Lupe velez

L’actrice Lupe Velez est un phénomène étrange dans la légende hollywoodienne. Si elle fut très célèbre en son temps, son nom reste aujourd’hui dans les mémoires à cause des circonstances tragique de son suicide. Circonstances…tout à fait fausses !

Mais la légende et les affabulations seront toujours le lot de Lupe Velez. Ne dit-on pas que le jour de sa naissance, le 18 Juillet 1908 à San Juan de Potosi au Mexique, un ouragan faisait rage ? C’est probablement faux, San Juan est une ville de montagne et les ouragans de montagne sont plutôt rares. Mais cela lui va si bien.

Maria Guadalupe Velez Villalobos est la fille de Jacobo Reyes Villalobos, colonel dans l’armée du dictateur Porfino Diaz. Sa mère, Josefina Velez, est, selon Lupe elle-même une grande chanteuse d’opéra qui aurait abandonné sa carrière par amour. On saura plus tard qu’il n’en était rien.

La petite Lupe, sans doute à cause de l’ouragan imaginaire qui parraina sa naissance se révéla une terrible tête brûlée. Elle ne supporte aucune autorité et surtout pas celle des garçons qu’ils prétendent détenir de droit divin puisqu’ils sont les mâles et qu’elle n’est que femelle. La petite Lupe leur flanquait alors une trempe colossale et ne cessait de frapper que lorsqu’ils ne bougeaient plus et demandaient grâce. Sa famille ne sachant que faire d’elle finit par l’éloigner et la jeune effrontée se retrouva au couvent au Texas. Ca qui lui déplut souverainement mais lui permit d’apprendre l’anglais.

Elle avait huit ans lorsqu’elle entra au couvent, elle en avait quinze lorsqu’on vint l’en extirper. Encore une fois, la légende veut que Lupe ait effarouché les chastes oreilles des bonnes sœurs se demandant s’il ne vaudrait pas mieux un exorcisme qu’un enseignement. Elle aurait également fait régner la terreur chez ses comparses qui craignaient sa violence sa fureur et la verdeur de son langage. La jeune mexicaine gardera pourtant un bon souvenir du Texas où elle retournera d’ailleurs s’installer dès qu’elle le pourra. Elle restera toute sa vie empreinte d’une grande religiosité et le couvent des jeunes années fera jusqu’à sa fin partie de ses bonnes oeuvres.

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Lupe fut donc extirpée de son couvent, non par charité d’âme mais parce que son père était mort et que sa mère n’avait plus de quoi payer sa pension. Sa mère avait pris son autre fille sous le bras et s’était installée à Mexico. Lupe trouva du travail, gagnait quatre dollars par semaine qu’elle donnait sagement à sa mère tout en gardant quelques piécettes de côté pour s’offrir des cours de danse. Son rêve le plus absolu.

On dira plus tard que la veuve Velez Villalobos avait quitté San Juan de Potosi parce qu’elle y était trop connue pour y vendre ses charmes et avait préféré se fondre dans l’anonymat de Mexico. On ajoutait également sous cape que certains soirs où ses charmes vieillissants n’attiraient pas le chaland, elle proposait alors ceux de sa fille déjà très belle et ma foi déjà très intéressée par les messieurs.

A force de ténacité, Lupe va décrocher un petit rôle dans une comédie musicale « low cost » au theatro principal. Elle va se frayer un chemin au music-hall avant qu’un ami de la famille la présente à Richard Bennett dont les filles Constance et Joan deviendraient bientôt d’immenses stars à Hollywood. Sans vouloir me faire l’avocate du diable ni influencer les opinions, je me permets de m’étonner qu’une prostituée de bas étage vendant les charmes de sa fille adolescente ait eu « des amis de la famille » avec des relations telles que Richard Bennett déjà une très grande star à l’époque.

 Lupe Velez

Richard Bennett va un jour de 1924 contacter la jeune Lupe qui s’est alors installée au Texas car il est à la recherche d’une jeune fille de type « exotique » pour une pièce qui se prépare à Los Angeles : « La Colombe ». Ravie, Lupe Velez prit le train avec son chihuahua, se fit voler tout son argent sur le trajet, se présenta à l’audition et…Fut recalée!

