Le charmante Jacqueline Pierreux naît à Rouen, dans le froid du 15 Janvier 1923 sous le patronyme de Jacqueline, Madeleine, Léone Pierreux.
Je ne sais hélas que fort peu de choses sur cette fort gracieuse demoiselle, en fait je ne sais que ce que…Tout le monde sait!
Elle débuta au cinéma sous la bannière en berne d’une France occupée et épousa le comédien Pierre Léaud en 1944. Le petit Jean-Pierre allait naître le 5 Mai et bientôt devenir aussi célèbre que sa maman puis la dépasser en gloire et notoriété aux yeux des cinéphiles. Jean-Pierre Léaud, on le sait, deviendra l’Antoine Doinel de François Truffaut et l’un des acteurs phares de la nouvelle vague avant de devenir un incontournable du cinéma français puis un de ses vétérans.
Mais revenons-en à sa si jolie maman dont la carrière progresse à pas de géants dans ce fameux cinéma français à l’aube des libertés retrouvées. Jacqueline est non seulement une femme altière et belle qui peut jouer le mannequin de grande maison comme la poule de Pigalle, défilant aussi bien (et plus souvent) sur les trottoirs que sur les podiums.
Jacqueline reprendra sa carrière brièvement interrompue par la naissance de son petit garçon et deviendra vite une « vedette » que l’on va trouver plus souvent qu’à son tour dans de braves « séries noires » où elle mène concurrence à Dora Doll, Tilda Thamar ou Claudine Dupuis. Elle est une des figures d’un cinéma populaire et bon enfant des années 50 dans des films aux titres qui nous laissent encore doucement rêveurs aujourd’hui comme « Légères et Court Vêtues », « Plume au Vent » ou « Après vous, Duchesse »!
Au printemps 1952, elle achève enfin les représentations de « Une nuit à Megève » qu’elle joue paradoxalement à Bruxelles. Le rideau tombe juste à temps pour qu’elle file à Madrid pour donner la réplique à Georges Guétary dans « Plume au vent ». Et il ne faudrait pas que ce tournage là prenne du retard. Cayatte l’attend de pied ferme à Paris pour la remettre sur le trottoir dans « Nous sommes tous des assassins ».
L’actrice se doublait d’une femme joyeuse au tempérament fêtard et optimiste qui faisait d’elle une convive recherchée et une amie chère pour le tout Paris du cinéma d’alors. Jacqueline Pierreux donna toujours l’impression de mordre à peines dents et sans faire de chichis dans la vie comme en témoigne un court entrefilet dans la presse quotidienne de 1953 et titré: « Cendrillon de Paris »: « L’actrice Jacqueline Pierreux ayant enlevé ses chaussures pour danser à Montmartre hier soir a égaré un escarpin de daim noir à talon haut , Jacqueline demande a qui retrouvera sa chaussure de bien vouloir la lui ramener chez elle! » J’ignore si l’actrice récupéra son bien, mais il me semble qu’avec un tel rapport entre elle et son public, tout est dit!
Elle deviendra aussi en cette décennie des années 50 une grande vedette en Italie, où comme Magali Noël elle tourne beaucoup et est très appréciée, puis en Espagne et même en Allemagne, et ce, même si jamais (à ma connaissance) Jacqueline Pierreux ne tint un premier rôle dans un film.
Elle aura sans doute eu le tort de trop facilement succomber aux modes, ce qui empêcha peut-être le public de se faire une image vraiment précise de la vedette. On la connut blonde platine, rousse ou aux cheveux noir geais, longs ou courts, adoptant la coupe de Maria Casarès, de Martine Carol, de Rita Hayworth ou de Kim Novak au gré de ses fantaisies du moment.
La nouvelle vague qui paradoxalement aura fait la gloire universelle de son petit garçon ne sera pas tendre pour les actrices de son acabit. Jacqueline n’aura pas le bonheur de plaire à ces messieurs qui ne voient en elle qu’un symbole du cinéma de papa, insulte à leur « art ». Jacqueline passera dans la même trappe que Claudine Dupuis, Danielle Godet, Tilda Thamar ou Louise Carletti. Jugée inapte au cinéma d’imbéciles qui firent tourner Chantal Goya et leur dernière copine en date à la condition bien sûr qu’elle ne soit pas une actrice! Truffaut confiera le rôle de la mère d’Antoine Doinel à Claire Maurier qu’il fit coiffer comme Jacqueline!
L’Italie fut plus respectueuse envers la femme et envers l’actrice qui connaîtra encore une autre décennie de succès par delà les Dolomites!
La France oublieuse ne retrouvera Jacqueline que dans une aventure du commissaire Maigret à la télévision en 1969. Mais déjà la carrière de l’actrice était virtuellement terminée même si on la vit passer en coup de vent dans le « Violette Nozières » de Claude Chabrol.
Jacqueline Pierreux s’éteignit dans sa quatre vingt deuxième année, le 10 Mars 2005.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1943: Le Soleil de Minuit: Avec Jocelyne Gaël et Jules Berry
1946: On ne Meurt pas comme Ca: Avec Anne-Marie Blanc et Erich von Stroheim.
1947: Six Heures à Perdre: Avec Dany Robin, Denise Grey et André Luguet
1948: La Figure de Proue: Avec Madeleine Sologne, Mony Dalmès et George Marchal
1948: Scandale: Avec Odette Joyeux et Paul Meurisse
1949: Six Heures à Perdre: Avec Dany Robin, Denise Grey et André Luguet
1949: Entre Onze Heures et Minuit: Avec Madeleine Robinson et Louis Jouvet
1950: Rome Express: Avec Madeleine Barbulée, Hélène Perdrière et Denise Grey
1950:Donne e Briganti: Avec Maria Mauban, Amedeo Nazzari et Jean Chevrier
1951: Abbiamo Vinto: Avec Paolo Stoppa, Antonella Lualdi et Walter Chiari
1951: Le Cas du Dr Galloy: Avec Jean-Pierre Kerien et Suzy Prim
1951: Au Pays du Soleil: Avec Vera Norman et Tino Rossi
1952: Une Enfant dans la Tourmente: Avec Blanchette Brunoy et Grégoire Aslan.
1952: Nous Sommes Tous des Assassins: Avec Yvonne Sanson, Raymond Pellegrin et Marcel Mouloudji
1953: Plume au vent: Avec Carmen Sevilla et Georges Guétary
1953: Le Chasseur de chez Maxim’s: Avec Yves Déniaud, Pierre Larquey et Pauline Carton.
1953: Cet homme est dangereux: Avec Eddie Constantine et Colette Deréal
1954: Le collège en folie: Avec Nicol Courcel et Rudi Hirigoyen
1954: Il Seduttore: Avec Léa Padovani et Alberto Sordi
1954: La Rafle est pour ce Soir: Avec Blanchette Brunoy et Jane Sourza
1955: El Canto dell Gallo: Avec Asuncion Balaguer et Felix de Pomès.
1957: Bonjour Toubib: Avec Berthe Bovy et Georges Descrières, Noël Noël et Ginette Pigeon
1967: O.S.S. 117 n’est pas mort: Avec Magali Noël et Ivan Desny
1960: Amour, Autocar et Boîtes de Nuit: Avec Roland Lessafre, Geneviève Kervine et Colette Ripert
1961: Despedida di Soltero: Avec German Cobos et Roberto Cruz.
1971: Le Cinéma de Papa: Avec Yves Robert, Claude Berri et Philippe de Broca.
1978: Violette Nozières: Avec Isabelle Huppert, Stéphane Audran et Jean Carmet.