MariBlanchard

Mari Blanchard fut un petit régal hollywoodien. Une de ces séduisantes créatures sexy en diable et pétillantes comme un champagne rosé grand cru comme le furent Barbara Nichols, Arlène Dahl, Cleo Moore, Jane Russell, Terry Moore, Marie Wilson, Sheree North, Evelyn Keyes, Joan Blondell et tant d’autres. Mais ceci n’empêcha pas le tragique.

Le 13 Avril d’une date restée obstinément mystérieuse et oscillant entre 1927 et 1932, Marie Blanchard naît à Long Beach dans une famille richissime. Papa est un magnat en pétroles et minerais, maman une psychothérapeute célèbre chez les riches oisives des beaux quartiers. La petite fille a vraiment tous les atouts pour être heureuse et profiter pleinement d’une enfance dorée et choyée mais malheureusement, la poliomyélite, fléau de l’époque va frapper. La frapper. La petite Marie se destinait à la danse. D’un diagnostic, ses rêves sont anéantis. De ses neuf à ses douze ans elle devra lutter intensivement contre la maladie. Tous les jours elle s’astreint à des exercices physiques harassants pour lutter contre le mal qui provoque une dégénérescence musculaire irréversible. Sa mère ayant repris ses études dès que le mal avait frappé sa petite fille adorée pour devenir physiothérapeute.  A douze ans, tirée d’affaire, elle est fin prête pour les jeux olympiques toutes catégories et ne ferait certainement qu’une bouchée d’une Esther Williams ou…D’un Johnny Weissmuller!

En 1944, la famille Blanchard s’affole! Marie a disparu! On la retrouvera dans un cirque où elle se produit au trapèze et parade à dos d’éléphant! Retrouvée, la fuyarde sera vertement tancée et retournera aux études sous haute surveillance. Marie se lance dans le droit international. Mais Marie semble poussée par une sorte d’instinct qui l’incite à vivre vite. Est-ce pour compenser les années de maladie? Est-ce qu’elle pressentait que sa vie serait courte? Marie est une étudiante brillante qui se double d’un petit démon bien féminin.

Le droit international, soit mais elle est quand-même devenue l’égérie d’une marque de maillots de Long Beach.

mari blanchard

Un de ses clichés va taper dans l’œil d’un monsieur bien oublié aujourd’hui. Monsieur Harry Conover. Grand amateur de miss et de bikinis, ce brave homme fait commerce de mannequins. Mais de mannequins qui n’ont rien à voir avec ceux que l’on peut admirer, hautaines et diaphanes sur les podiums des grands couturiers parisiens. Monsieur Conover fournit de la pin-up! Il va d’ailleurs faire de « Cover Girl » une marque déposée! Rien de lubrique ni de salace dans les affaires de monsieur Conover. Ces dames posent pour de la lingerie, des produits de beauté, des limonades, des voitures, des cigarettes et autres produits de consommation courante. C’est ce qui explique que l’on puisse souvent lire dans les biographies d’actrices des années 40 et 50 qu’elles ont commencé comme « mannequins » alors qu’elle plafonnent à un mètre cinquante! Elles ne sont pas « mannequins » au sens habituel du terme elles sont « cover girls », leurs biographes croyant que le terme désigne ‘filles pour couvertures de magazines », mais non, ce sont les accortes demoiselles de l’agence Conover, les « Cover Girls ». La plus illustre d’entre elles restera Marilyn Monroe qui vanta les produits Max Factor, les voyages en avion, les aspirateurs, le Coca-cola et l’huile pour moteurs.

« Cover Girl » très cotée, Marie sera « repérée » par un talent scout de la Paramount alors qu’elle pose pour un bain moussant! (ou pour Kodak selon les sources).

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En 1949, Marie Blanchard débarque à Hollywood, signe avec Paramount et perd le E de son prénom. Mais le studio, comme d’habitude, ne trouve rien de bien intéressant à lui faire faire! Elle débute en « girl » derrière une Carmen Miranda survoltée et quelques années plus tard il lui arrivera encore de ne pas être créditée au générique des films où on peut la voir. Débarrassée du contrat Paramount elle déclarera à la presse « je remercie Paramount de m’avoir appris mon métier d’actrice, je leur dois tout ce que je sais, mais ils n’avaient jamais de rôles pour moi, ils étaient toujours trop courts ou trop importants, je me suis lassée d’attendre« . Et de s’en aller signer chez Universal.

