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Jacqueline Huet c’est un peu la Marilyn Monroe de la télévision.

La France avait en tête et au cœur l’image de cette femme magnifique, cette blonde aux grands yeux de jade, au sourire lumineux, à la diction parfaite et à l’élégance si parisienne. Dans la triste solitude de son appartement de la rue Boileau à Paris, elle choisissait d’en finir. Jacqueline Huet absorbait une dose massive de barbituriques puis s’allongeait dans son bain, attendant la mort et non sans avoir laissé un message. Non un mot d’adieux ou d’explications. Une recommandation à ceux qui la trouveraient « Ne me ranimez pas, je suis une vedette oubliée, c’est comme un canard à qui on a coupé la tête et qui court encore un peu« 

Jacqueline Germaine Huet qui ne connaîtra jamais son père naît à Paris le 20 Octobre 1929.

La jolie petite demoiselle se rêvait comédienne et c’est dans un Paris occupé qu’elle suit les cours du conservatoire dont elle sortira diplômée en 1945, année de ses débuts au théâtre.

Pour le cinéma il faudra attendre 1947 et « l’Eventail », un film de René Clément dont Dany Robin et Claude Dauphin sont les vedettes et dans lequel Jacqueline sera à peine figurante. Mais qu’importe. Elle a dix-huit ans et elle est jolie comme un cœur même si elle est un peu grande pour son époque: un mètre 75! Dix ans plus tard cette particularité fera les délices des couturiers parisiens! On la verra d’ailleurs défiler à l’écran dans « Mannequins de Paris » en 1956. Mais malgré sa beauté assez spectaculaire, la carrière au cinéma de Jacqueline Huet ne prend jamais de véritable envol. Après 1958 elle sera créditée au générique de plusieurs films mais c’est parce qu’on la voit à la télévision et non parce qu’elle fait partie de l’intrigue.

Très jeune encore, en 1950  elle avait épousé le comédien Yves Vincent et l’année suivante, elle mettait au monde sa fille Dominique. Après son divorce elle se remarie tout aussi brièvement avec son dermatologue.

Lorsqu’en 1958 l’ORTF lui proposa un contrat ce fut son véritable départ. Elle devint speakerine et devint très vite très populaire. Elle se froissera bien un peu parce que les autres speakerines entre elles l’appellent caca Huet en appuyant bien sur le T pour faire « cacahuète » phonétiquement mais ce ne sont que petites rosseries de couloirs. Jacqueline va devenir une véritable institution. L’institution « chic » du petit écran. Avant elle, les pionnières du métier comme Jacqueline Joubert sont des femmes plutôt ordinaires. Un côté « ménagère » certes idéalisé et supposer refléter la téléspectatrice, l’épouse, la jeune maman des années 50. Jacqueline Huet c’est une autre limonade! C’est une beauté sensationnelle, spectaculaire dans la vie comme à l’écran. Et si ses consœurs reçoivent beaucoup de courrier, Jacqueline Huet en reçoit au moins autant mais d’un contenu très différent. On ne demande pas à Jacqueline Huet comme à Jacqueline Joubert ce qu’il faut faire avec un petit garçon qui refuse d’apprendre ses tables de multiplication mais si elle préfère recevoir un déshabillé rouge ou noir en même temps qu’une invitation à dîner chez Maxim’s.

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Et dîner, Jacqueline ne s’en prive pas. Chaque soir après avoir annoncé « la fin de nos programmes », Jacqueline se perd dans la nuit parisienne. Elle aime sortit, rire, danser, boire et manger. La vie de Jacqueline c’est une fête perpétuelle. Quitte à débarquer aux écrans en ligne directe depuis chez Régine pour annoncer tout sourire et l’esprit embrumé « Et maintenant, la messe dominicale pour le plus grand plaisir des crétins! Heu, des chrétiens bien sûr! » (Authentique)

Lorsqu’en 1962 elle reprend au théâtre un rôle que Nicole Courcel avait porté au triomphe cinq ans plus tôt, « Zoé » de Jean Marsan, c’est un petit scandale. Les téléspectateurs se sentent abandonnés, délaissés, frustrés et se répandent dans tous les « courriers des lecteurs » possibles! LEUR Jacqueline quittera-elle leur petit écran? Son règne sur le petit écran en question va durer jusqu’en 1975. Ce sera la période la plus heureuse de la vie de Jacqueline qui ne se contente pas de présenter les programmes mais participe à de nombreuses émissions de variétés, devenue proche au fil du temps de Charles Aznavour, Mike Brant, Thierry le Luron. Elle pousse elle-même la chansonnette et c’est son jeune protégé Michel Drucker qui la reçoit en 1965 pour la première fois en qualité de chanteuse. « Le Jour et la nuit » qu’elle interprète avec une perruque bicolore connaîtra un très joli succès.