La chance, pourtant, enfin lui sourit. L’excellentissime Fanny Brice allait bientôt la prendre sous son aile et lui mettre le pied à l’étrier. Lupe allait jouer dans plusieurs vaudevilles et rencontrer le succès. Sa beauté et son tempérament faisaient mouche. D’une taille minuscule elle était un véritable feu d’artifice sur scène et on ne voyait plus qu’elle dès qu’elle paraissait.! Fanny ne jouant pas sur les mêmes arguments, elle n’en concevait aucune animosité et devenait elle-même une fan de Lupe.

Elle lui avait proposé de l’accompagner à Broadway pour jouer avec elle dans sa prochaine revue lorsque Lupe reçut une proposition de la MGM qui cherchait une partenaire « volcanique » pour un court métrage de…Laurel et Hardy ! Lupe fit mouche une fois encore et son énergie collait admirablement avec le rythme du tandem comique. Près d’un siècle plus tard, leur sketch est toujours désopilant et reste parmi les meilleurs et les plus aboutis du team Laurel et Hardy.

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Douglas Fairbanks vit-il le sketch, je l’ignore. Mais il préparait alors son prochain film « Le Gaucho » il y avait un grand rôle à distribuer, celui d’une sauvageonne des montagnes. Il demanda à voir Lupe en audition. L’anecdote est célèbre. Alors qu’elle passe son test, un technicien du studio, pour lui faire une farce, lui vole son chihuahua adoré dans sa loge. Lorsque Lupe revient, elle ne sait pas encore qu’elle a déçu Fairbanks. Ne trouvant pas son chien dans sa loge elle pique une véritable crise de nerfs. Le technicien facétieux revient alors vers elle et lui dit « Qu’est-ce que tu me fais comme gâterie pour que je te le rende ? » Alerté par le bruit de la bagarre, Fairbanks arrive juste à temps pour voir Lupe mette le technicien qui fait très exactement le double de sa taille et le triple de son poids K.O. Inutile de dire qu’il engagea Lupe sur le champ.

Très vite ces deux-là allaient se lancer dans une liaison torride qui allait accélérer la fin du mariage le plus célèbre du monde: celui de Douglas Fairbanks avec Mary Pickford.

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En 1928 Lupe est couronnée WAMPA’S Baby Star. C’est la petite fiancée de l’Amérique et femme de Douglas Fairbanks, Mary Pickford en question qui lui remit son prix. Prix qui couronnait également les nouvelles venues qu’étaient Lina Basquette, Sue Carol, Sally Eilers et Audrey Ferris.

« Le Gaucho » fut un succès, Lupe était lancée. Elle allait aligner les films où elle serait toujours un personnage exotique au sang chaud et au tempérament un peu coquin. Très vite elle devint « Le Volcan mexicain » La star passa sans encombre au parlant. Elle dansait, elle chantait magnifiquement, pourquoi n’aurait-elle pas su parler ? Les personnages exotiques allaient bientôt connaître une vogue sans précédente. Le tempérament de feu de l’actrice devenait légendaire et bientôt les titres de ses films seraient très clairs sur le contenu qui attendait le spectateur : Fureur, scandale, exotisme et passion allaient être au rendez-vous avec le volcan mexicain. Ce seront « Tempest » « The Cuban Love Song », « Strictly Dynamite » « Hot Pepper » « La Zandunga », « Kongo », « The Girl From Mexico » « Redhead from Manhattan », j’en passe et de bien plus évocateurs.

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La bourrasque de scandale qui déferle sur les écrans avec Lupe est relayée par une large publicité qui n’est en principe que le strict compte rendu de sa vie privée. Mais là encore il convient de mesurer les propos tapageurs largement colportés à propos de l’actrice.

Certes elle cumula les liaisons, avec Tom Mix, Charlie Chaplin, Erich Maria Remarque (prouvant là une similitude de goûts avec miss Paulette Goddard). Clark Gable, John Gilbert, Arturo de Cordova, Gary Cooper et les plus généreux ont ajouté à son prestigieux tableau de chasse quelques demoiselles et même Valéry Giscard d’Estaing! Lequel, né en Allemagne en 1926 se serait retrouvé vers 1930, amant de la torride Lupe Velez à l’âge de quatre ans!

Sur le blog de l’hebdomadaire « Le Point » on peut lire que Lupe Velez fut très amie au couvent avec la petite Arielle Dombasle, ce qui ferait donc plus de cent dix ans à l’actrice française !!!!

