kay deslys

La future Kay Deslys naît à Londres le 28 Septembre 1899, dans une famille de saltimbanques sous le patronyme de Kathleen Herbert. La famille Herbert ne roule pas sur l’or et j’ignore quand, où et pourquoi ils prirent un jour la décision de partir tenter leur grande chance en Amérique. L’Amérique! Eldorado des pauvres et pays de tous les possibles. Dans leurs bagages, la petite Kathleen. Rondouillarde et joviale avec sur son visage poupin l’air éternellement émerveillé devant toutes les beautés de la vie. Beautés qu’elle seule voyait dans sa famille engluée de rêves comme de misère. Son air bonhomme et réjoui lui vaudra de rejoindre ses parents très tôt, en scène ou en piste, c’est selon.

A cinq ans elle est passée maîtresse dans l’art de jouer les bambins éberlués et niais recevant inévitablement les coups de balais, de pelle, de pastèques ou de poussettes folles avant d’atterrir le nez dans une tarte à la crème ou une barrique d’eau savonneuse! Bientôt l’enfant clown devient célèbre et n’a guère qu’une seule rivale sérieuse en cette étrange époque d’enfants starifiés que fut le début du XXème siècle: Baby Mae, la future Mae West!

Sa gloire juvénile et désopilante, il en fallait peu, la mènera en tournée à travers tout le Canada et les Etats-Unis! Il faudra cependant attendre qu’elle ait 25 ans pour que George Fitzmaurice pense à la produire dans un film! Et attention! Pas dans n’importe quelle singerie à la Mark Sennett! Une très élégante production avec Ronald Colman cloué dans son smoking, Marie Prévost et May McAvoy, deux stars inouïes! Sa prestation fut d’ailleurs particulièrement remarquée, suffisamment en tous cas pour que Charles Chaplin la sollicite pour un de ses chef d’oeuvres: « La Ruée vers l’Or »! C’est ensuite Charley Chase qui la « repère » et fait d’elle une de ses comédiennes fétiches. Certes, le nom de Charley Chase n’évoque plus grand chose aujourd’hui, mais dans les années 20, ce réalisateur, auteur et interprète à l’élégante dégaine était un comique aussi célèbre et en vogue que Chaplin, Buster Keaton ou Harold Lloyd. Pour donner une échelle des valeurs, en 1914 il avait tourné 40 films réclamés à  corps et à cris par un public inconditionnel. Il fut d’ailleurs sois dit en passant le premier à exploiter le talent comique de Chaplin et à écrire pour lui.

Kay Deslys, toujours aussi replète avait gravi à une vitesse d’éclair les échelons de la notoriété professionnelle. Car en ces joyeuses années de pionniers cinématographiques, avoir tourné avec Charles Chaplin Charley Chase et Marie Prévost équivaut à tourner avec Clark Gable, Gary Cooper et Marilyn Monroe pour les générations suivantes. Kay va alors poser sur sa tête ronde la couronne de reine absolue des comédies burlesques. Elle va tourner avec Laurel et Hardy, passant avec une allégresse de balle de ping-pong des films des deux compères à ceux de Charley Chase! Bien sûr, elle ne tournera jamais 40 films par an, car on écrit alors essentiellement pour les hommes et les femmes ne sont qu’un faire valoir comique à la dignité mise à rude épreuve dans l’univers du burlesque filmé.

Kay Deslys et Stan laurel

Seule Mae West prendra la plume pour ses propres fantaisies et se souviendra d’ailleurs de Kay qu’elle fait engager sur « Belle of the Nineties » en 1935.

Mais le cinéma muet aura une fin et avant lui déjà les comédies burlesques avaient rendu l’âme. Buster Keaton, Harold lloyd et Charley Chase ne survécurent pas au son, leur comique s’y prêtait mal. Chaplin lutta et seuls Laurel et Hardy passèrent le cap sans être (trop) désavoués par leurs fans. Kay Deslys suivit dans leur sillage, comment se passer d’elle? Elle jouait l’épouse de l’un des joyeux drilles et revenait animer leurs facéties avec une rafraîchissante régularité.

Hélas, le temps passant, Kay qui n’avait été somme toute que le faire valoir d’un cinéma qui tombait en désuétude dégringola de film en film jusqu’aux tréfonds des génériques. Déjà qu’elle n’avait jamais été tête d’affiche, la dégringolade n’en fut que plus rapide. Cerise sur le gâteau, Hollywood s’achetait une bienséance à défaut d’une conduite et on ne rigolait plus des gros! d’ailleurs on n’en montrait plus à part Eugène Palette et W.C. Fields. Sous contrat à la MGM, elle finit par ne plus être créditée aux génériques, ses rôles finirent par devenir de simples figurations, même si, noblesse de studio oblige, elle côtoie jusqu’à la fin les plus grands nom de son temps comme Katharine Hepburn ou Greta Garbo.

L’obésité envahissante contre laquelle elle avait lutté toute sa vie, la contenant en une surcharge pondérale drolatique qui l’aidait à jouer les matrones finit par avoir gain de cause. En 1952, son obésité devenant handicapante ne prêtait plus à rire mais suscitait plutôt le malaise. Alors Kay Deslys se retira. Elle ne put hélas dormir sur ses lauriers et passer ses journées sur la terrasse de sa villa de Beverley Hills en regardant de vieilles photos de ses bons copains d’autrefois. Elle avait encore sa vie à gagner. Elle vendit des chaussures.

Le 15 Août 1974, Kay Deslys se taisait à jamais et s’éteignait dans sa 74ème année, 13 jours avant de fêter ses 75 ans. Hollywood ne prit pas le deuil, on avait depuis longtemps effacée la grosse dame des mémoires

Celine Colassin

kay_desyls

QUE VOIR?

1924: Tarnish: Avec Marie Prévost, May McAvoy et Ronald Colman

1925: La Ruée Vers L’Or: Avec Charles Chaplin

1925: Innocent Husbands: Avec Katherine Grant et Charley Chase

1927: The Lighter that Failed: Avec Charley Chase, Anita Gavin et Edna Marion

1928: Their Purple Moment: Avec Laurel et Hardy et Anita Gavin

1928: Should Married Men Go Home?: Avec Laurel et Hardy

1929: Leaping Love: Avec Charley Chase et Isabelle Keith

1930: Whispering Whoopee: Avec Laurel et Hardy, Anita Gavin et Thelma Todd

1933: The Devil’s Brother: Avec Laurel et Hardy

1934: Belles of de Nineties: Avec Mae West

1935: Sylvia Scarlett: Avec Katharine Hepburn, Cary Grant et Brian Aherne

1936: Romance in the Air: Avec Wini Shaw et Phil Reagan

1937: Conquest: Avec Greta Garbo et Charles Boyer

1941: The Big Store: Avec Les Marx Brothers

1943: The Man From Down Under: Avec Donna Reed, Charles Laughton et Binnie Barnes

1944: White Cliffes of Dover: Avec Irène Dunne et Elizabeth Taylor

1946: The Strange Love of Martha Ivers: Avec Barbara Stanwyck et Lizabeth Scott

1947: The Unperfect Lady: Avec Teresa Wright et Ray Milland

1949: The Doctor and the Girl: Avec Gloria de Haven et Glenn Ford

1952: Singin’in the Rain: Avec Gene Kelly et Debbie Reynolds

1952: Pat and Mike: Avec Katharine Hepburn et Spencer Tracy

 

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