Lorsque l’on évoque le cheptel de blondes tapageuses qui se précipitèrent dans le sillage de Marilyn Monroe, vulgarisant le personnage de l’actrice et se nourrissant de ce qu’elle rejetait, toujours les mêmes noms viennent aux lèvres. Toujours dans le même ordre: Jayne Mansfield, Diana Dors, Mamie van Doren. Jamais le nom de Joi Lansing n’est cité. Elle faisait pourtant bel et bien partie du lot, et qui de plus est, tourna bien plus de films que ses rivales. Marilyn comprise.
Joy Rae Brown naît à Salt Lake City le 6 Avril 1929. Ses parents ne sont pas riches: son père Jack vend des chaussures, sa mère Virginia fait des ménages. La jeune fille, telle ses futures rivales, rêve des lauriers dorés des stars Hollywoodiennes, si blondes, si belles et si riches.
Elle ferait tout pour devenir, elle aussi une étoile de première grandeur.
A 19 ans elle est finaliste d’un concours de beauté et comme c’est l’usage, un « test » cinéma fait partie des prix. La grande aventure peut commencer pour Joy Brown devenue Joi Lansing, c’est quand même autre chose. Sa mère entretemps s’est remariée et on s’obstinera à donner le patronyme de son beau père à Joi Lansing dans ses biographies: Wassmansdorff.
Elle fera ses débuts au cinéma en 1940, mais continuera à tourner sans même parfois être créditée aux génériques des films jusqu’en 1952 où on la sait perdue dans la distribution de « Chantons sous la Pluie » sans réussir à la distinguer à l’écran (un comble!)
Joi Lansing tournera plus de 40 films, tous des séries B de consommation courante qui disparaissent des mémoires dès que les lumières se rallument dans la salle de cinéma.
Dès le début des années 50 elle se tourne vers la télévision où elle aura plus de chance, devenant même madame Superman pour le meilleur et surtout le pire, l’acteur incarnant superman meurt quelques jours après le tournage de l’épisode du mariage! Joi participera néanmoins à des soap où son personnage perdurera parfois plusieurs années.
Bref, le public américain connaît bien Joi Lansing mais ne se décide pas à l’admirer, à en faire une star.
Une très longue liaison avec Frank Sinatra ne réussira pas non plus à braquer les feux de l’actualité sur elle.
la belle se maria deux fois. Avec Lance Fuller dont elle divorça à cause de sa liaison avec Frank. Elle épousa ensuite Stan Todd en 1960 pour lequel elle mit fin à cette même liaison.
Stan Todd se tenait à ses côtés lorsqu’elle s’éteignit le 7 Août 1972 emportée par un cancer du sein.
Elle mourrait à 43 ans et Hollywood se souvint alors qu’elle avait été un véritable rayon de soleil pour tous ceux qu’elle approchait. On se rappela de son sens de l’humour décapant qui aurait pu faire d’elle une véritable star. Contrairement à ses prestigieuses consœurs, Joi Lansing ne fut jamais fastidieuse ou intraitable pour ses partenaires ou ses employeurs. Elle ignora les caprices, les retards et les trous de mémoire, elle ne joua jamais les divas. C’est peut-être ce qui paradoxalement lui fit de l’ombre.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1951: Pier 23: Avec Ann Savage et Hugh Beaumont
1952: Singing in the Rain: Avec Cyd Charisse et Gene Kelly
1953: The French Line: Avec Jane Russell et Gilbert Roland
1954:On the Riviera avec Danny Kaye, Corinne Calvet et Gene Tierney
1957: Les Clameurs se sont tues avec Michel Ray
1958: La Soif du Mal d’Orson Welles
1960:Qui était donc cette Dame? avec Tony Curtis et Dean Martin
1965: Marriage on the Rocks: Avec Deborah Kerr, Dean Martin, Frank et Nancy Sinatra.
