autres attractions que la diététique! Beatrice va donc faire quelques photos de mode, un peu de théâtre, c’est presque une évidence voir même une fatalité. Et comme elle est très belle, qu’elle est douée et qu’elle a un maintient sans égal en accord avec sa diction si distinguée, le succès est au rendez-vous!
Elle partira même se produire à Londres dans une comédie musicale » Transatlantic Rythm »!
De cinéma, pourtant, il n’est toujours pas question. En tout cas de manière sérieuse! Hillary Brooke avait tâté du cinéma depuis 1937 mais dans des rôles si infimes qu’elle devra attendre 1941 pour avoir son nom à un générique. Et encore! Au générique d’un western de troisième zone, « The Long Rider in Frontier Fury ». Elle avait pourtant déjà croisé sur les plateaux des noms aussi prestigieux que Cary Grant, Lana Turner, Katharine Hepburn, Spencer Tracy, James Stewart, Ingrid Bergman Ray Milland ou Greta Garbo soi-même!
Lorsqu’elle épouse un assistant réalisateur de 10 ans son aîné: Jack Voglin en 1943, Béatrice a déjà 29 ans! Qui songerait à débuter au cinéma à un âge pareil alors qu’à Hollywood Linda Darnell fête ses 20 ans et qu’elle tourne des rôles d’amoureuse depuis 4 ans dans les bras de Tyrone Power! Le cinéma devra attendre 1947, soit qu’elle ait 33 ans pour entendre parler d’elle pour la première fois de manière un temps soit peu concrète dans les potins hollywoodiens. Son excellent rôle dans « Jane Eyre » entre Olivia de Havilland et Orson Welles ne lui avait pas rapporté la notoriété qu’elle était en droit d’ en espérer.
Connue surtout pour être l’égérie des savons DOVE, Elle divorce de Jack Voglin dans un fracassant tumulte. Si ces deux-là sont parfaitement d’accord sur la garde de leur fils Donald, ils s’étripent par tribunaux interposés pour la garde de leur berger allemand! Et ce n’est pas tout! Miss DOVE a signé avec la compagnie Frank Seltzer pour un film. Mais on veut lui infliger des robes « New-Look » comme vient de les créer Christian Dior à Paris. Elle refuse d’entrer dans « ces lampadaires » qui ont l’outrecuidance de masquer ses jolies jambes! L’affaire s’envenime, les tribunaux sont à nouveau saisis, Elle exige 200.000$ de dommages et intérêts de la part de ces gens qui exigent qu’elle porte de tels déguisements! Dior ou pas Dior! Elle saisit également les tribunaux, pourchassant Howard Hugues soi-même qui l’a engagée pour son film « Vendetta » qui se tourne et se détourne depuis deux ans!
En 1948, partie tourner en Afrique, elle doit être rapatriée d’urgence. Terrifiée par les animaux sauvages, ses nerfs ont lâché!
Rentrée à Hollywood, elle se battra pour être Irma mais c’est Marie Wilson qui emportera le rôle. Elle essaiera d’être Maisie mais cette fois c’est Ann Sothern qui l’emporte! Elle apparaîtra bien dans la série des « On the Road » mais on sait que la dame attitrée de ces choses n’est autre que Dorothy Lamour! Hillary Brooke n’était pour Hollywood qu’une actrice de second rôle que l’on ne se faisait pas faute d’appeler lorsque l’on avait besoin d’une pimbêche maniérée. Et les choses auraient pu rester en l’état jusqu’à ce qu’elle s’en lasse. Mais paradoxalement, c’est son sens de l’humour en acier blindé qui va changer la donne.
Elle s’est liée d’amitié avec Louis Costello du duo de comiques « Abbott et Costello ». Lorsque le duo alors follement en vogue aura sa propre série de films, Hillary y aura son personnage récurrent qui lui vaudra, enfin, une réelle popularité. Lorsque le tandem comique quittera les plateaux de cinéma pour ceux de la télévision où ils auront leur show, Hillary restera de l’aventure. Plus tard, émue elle se souviendra: « Buddy et Louis avaient l’habitude de mettre tout le monde en boîte sur le plateau, sauf moi! Ils ne se sont jamais risqués à me faire la moindre farce et ils ont toujours été d’une courtoisie parfaite à mon égard! » Et là, elle battit des cils d’un air entendu qui signifiait clairement « Il n’aurait plus maqué que ca! »
La popularité glanée avec le célèbre duo lui vaudra enfin de tenir quelques rares premiers rôles à l’écran. Toujours, hélas dans des séries B mais l’honneur était sauf! Cette collaboration lui ouvrira toutes grandes les portes de la télévision où sa beauté fait rage mais où son humour fait des ravages. Suprême consécration: Un appel de Lucille Ball elle-même qui l’invite sur le plateau de son cultissime « Lucy Show »!
