Le nom de June Travis n’évoque sans doute plus grand chose aux cinéphiles du XXIème siècle. Cela n’a rien d’étonnant.
Cette sublime créature aux yeux vert émeraude naît fille de milliardaire sous le distingué patronyme de June Dorothea Grabiner le 7 Août 1914 à Chicago. Absolument rien ne la destine au cinéma. Si ce n’est une étourdissante beauté doublée d’une classe folle, très « high society ». Et enfin un sens de l’humour jubilatoire qui fait le régal des invités les soirs de réception. Ces exceptionnelles qualités sont encore doublées d’une intelligence très acérée qui fait de cette jeune fille bien sous tout rapports une personnalité débordante de charme. Qui croirait qu’avec de tels atouts, elle soit d’une timidité rare?
L’anecdote de ses débuts ou plutôt de ses non débuts est restée longtemps célèbre. Alors qu’elle assiste à l’entraînement des « White Sox players » de Chicago, une équipe de base ball qui appartient…à son père, elle est remarquée par un talent scout de la Paramount. Un bout d’essai qui ne débouchera sur rien. Prise de panique, la belle s’était sauvée à toutes jambes dès que l’on avait crié « moteur »! Elle reviendra, pourtant, comme on s’en doute. Elle était retournée à l’université, jurant bien qu’on ne l’y reprendrait plus. Elle se laissa fléchir l’année suivante. Elle accepta un petit bout de rôle dans un film de Kay Francis et George Brent, mais seulement parce que le film se tournait à Palm Springs où elle prenait quelques vacances.
Nous sommes en 1935 et malheureusement pour celle dont Hollywood va faire June Travis, ce n’est plus Paramount qui s’intéresse à elle mais la Warner. Elle devient après quelques courts rôles vite expédiés une reine de séries B, genre propre au studio. Alors que tant d’aspirantes à la gloire se traînent au sol pour un petit bout de rôle, June Travis qui n’a rien demandé va tourner à un rythme effréné. Un film par mois durant trois ans. June Travis est prise dans un véritable tourbillon. Lorsqu’enfin elle réussit à se libérer pour aller passer Noël en famille à Chicago, rattrapée par une fatigue accumulée depuis trois ans, alanguie entre le feu de bois et le sapin de Noël, elle décrète qu’elle ne reviendra pas à Hollywood!
Elle tiendra parole et on ne la reverra que deux fois: en 1952 et 1955.
Désabusée mais un rien moqueuse, elle déclarera plus tard: « Si j’étais restée un an de plus je serais devenue une star chez Warner et si j’avais commencé un an plus tôt je serais devenue une star chez Paramount. Entre les deux j’ai simplement besogné. » Dorénavant elle ferait du théâtre et en fera jusqu’à la fin des années 70, mais seulement si elle en avait envie. Très envie.
Elle est donc déjà à la retraite lorsqu’elle épouse, le 3 Janvier 1940 Fred Friedlob et le couple restera uni 39 ans durant, jusqu’au décès de Fred en 1979. Le couple avait deux filles: Cathy et June.
En 2008, devenue une vénérable vielle dame de 93 ans elle est frappée d’un accident vasculaire cérébral qui la laissera très diminuée jusqu’à sa mort quelques semaines plus tard. C’était le 14 Avril 2008.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1935: Stranded: Avec Kay Francis et George Brent
1935: Don’t Bet on Blondes: Avec Claire Dodd, Warren William, Errol Flynn et Guy Kirbee
1935: Bright Lights: Avec Ann Dvorak et Joe E. Brown
1935: The Case of the Lucky Legs: Avec Geneviève Tobin et Warren William
1936: The Big Game: Avec Phillip Huston et James Gleason
1936: Ceiling Zero: Avec James Cagney et Pat O’Brien
1936: Bengal Tiger: Avec Barton MacLane
1936: Time Square Playboy: Avec Warren William
1937: Men in Exile: Avec Dick Purcell
1938: Over the Wall: Avec Dick Foran
1938: The Gladiator: Joe E. Brown
1938: Night Hawk: Avec Robert Livingston
1938: Little Orphan Annie: Avec Ann Gillis
1938: Mr Doodle Kicks Off: Avec Joe Penner et Richard Lane
1938: Federal Man-Hunt: Avec Robert Livingston
1952: The Star: Avec Bette Davis et Sterling Hayden
1965: Monster a Go-Go: Avec Philip Morton