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Lupe Velez rencontre Gary Cooper sur le plateau de « Wolf Song » en 1929, un western muet de Victor Fleming. Lupe mit le grappin sur le cow-boy aux beaux yeux. Et qu’il fut jusque-là la propriété presque exclusive de la star Clara Bow n’était pas pour lui déplaire ! Clara avait le même franc parler et le même mépris des conventions bourgeoises que Lupe. On les comparait souvent. On en faisait des rivales au box-office bien que la popularité de Lupe n’atteignit jamais celle de Clara. Si miss Bow était la « It Girl », miss Velez était la « Mexican « it » Girl.

La liaison Cooper-Velez va durer trois ans. Lupe Velez passant de la torride passion sexuelle au rôle de meilleure copine hilarante avant de piquer des colères inouïes pour la moindre vétille, gratifiant son adversaire improvisé d’insultes, de menaces de mort ou de suicide suivant l’humeur. Elle va ébranler les nerfs de l’acteur qui finit en dépression nerveuse. La légende veut que Gary Cooper soit attendu dans le Montana pour les extérieurs d’un film. Le matin où il doit prendre le train, Lupe déclare d’un ton sans appel : « Tu n’iras pas! » l’acteur refusant de céder à son caprice du jour s’en alla prendre son train. Lupe folle de rage débarqua dans la gare, armée jusqu’aux dents, trouva Cooper et vida son chargeur dessus, ratant sa tête de quelques centimètres. puis elle s’enfuit en pestant contre sa maladresse aux armes à feu!

lupe velez-gary cooper

L’anecdote fait long feu, on prétend d’ailleurs que Gary Cooper en perdit 40 kilos ce qui impliquerait qu’il ait été un jour obèse ou au moins ventripotent. Mais le plus surprenant est qu’on ne trouve nulle trace de ce qu’il faut bien appeler un attentat ferroviaire dans les archives de la police de Los Angeles. Il me semble quand même que dans l’Amérique de 1930 comme dans celle d’aujourd’hui, si un individu déboule dans un lieu public et tire dans tous les sens, il est quand même arrêté et inculpé pour terrorisme. Le fait qu’à l’époque Gary Cooper n’aurait pas porté plainte n’y change rien. On ne laisse pas des fous dangereux dans la nature et qu’ils fassent ou non du cinéma n’y change rien non plus. Si cette histoire était authentique, miss Velez aurait bel et bien croupi derrière les verrous, d’autant qu’elle n’était pas une de ces stars « fer de lance » que les studios protégeaient à tout prix.

C’était même le contraire. Les comportements tapageurs et scandaleux de Lupe comme de Clara Bow ternissaient l’image d’Hollywood dans une Amérique encore puritaine et seraient pour beaucoup dans la création du code de censure « Hayes ». Si le public les avait désavouées, Si un seul de leurs films avait rapporté dix dollars de moins que le précédent, les studios s’en seraient débarrassés avec beaucoup de soulagement. Si Lupe Velez avait tiré sur la foule, elle n’aurait plus mis les pieds sur un plateau de tournage de toute sa vie, c’est aussi simple que cela.

lupe velez

Ce n’est pas d’avoir vidé son chargeur dans son compartiment qui va ébranler la liaison de Lupe Velez avec Gary Cooper. C’est l’arrivée à Hollywood d’une certaine Marlène Dietrich ! Lupe l’avait prise en grippe dès qu’elle avait entendu son nom pour la première fois. Quand elle sut que son Gary allait être le partenaire de la teutonne fraîchement débarquée dans « Morocco » elle en étouffa de rage. Elle menaça, tempêta, hurla tant et plus des jours durant et finissait toujours à bout d’arguments par déclarer « Et puis ta Dietrich, c’est moi qui vais me la faire en premier! »

Quoi qu’il en soit, Gary Cooper allait se marier dès 1933 avec Veronica Bafle dite « Rocky » pour échapper à Lupe qui exigeait qu’il l’épouse. La belle tempêtueuse jetant alors son dévolu sur le nouveau venu à Hollywood, champion olympique de son état Johnny Weissmuller. Lupe vit sa grande passion avec son Johnny. Mais leurs ébats très débridés ont pour résultat que le champion arrive sur le plateau des « Tarzan » couvert de bleus, de griffes, de morsures et d’ecchymoses. Il faut pour le rendre présentable des heures de maquillage et c’est à refaire après chaque scène sur un tournage très physique. Le studio va mettre Tarzan au pied du mur. Soit il quitte Lupe Velez soit son contrat sera rompu.