Jacqueline chante et elle a un homme dans sa vie. Le bel amour qu’elle attendait. Enfin. Est là. L’élu de son coeur très enflammé c’est Theo Sarapo. L’ex mari d’une Edith Piaf très crépusculaire. La moitié d’un couple qui provoqua un scandale sans nom avant que la mort ne les sépare. Le couple tient sa romance secrète. Peu à peu le « profiteur » pour ne pas dire le proxénète de la pauvre chanteuse des rues diminuée et sans défense s’oublie. Le monde avait prétendu Theo Sarapo immensément riche après la mort d’Edith. En réalité elle l’a laissé couvert de dettes qu’il mettra six longues années à éponger.  Plus de 40 millions de francs de l’époque. Theo Sarapo s’était fait un devoir d’honorer la parole d’Edith par delà la mort. Il a travaillé comme un fou pour régler jusqu’au dernier sou que devait la petite idole percluse dans sa robe noire. Sans s’en plaindre. Sans rien en dire.

Théo est un mec bien. Il est à l’aube d’une carrière d’acteur que l’on dit prometteuse. Le 27 août 1970, Jacqueline est au studio, rue Cognacq Jay. Theo est en province. Jacqueline l’attend. Elle l’espère pour le soir.

Au sortir de Limoges, un conducteur aviné fait un écart et heurte la Citroën ID de Theo Sarapo qui arrive en sens inverse. Le jeune homme roulait vite, la voiture quitte sa trajectoire et percute un platane à toute vitesse. Théo Sarapo est désincarcéré de la voiture. Inconscient il est transféré à l’hôpital de Limoges où il décède trois heures plus tard. Il avait 34 ans. Jacqueline est à l’antenne lorsque la nouvelle « tombe sur les télescripteurs ». La mort le ramène à la légende. Il est inhumé au père Lachaise au côté d’Edith Piaf.

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Lorsque l’ORTF choisit de se passer d’elle après dix-sept ans d’impeccables services, Jacqueline ressent un profond désarroi. Elle recevait des milliers de lettres par semaine de ses admirateurs. Elle ne pouvait pas faire un pas dans la rue sans être assaillie de demandes d’autographes et soudain plus rien.

Elle reviendra pourtant, C’est elle qui présente le tour de chant de Michel Sardou en tournée. Elle devient productrice mais le charme est rompu. Avec la télévision  c’est aussi au cabaret et au music hall qu’elle se produit en tant que chanteuse et avec un certain succès jusque dans les années 80. En 1981, sa collaboration avec la télévision n’est plus souhaitée. Elle aurait trop ouvertement appuyé la candidature de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence, laquelle lui échappe. Il passe à la trappe et sa fervente admiratrice le suit. On sait à quel point les postes à la télévision sont tributaires des opinions politiques de ceux qui les occupent.

Les années 80 sont vraiment des années noires pour Jacqueline Huet. En 1981 elle est éradiquée de la télévision, en 1982 elle est victime d’une très violente agression. L’année suivante c’est sa maman adorée qui décède. L’actrice sombre dans la dépression et abuse des somnifères et des antidépresseurs. En 1985 elle est hospitalisée. En Septembre 1986 elle est à nouveau hospitalisée mais aucune thérapie ne peut la sortir du gouffre où elle s’enfonce. Le 8 Octobre 1986, sortie de clinique depuis seulement quelques jours elle met fin à ses jours.

Elle était attendue par son amie Evelyne Leclerc qui inaugurait son restaurant « Le Cotton Club ». Elle ne vint pas et, comme Marilyn, après avoir passé un dernier appel à un ami, elle s’enfonça dans sa nuit.

Celine Colassin

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QUE VOIR?

1947: L’Eventail: Avec Dany Robin et Claude Dauphin

1948: Mademoiselle s’amuse: Avec Giselle Pascal et Ray Ventura

1948: Et Dix de Der: Avec Denise Grey, Paulette Dubost et Nicolas Amato

1950: Porte d’Orient: Avec Tilda Thamar et Nathalie Nattier

1952: Ouvert conte X: Avec Yves Vincent

1952: La Demoiselle et son Revenant: Avec Robert Dhéry et Annick Morice

1954: Si Versailles m’était Conté: Avec Claudette Colbert, Michel Auclair et Jean-Pierre Aumont

1955: Treize à Table: Avec Micheline Presle et Fernand Gravey

1956: Mannequins de Paris: Avec Madeleine Robinson

1962: La Loi des Hommes: Avec Micheline Presle; Arletty et Philippe Leroy

1964: Clémentine Chérie: Avec France Anglade

1964: Les Pieds Nickelés: Avec Jean Rochefort et Charles Denner

1964: De L’Assassinat considéré comme l’un des Beaux Arts: Avec Béatrice Altariba et Edmond Ardisson

1977: Bloedverwanten: Avec Sophie Deschamps, Eddie Constantine et Ralph Arliss

 

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