Au cinéma aussi, elle aura son petit baroud d’honneur puisqu’Alfred Hitchcock lui-même la sollicite pour « L’Homme qui en Savait Trop »!
En 1960, elle épouse un ancien directeur de la MGM, Raymond A Klune, lui aussi de dix ans son aîné et elle prend sa retraite immédiate et sans appel. Son mari la laissera veuve 28 ans plus tard.
Elle-même s’éteint le 25 Mai 1999 à cause d’un caillot de sang qui s’était logé dans le poumon. Elle allait avoir 85 ans et il y avait près de 40 ans qu’elle ne s’était plus montrée.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1937: New Faces of 1937: Avec Harriet Hillard et Milton Berle
1939: Eternally Yours: Avec Loretta Young et David Niven
1940: The Philadelphia Story: Avec Katharine Hepburn, Cary Grant et James Stewart
1940: Two Girls on Broadway: Avec Lana Turner et Joan Blondell
1940: Florian: Avec Helen Gilbert et Robert Young
1940: New Moon: Avec Jeanette Macdonald et Nelson Eddy
1941: Country Fair: Avec June Clyde et Eddie Foy Jr.
1941: The Long Rider in Frontier Fury: Avec George Houston
1941: The Long Rider Rides on: Avec George Hamilton
1941: Two Faced Woman: Avec Greta Garbo et Melvyn Douglas
1941: Dr Jekyll and Mr Hyde: Avec Lana Turner, Ingrid Bergman et Spencer Tracy
1941: Maisie Was a Lady: Avec Ann Sothern et Maureen O ‘Sullivan
1942: To the Shores of Tripoli: Avec Maureen O’hara et John Payne
1942: Calling Dr Gillespie: Avec Donna Reed et Lionel Barrymore
1942: Sherlock Holmes and the Voice of Terror: Avec Evelyn Ankers et Basil Rathbone
1943: Jane Eyre: Avec Olivia de Havilland et Orson Welles
1943: The Crystal Ball: Avec Paulette Goddard et Ray Milland
1944: Ministry of Fear: Avec Marjorie Reynolds et Ray Milland
1944: Lady in the Dark: Avec Ginger Rogers et Ray Milland
1944: Standing rooom only: Avec Paulette Goddard et Fred McMurray
1945:The Woman in Green: Avec Basil Rathbone et Nigel Bruce
1945: The Enchanted Cottage: Avec Dorothy McGuire et Robert Young
1946: Up Goes Maisie: Avec Ann Sothern et George Murphy
1946: Road to Utopia: Avec Dorothy Lamour, Bing Crosby et Bob Hope
1946: The Gentleman Misbehaves: Avec Osa Massen et Bob Haymes
1946: Strange Journey: Avec Osa Massen et Paul Kelly
1947: Big Town: Avec Phillip Reed
1949: Africa Screams: Avec Abbott et Costello
1950: Beauty on Parade: Avec Ruth Warrick et Lola Albright
1950: Vendetta: Avec Faith Domergue
1950: The Admiral Was a Lady: Avec Wanda Hendrix et Edmond O’Brien
1950: Lucky Losers: Avec Léo Gorcey
1952: Confidence Girl: Avec Tom Conway
1952: Abbott and Costello Meet Captain Kidd: Avec Abbott, Costello et Charles Laughton
1953: Mexican Manhunt: Avec George Brent
1953: Never Wave at a WAC: Avec Rosalind Russell
1953: The Lady Wants Mink: Avec Ruth Hussey, Eve Arden et Dennis O’Keefe.
1955: Bengazi: Avec Mala Powers et Richard Conte
1956: The Man Who Knew Too Much: Avec Doris Day et James Stewart
1957: Spoilers of the Forest: Avec Vera Ralston et Rod Cameron