lupe velez-johnny weissmuller

Weissmuller accepta. Lupe fut mortifiée jusqu’au fond de l’âme. Ils s’étaient mariés en 1933, ils se séparaient en 1938 et Lupe demanda le divorce en 1939. Hollywood vivait maintenant sous la coupe morale de la censure toute puissante. Les clauses de moralité fleurissaient sur les contrats. Lupe n’en signa jamais une seule de sa vie. Nul doute que ses jours à Hollywood étaient comptés mais…Il y eut la guerre.

A l’heure du conflit, Lupe est considérée comme atout « comique » pour comédies burlesques de séries B.  Elle y a son immuable personnage : celui d’une fougueuse hispanique, colérique, hystérique rigoureusement idiote. On lui mijote des répliques d’une grand finesse « Si señor, y’é oune chien, qu’il est oune chien blanc tout noir avé des taches et sa queue elle est toujours près de son derrière » (High Flyers)

Elle s’appelle invariablement Inès ou Conchita et il semble que ses metteurs en scène la dirigent en se contentant du « Vas-y Lupe, fais la comique ! »

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Pourtant, il semble que l’actrice mérite mieux que cet engrenage de minables foutaises dans lequel on l’englue. Dans « High Flyers » déjà cité, elle joue une sempiternelle boniche hispanique hystérique et débile mais entiché de cinéma. Elle nous gratifie de quelques imitations de son cru et si sa version de Shirley Temple est un peu effarante, ses imitations de Mae West, Simone Simon et Dolorès del Rio sont sidérantes de drôlerie et de justesse.

Lupe Velez en est là lorsque l’embargo hitlérien sur les films américains ferme le marché européen du film. Hollywood voit ses plantureux bénéfices réduits de moitié. Certaines stars comme Greta Garbo étaient déifiées en Europe alors que le public américain ne s’en souciait que peu. Une seule solution: s’ouvrir un maximum aux marchés d’Amérique latine très friand des produits Hollywoodiens. On fit venir Carmen Miranda à grands frais. Le poison Dolorès del Rio fut à nouveau très courtisée et Lupe eut son propre « sérial » : »Mexican Spitfire » Six films où elle joua Carmelita Fuentes, caricaturant son propre accent poussé jusqu’à l’outrance.

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Lupe restait toujours aussi épouvantablement scandaleuse, mais Hollywood avait besoin de pesos. On fermait un peu les yeux. Véritablement déifiée dans son pays natal, elle agrémentait souvent ses dialogues de quelques répliques de son cru en espagnol. Répliques qui faisaient le régal de ses compatriotes car ils les savaient dites à leur seule intention, comme un clin d’œil complice. Lupe était la gloire et l’orgueil du Mexique, plus sans doute que Dolorès del Rio trop grande dame pour être vraiment populaire. En 1944 le Mexique rappelle Lupe pour un film de très grand prestige où elle sera Nana, le sulfureux personnage de Zola. La star accepte, s’éclaircit les cheveux pour la première fois de sa vie, car Zola a voulu Nana aux cheveux blond vénitien.

Les jours de la star sont désormais comptés et le mystère qui entoure sa mort peut se préparer.

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Lupe a alors une liaison avec Harald Maresch. Cet acteur autrichien, de huit ans son cadet est arrivé à Hollywood en 1936 pour fuir l’avancée du régime nazi qu’il sentait inéluctable. La légende de Lupe Velez veut qu’Harald Maresch ait été un acteur de seconde zone n’ayant jamais réussi à percer. Or, l’homme dont la beauté rare valait bien celle de Louis Jourdan mènera une carrière régulière et bien fournie jusqu’en…1968 ! Et s’il ne devint jamais un nouveau Clark Gable idole des foules et des midinettes, il fut un acteur respecté.

Il rentrera en Allemagne en 1954 et il a donné dans sa carrière la réplique à des stars telles que Joan Fontaine, Maria Félix, Claude Farrell, Faye Emerson, William Holden ou Yves Montand ! Harald Maresch n’est donc pas le lâche saute ruisseau que l’on veut bien en faire.

