Qui croirait que son ce patronyme de boisson apéritive italienne à base de vin cuit se cache une actrice 100% autrichienne. Que dis-je, une actrice? Une institution nationale serait un terme plus approprié pour définir Louise Martini.
La future miss Martini naît à Vienne, le 10 Novembre 1931 sous le patronyme à la fois plus complet et moins grisant de Marie-Louise Chiba. Je ne ferai pas l’affront a mon lecteur de retracer une fois encore la trouble période de l’histoire qui sert de cadre hautement dramatique à l’enfance de Louise. Disons que née deux ans à peine avant que le Führer ne s’empare du pouvoir, elle va se retrouver très vite dans un pays annexé puis entraîné dans la spirale guerrière sous l’égide d’un fou furieux.
Louise est presque adolescente quand le monde est enfin débarrassé de son fou le plus spectaculairement sanglant. Elle sera une jeune femme lorsqu’enfin les privations de la guerre et les humiliations qui la suivront commencent à s’estomper. Formée à l’académie Max Reinhardt, elle pourra enfin débuter au cabaret puis au théâtre au début des années 50. Du cabaret viennois, elle passera aux comédies musicales à Munich.
Pour le cinéma, il fallut attendre 1956. Louise avait 25 ans. C’était tard pour commencer une carrière de vedette de l’écran dans un pays qui ne jure que par la jeune première post adolescente telle Romy Schneider première manière. C’est d’autant plus tard que Louise est très sollicitée par le théâtre. Vienne la considère déjà comme une très grande dame des scènes malgré son jeune âge et il n’y a guère qu’Edwige Feuillère en France qui puisse se vanter d’une telle renommée aux yeux du public.
Et en disant cela, il se peut que j’aie déjà tout dit à propos de Louise Martini
Le soir en scène, triomphant dans un grand rôle, la journée elle répète le suivant où elle sera plus sublime encore. Où trouverait-elle le temps pour le cinéma? Pour cet univers aux tournages longs et fastidieux, aux horaires toujours incertains où votre présence est parfois requise des mois durant? Impossible!
Louise sera terriblement présente à la télévision car les horaires de tournage sont à peu de choses près des horaires de bureaux. Elle peut parfaitement se ruer sur scène le soir et répéter ses textes à l’heure du déjeuner ou au maquillage. Elle sera au fil du temps, une assidue des petits écrans mais jamais suffisamment pour qu’un programme la déloge d’un théâtre!
Alors bien sûr, du cinéma , elle en fera. Du cinéma autrichien, bien sûr. Allemand à la rigueur. Mais hors de question de s’exiler en Italie, en France, en Angleterre ou pire encore, à Hollywood! Apparue en 1956 pour la première fois sur les écrans, elle tournera jusqu’en 2007. Soit un demi siècle et des poussières d’un travail d’actrice intense, d’une présence quasi constante et combien de films? Une vague dizaine.
C’est peu. Pour elle c’était déjà énorme! Qui sait combien de représentations ils lui ont coûté! Et si cette parcimonie cinématographique peut nous sembler frustrante, c’est que nous ne sommes pas autrichiens et que nous n’avons donc pas profité de son émission radio « Cocktail Martini » qui régalera son auditoire dix-sept ans durant.
Et si on ne vit plus Louise aux écrans, qu’ils soient grands ou petits après 2007, est-il bien utile de préciser qu’elle ne ralentit pas sa carrière théâtrale, fêtant en 2009 ses 60 ans « on stage » avec un nouveau triomphe!
Louise avait trouvé le temps de se marier, c’est à peine croyable, et qui plus est de se marier deux fois.
Ce fut d’abord le musicien Bill Grah puis le réalisateur Heinz Wilhelm Schwartz qu’elle épouse en 1966 et dont elle sera la veuve en 2004.
Le 17 Janvier 2013, à 81 ans depuis deux mois, et en paraissant 40 de moins, c’est Louise qui a son tour rendait son plus beau rôle. Personne hélas n’était à la mesure de son talent pour le reprendre et le théâtre viennois porte depuis un deuil qui semble éternel.
Elle était citoyenne d’honneur de la ville de Vienne depuis belle lurette. Il ne lui manquait plus qu’une rue à son nom. C’est chose faite!
Celine Colassin
QUE VOIR?
1956:Wenn Poldi ins Manöver Zieht: Avec Doris Kirchner et Gunther Philipp
1960:Meine Nichte tut Das Nicht: Avec Cornelia Froboess
1963: Zwei Whisky und ein Sofa: Avec Maria Schell et Nadia Gray
1963: Die Endlose Nacht: Avec Hannelore Elsner et Alexandra Stewart
1968: Professor Columbus: Avec Rudolf Platte
1970: Deep End: Avec Diana Dors, John Moulder Brown et Jane Asher
1977: Mein seliger Onkel: Avec Wolfgang Gasser
1977: Die Rückkehr des alten Herrn: Avec Trude Marlen
1985: Novembermond: Avec Danièle Delorme et Denise Boulet
1991: Patient aus Leidenschaft: Avec Alfred Böhn
1992:Ilona und Kurti: Avec Elfi Eschke
1994: Du Bringst Mich Noch Um: Avec Gabriela Benesch
1997: Qualtingers Wien: Avec Vera Borg