Laissée oisive par son studio, Mari terminera ses études de droit en cours du soir à l’UCLA et aura suffisamment de loisirs pour s’adonner à quelques amourettes qui donnèrent le tournis à tous les chroniqueurs de son époque.

Dès son arrivée elle s’était lancée dans une valse hésitation entre l’acteur Scott Brady et l’avocat Bentley Ryan, alors en instance de rupture avec la somptueuse Marguerite Chapman qui devient instantanément son ennemie mortelle. Mais les hommes de loi exercent sur elle, elle-même avocate, un lancinant envoûtement. Elle n’y résistera que rarement. Durant ces hauts faits, la presse fait d’elle la fiancée de Louis Hayward. Au cours d’une interview, alors qu’on la questionne sur Louis Hayward elle répond « J’adorerais vous répondre, ma chère mais hélas je n’ai encore jamais rencontré ce monsieur de ma vie! » Elle ne pouvait en dire autant de l’omniprésent avocat des stars Greg Bautzer!

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Greg Bautzer avait fait beaucoup d’usage à Joan Crawford et à Lana Turner. Le beau Greg , un des avocats les plus puissants du cinéma, le seul à oser affronter Howard Hugues, est devenu un personnage mythique à force de cumuler les victoires au prétoire et les aventures avec les stars les plus célèbres d’Hollywood. Il vient de se séparer de Vera Ellen lorsqu’il rencontre Mari. Il est fasciné à la fois par sa plastique fracassante, son esprit et les propositions de loi qu’elle compte proposer au gouvernement pour réduire les accidents de circulation et réguler les embouteillages. Ils commencent déjà à se révéler de véritables fléaux dans les grandes villes comme Los Angeles! C’est évidemment le tout puissant Greg Bautzer qui l’a libérée de son contrat Paramount et négocié son arrivée chez Universal où elle reçoit dès son arrivée le même salaire que Tony Curtis et des rôles dignes d’elle.

Pour fêter l’évènement, Greg lui offre une somptueuse villa à Bel Air où rien ne manque. Pas même les serviettes de bain à ses initiales. Mari lui offre un petit anneau d’or en remerciement et lui interdit de la visiter au studio « Cet homme excite toutes les convoitises » déclare-elle pour se justifier. Dès son arrivée au studio elle refuse les danses « trop suggestives » qu’on lui propose dans « Le Fils de Sinbad ». La réaction ne se fait pas attendre, elle perd son rôle suivant au profit de Shelley Winters. Quelques mois plus tard, elle refuse de tricher dans un film et déclare qu’elle se baignera nue face à Gary Cooper! « Alors moi aussi! » Lance la nouvelle venue Sarita Montiel!

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Mari était arrivée à Hollywood en même temps que Marilyn Monroe, encore elle. Si  Mari avait avait ses têtes comme Marguerite Chapman, elle était consciente que le physique de Marilyn avait quelque chose de plus « moderne » que le sien et s’estimait elle-même du style Betty Grable. Betty qui pour être somptueuse ne s’en démodait pas moins en ce début des années 50. Mari Blanchard va surveiller de près les « nouvelles venues » et va se retrouver avec une débutante nommée Anita Ekberg dans un des premiers films où elle est enfin la grande vedette féminine même si c’est un film d’Abbott et Costello!

En 1954, Mari s’est entichée du Mexique où elle passe tous ses loisirs, avec ou sans Bautzer et se teint les cheveux en noir corbeau. Elle arrive au Mocambo au bras de Bautzer qui la présente comme la Señorita La Plaza de Mexico à l’agent de Mari dont elle n’était pas satisfaite. l’agent demande à Bautzer de « Lui amener cette fille à son bureau car il peut beaucoup pour elle ».

C’est en noir corbeau toujours qu’elle aurait pu trouver enfin sa chance face à Audie Murphy dans « Destry ». Le film est un remake de « Destry rides again » qui réunissait James Stewart et Marlène Dietrich. Mais là où Marlène avait trouvé matière à faire rire tout en poétisant son personnage d’entraîneuse de saloon, Mari est dirigée platement et filmée en plans larges ou plans américains. Elle n’a aucune chance de soutenir la comparaison et puis Audie Murphy n’est pas James Stewart.

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A l’époque elle provoque un bien involontaire scandale. Elle se promène partout avec son animal de compagnie: un vison apprivoisé. Or le syndicat des éleveurs de vison s’en mêle et saisit la justice. Le vison est un animal dangereux, très agressif dont un seul sur 200.000 peut-être apprivoisé. Si Mari Blanchard lance cette mode on risque de voir se multiplier les accidents dangereux. Mari hausse les épaules et déclare que les éleveurs ont simplement peur que leurs riches clientes fassent le rapprochement entre le joli petit animal et les cadavres qu’elles ont sur le dos! Mari Blanchard première défenderesse de la cause animale après avoir été pionnière de la sécurité routière.