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Lorsqu’il rencontre Lupe et se lance dans une torride liaison avec elle, l’actrice a déjà eu maille à partir avec le gouvernement américain qui la soupçonne bien sottement de propagande communiste. Or Maresch est autrichien. Comme Hitler. Et l’Amérique est en guerre…contre Hitler.

Les scrupules de l’acteur à lier sa destinée à celle de l’actrice sont bien légitimes et toutes à son honneur. Il n’a jamais refusé d’épouser Lupe qu’il aimait sincèrement. Il souhaitait simplement attendre que la situation se calme afin de ne pas nuire à la réputation et qui sait à la carrière de Lupe. Lupe Velez avait accepté ses scrupules et s’était rangée à ses arguments. Harald l’avait accompagnée au Mexique pour le tournage de Nana. Mais au retour, la donne changea.

Lupe était enceinte et étrangement ne voulait pas d’un enfant illégitime. Elle exigea un mariage immédiat. Harald Maresch ne refusa pas et les futurs mariés se lancèrent dans les préparatifs de la cérémonie. Une violente querelle éclata. Comme d ‘habitude avec Lupe à propos d’une vétille. Elle chassa Harald de chez elle à coup de cafetière ou de porte parapluie. Elle décréta alors qu’elle irait accoucher au Mexique et ferait passer l’enfant pour celui de sa sœur. Mais à sa stupéfaction sidérale, sa soeur, pour la première fois de sa vie refusa d’obéir à Lupe.

Lupe Velez

Se sentant odieusement trahie, Lupe invita quelques uns de ses amis chers à un grand dîner mexicain. Elle fut vive, spirituelle et charmante toute la soirée. Soudain, elle mit tous ses invités dehors. Les portes claquèrent sur leur nez, certains avaient encore un verre ou une fourchette en main qu’ils se retrouvaient déjà tout penauds sur les pelouses de la « villa félicita ».

Restée seule, Lupe prit un long bain, se coiffa, se maquilla, enfila son pyjama de soie bleu glacier, s’allongea sur son lit et avala avec du bourbon 75 comprimés de seconal ramenés en contrebande du Mexique par ses bons soins. Elle s’éteignit dans sa chambre à la lueur d’une centaine de bougies et dans le parfum d’un millier de tubéreuses et de gardénias qu’elle s’était fait livrer le matin même.

Ainsi mourut le « volcan mexicain », le 14 Décembre 1944, elle avait 36 ans.

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La légende aussi sordide que tenace veut que la star se soit sentie malade, le seconal faisant mauvais ménage avec le dîner mexicain. Elle aurait titubé jusqu’à la salle de bains, aurait perdu l’équilibre et se serait brisé la nuque dans la cuvette des toilettes.

Sa secrétaire affirmant quant à elle qu’elle avait trouvé Lupe le matin, allongée paisiblement sur son lit. Croyant qu’elle dormait, elle lui avait caressé doucement la joue pour la réveiller et l’avait sentie glacée sous ses doigts. Mais on sait depuis la mort de Marilyn Monroe ce que valent les déclarations de secrétaires dévouées au chevet de stars mortes empoisonnées.

Pourquoi cette légende ? Pourquoi aurait-on entaché la mort tragique de Lupe Velez par des détails aussi macabres qu’inventés ? Sans doute la vérité se situe elle entre les deux.

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Il est physiquement impossible de se casser la nuque dans une cuvette de toilettes et de s’y noyer. Et plus encore de rester dans cette étrange position acrobatique après le relâchement musculaire que provoque la mort.

Mais il est impossible également de mourir empoisonnée en restant paisible dans une position choisie. La mort par empoisonnement est une mort atroce, le corps est secoué de convulsions et après la perte de conscience, dans un dernier instinct de survie, le corps se vide complètement de tout ce qu’il a ingurgité pour se débarrasser au maximum des matières toxiques. On retrouve toujours les victimes d’empoisonnement baignant dans leurs matières fécales, l’urine et le vomi. Et ni Lupe Velez ni d’ailleurs Marilyn Monroe ne sont des êtres d’exception venus d’autres planètes pour échapper à ces règles humaines. L’image d’Epinal décrite par la secrétaire de Lupe est aussi invraisemblable que la version cuvette. Mais si on se plonge dans la presse d’époque, on ne parle à aucun moment de cuvette, par contre on évoque dès le lendemain de la mort de Lupe sa baignoire.

