La belle Katia Christine, dite parfois Katia Christina symbolise magnifiquement le principe même de ce blog. Elle est la parfaite étoile éphémère du cinéma. Etrange destin de fille sublime soudain découverte et admirée sans conditions. L’univers du cinéma peut respirer. La star que l’on attendait est là. Nouvelle vedette, Nouvelle star, nouvelle icône, nouvel idéal de féminité et de sensualité. Beaucoup d’espoir, beaucoup de blondeur, beaucoup de minijupes…Qui se souvient aujourd’hui de vous, belle, si belle Katia Christine?
La belle enfant, c’est le cas de le dire puisqu’elle sera couronnée « plus beau nourrisson de Hollande » voit le jour en 1946 en Hollande comme on l’aura compris, sous le patronyme de Katia Christine van Kranenburg. Née dans les faubourgs d’Amsterdam, la vedette des nourrissons locaux rêve depuis cette glorieuse consécration de faire du cinéma.
Elle a vingt ans lorsqu’enfin ses rêves de gloire commencent à se concrétiser. Sachant bien évidemment qu’Amsterdam n’est pas Hollywood ni même Cinecitta, l’avisée Katia s’installe à Paris dès ses dix-huit ans sans parler le moindre mot de français. Elle partage alors son temps entre les cours du soir et les photos de mode avant de courir les castings que l’on appelle encore « auditions ».
Les propositions vont affluer, presque en même temps de France et d’Italie! Katia tourne quatre films en un an et s’engouffre littéralement à la télévision française! C’est un joli petit délire autour de sa gracieuse personne. Alors qu’elle tourne pour l’ORTF dans « Michel Vaillant », l’inimitable Peter Ustinov lui propose d’être la tête d’affiche de sa prochaine pièce qu’il va produire au théâtre des Ambassadeurs. Réponse de la belle Katia: « Il faut demander à monsieur Carlo Ponti qui vient de me prendre sous contrat! » Carlo Ponti! Un de plus puissants producteurs du monde et accessoirement monsieur Sophia Loren a en effet choisi Katia parmi toutes les débutantes de la planète pour en faire la superstar de demain. Un contrat qui précise en toutes lettres qu’il lui est interdit de se marier!
Sage précaution d’un autre temps puisqu’en 1967 plus personne ne songe à se marier sous peine de passer pour de vieux ringards réactionnaires férus de rites d’un autre temps! Monsieur Ponti aurait peut-être mieux fait de lui interdire de tourner « Du Mou dans la Gâchette », un des films les plus absolument ratés de toute l’histoire de l’univers! Il faut dire que la pauvre Katia avait débuté en 1964 dans « Les Gorilles » avec Darry Cowl, Michel Galabru et Francis Blanche. La vedette du film étant Patricia Viterbo. On le voit on n’est pas chez Fellini!
Peut-on survivre et être prise au sérieux si après avoir tourné « Du Mou dans la Gâchette » on file en Italie tourner « La più grande rapina del West » un western spaghetti de trentième zone avec un certain George Hilton dans les santiags de Clint Eastwood?
La France l’avait maintenue dans une certaine médiocrité et même si elle est à l’affiche d’un film de Gabin, non seulement elle n’a aucune scène avec lui mais il faut bien admettre que « Du Rififi à Paname » ne restera pas connu comme un must dans la carrière de l’acteur. L’Italie ne lui sera guère plus salutaire et on ne trouve guère de titres grandioses à mettre à son actif. Son manque de chance est d’autant plus flagrant que les quelques films de prestige de sa carrière en trouveront pas leur public comme l’ambitieux « The Adventurers » qui réunissait pourtant Candice Bergen et Olivia de Havilland ou « Histoires Extraordinaires » avec Brigitte Bardot et Jane Fonda.
Forte de son contrat avec Carlo Ponti, la belle Katia, plus blonde que jamais s’attaque au cinéma italien où elle trouve enfin quelques premiers rôles dès 1970. Mais hélas la décennie marque le déclin irréversible de Cinecitta. L’ère est aux comédies érotiques, à l’humour trouffion et aux films d’horreurs vite bâclés entre deux westerns sans intérêt. Katia Christine va lutter toute une décennie mais ne réussira pas à devenir une plus grande star par delà les Dolomites qu’au pied de la tour Eiffel.
Elle tentera une ultime fois sa chance, cette fois en Amérique où elle restera cantonnée a rôle de séduisante curiosité exotique pour séries télévisées ce qui lui permet quand même de tourner dans « Chips », « K2000″ ou « L’Homme qui Tombe à Pic ». C’est en 1984, après un ultime épisode de cette série que Katia Christine choisit de se volatiliser sans que cela ne bouleverse grand monde!
Bien malin aujourd’hui qui pourra dire ce que cette si jolie blonde a bien pu devenir.
A part un joli souvenir des années mini-jupes!
Celine Colassin
QUE VOIR?
1964: Les Gorilles: Avec Patricia Viterbo, Darry Cowl et Francis Blanche
1964: De l’Amour: Avec Anna Karina et Elsa Martinelli
1965: La Grosse Caisse: Avec Françoise Deldick, Bourvil et Paul Meurisse
1966: Du Rififi à Paname: Avec Mireille Darc et Jean Gabin
1966: Le Saint Prend l’Affût: Avec Danièle Evenou, Jean Marais et Jean Yanne
1966: Martin Soldat: Avec Veronique Vendell et Robert Hirsch
1967: Du Mou dans la Gâchette: Avec Corinne Marchand, Bernard Blier et Jean Lefèbvre
1967: La più grande rapina del West: Avec George Hilton.
1968: Histoires Extraordinaires: Avec Brigitte Bardot et Alain Delon
1968: La Leçon Particulière: Avec Nathalie Delon, Renaud Verley et Robert Hossein
1970: Pussycat, Pussycat I Love You: Avec Joyce van Patten, Beba Loncar et John Gavin
1970: I due Maggiolini più Matti del Mondo: Avec Franco Franchi
1970: La prima Notte del Dottor Danieli, Industriale col Complesso del… Giocattolo: Avec Lando Buzzanca et Françoise Prévost
1970: Principe Coronato Cercasi per Ricca Ereditiera: Avec Renato Baldini et Ciccio Ingrassia
1970: The Adventurers: Avec Candice Bergen et Charles Aznavour
1971: La Vittima Designata: Avec Pierre Clémenti et Thomas Milian
1974: Le Amanti del Mostro: Avec Klaus Kinski
1974: Prigione di Donne: Avec Marilu Tolo et Martine Brochard
1976: 3 Way Split: Avec Robert Vaughn
1977: Treize Femmes pour Casanova: Avec Marisa Berenson, Britt Ekland et Tony Curtis
1977: La Banda del Trucido: Avec Luc Meranda