Or, à la villa félicita, la salle de bains de Lupe faisait à la fois la fierté de sa propriétaire et la stupéfaction de nombreux envieux. Si la baignoire en or massif que Gloria Swanson traînait partout avec elle était célèbre, la baignoire de Lupe l’était tout autant, elle était taillée et creusée dans un monolithe d’onyx noire.

lupe velez

On sait que la star s’était longuement baignée après avoir écrit ses quelques lettres d’adieux et avant de se donner la mort. Elle n’avait aucune raison de vider sa baignoire d’onyx pour la bonne raison qu’elle laissait toujours ce soin aux domestiques et n’avait certainement pas l’esprit à faire le ménage derrière elle. Qu’elle se soit sentie mal et soit tombée dans sa baignoire de pierre remplie d’eau relève par contre de tous les possibles. C’est la version à laquelle, personnellement je me tiendrai car c’est la version de la presse d’époque.

l’histoire de la cuvette n’apparaîtra que dix ans plus tard sous la plume de quelques échotiers peu scrupuleux et la version de la vestale pieusement endormie apparaîtra alors pour contredire ces allégations mensongères et irréalistes. Quoi qu’il en soit, la dépouille mortelle de Lupe Velez fut rapatriée au Mexique et exposée dans une chapelle ardente. Plus de 40.000 personnes dévastées de chagrin et d’incompréhension viendront lui rendre hommage. La foule qui se pressa à ses funérailles fut indescriptible. Ecrasée par la foule sa soeur s’évanouit et fut largement piétinée.

rudy vallée et lupe velez

La mémoire universelle a fini par oublier Lupe Velez. Mais le Mexique fait exception à la règle. Comme sa rivale Dolorès del Rio, Lupe Velez y est vénérée et la série des « Mexican Spitfire » fait toujours long feu à la télévision.

A Beverly Hills, au 732 N, Rodéo Drive la villa félicita de Lupe est une des seules grandes demeures des stars de la grande époque à être toujours debout et resplendissante comme aux plus beaux jours.

La fin d’une légende pour nous et le repos pour elle, enfin.

Celine Colassin

lupe velez

QUE VOIR?

1927: Sailors Beware: Avec Anita Garvin, Stan Laurel et Oliver Hardy

1927: What Woman Die for Me: Avec Chevy Chase

1927: The Gaucho: Avec Douglas Fairbanks et Joan Barclay

1928: Stand and Deliver: Avec Rod la Roque et Warner Oland

1929: Tiger Rose:Avec Monte Blue, Slim Summerville et…Rin Tin Tin

1929: The Wolf Song: Avec Gary Cooper

1930: East is West: Avec Lew Ayres

1931: The Cuban Love Song: Avec Lawrence Tibbett, Jimmy Durante, Louise Fazenda et Karen Morley

1931: Résurrection: Avec John Boles et Nance O’Neil

1932: Kongo: Avec Walter Huston et Virginia Bruce

1934: Strictly Dynamite: Avec Jimmy Durante, Norman Foster et Marian Nixon

1934: Palooka: Avec Jimmy Durante, Marjorie Rambeau et Thelma Todd

1934: Hollywood Party: Avec Jimmy Durante, Laurel et Hardy.

1937: High Flyers: Avec Bert Wheeler et Robert Woolsey

1939: The Girl From Mexico: Avec Donald Woods

1940: Mexican Spitfire: Avec Leon Errol et Cecil Kellaway

1941: Honolulu Lu: Avec Leo Carrillo et Bruce Bennett

1941: Mexican Spitfire Out West: Avec Leon Errol et Cecil Kellaway

1941: Mexican Spitfire’s Baby: Avec Leon Errol, marion martin et Zasu Pitts

1942: Mexican Spitfire’s Elephant: Avec Leon Errol, Lyle Talbot et Marion Martin

1942: Mexican Spitfire at Sea: Avec Leon Errol, Marion Martin, Zasu Pitts et Florence Bates

1942: Mexican Spitfire see a Ghost: Avec Leon Errol et Donald macBride

1943: Mexican Spitfire’s Blessed Event: Avec Leon Errol et Walter Reed

1944: Nana: Avec Miguel Angel Ferriz et Chela Castro

 

 

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