Mari s’en va alors tourner ce qui restera son film le plus célèbre: « Destry » avec Audie Murphy. D’emblée elle déteste le réalisateur George Marshall qui le lui rend bien et leurs querelles effraient le studio tout entier! On craint à tout moment que le film ne soit abandonné pour incompatibilité d’humeur! Mari se contentera de se casser le nez en tombant de cheval! L’année 1955 marque un changement dans la vie de Mari Blanchard. Si elle est toujours officiellement la « fiancée » de Greg Bautzer, elle renonce à un rôle pour s’en aller piloter un bolide dans une course au Mexique puis s’affiche ouvertement avec Lance Fuller, John Dennis et Don Barry. Suivront des noms aussi variés que Frank Sinatra, Georges Raft et Mel Tormé. Mari  se défend mollement: « D’entendre mes soi-disant liaisons avec tout un tas de garçon va finir par m’user les oreilles, ma relation avec Greg Bautzer est très stable!«  Tête de Louella Parson qui rédigeait à l’instant même sa nouvelle chronique où elle annonçait le mariage de Mari avec Mel Tormé dès qu’il serait divorcé de Candy Toxton.

Louella l’appelle pour savoir de quoi il retourne et Mari de répondre qu’elle va  épouser Tony Aguilar au Mexique après le tournage de son film « She Devil » Mais pendant le tournage, en mars 1956 elle souffre d’une péritonite à laquelle elle ne survit que par miracle. Mari Blanchard doit se reposer.

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Alors qu’on la croit enfin sagement convalescente, elle vient de déclarer qu’elle compte bien travailler sérieusement pour pouvoir s’offrir une plus grande villa car elle voudrait que sa maman vive avec elle. On apprend de manière tout à fait fortuite et plutôt tragique qu’elle est à Acapulco où elle vit une torride liaison avec le champion olympique Apolino Kastillo. Nous sommes en Mars 1957. Un fait divers bouleverse alors l’Amérique: Un coulpe de touristes américains a été assassiné lors d’une promenade dans la baie d’Acapulco dans un bateau à fond de verre. Apolino Kastillo prête main forte aux enquêteurs et plonge à la recherche des corps lorsque lui-même trouve la mort durant les recherches. Mari, effondrée, montre aux journalistes l’énorme émeraude qu’il lui avait offerte quelques jours plus tôt.

L’année suivante, elle est citée lors du procès pour meurtre de Cheryl Crane, la fille de Lana Turner qui a poignardé le gangster Johnny Stompanato. Lequel faisait chanter sa mère. L’homme possédait un petit carnet brun avec la liste des stars avec qui il était en relations dans le but de filmer leurs ébats sexuels et de les faire chanter ensuite. Mari y est en bonne place et…En bonne compagnie! June Allyson, Zsa-Zsa Gabor, Anita Ekberg et quelques autres dont Marilyn Monroe complètent la liste des tendres relations de ce peu recommandable monsieur.

Avec l’avènement des années 60, Mari Blanchard admit-elle qu’elle ne serait jamais la star qu’elle avait rêvé être un jour? Elle avait vu les carrières de Marilyn Monroe et Elizabeth Taylor exploser littéralement alors qu’elle piétinait toujours aux portes de la gloire même si elle avait fini par être une actrice connue et appréciée.

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Et pour avoir tenté sa chance au cinéma, elle s’était fermé à jamais les portes de sa carrière d’avocate. En févier 1960 elle épouse à Las Vegas un avocat aussi richissime que brillant: Reese Hale Taylor jr. Il a 31 ans, Mari en a 32 et son mari est l’héritier d’un roi du pétrole! Parce qu’il aime les chevaux il possède son propre hippodrome. Si c’est le premier mariage de Mari Blanchard, son époux a divorcé en 1958 de Lucille Langdon avec qui il a quatre enfants. Et il semble que quatre lui suffisent. Lorsque Mari lui apprendra qu’elle attend un heureux évènement, il entrera dans un telle colère que l’actrice, sidérée, en demandera le divorce instantanément! Quelques mois plus tard ils seront divorcés, mais Mari, hélas aura perdu son enfant et se console avec un autre avocat, Ed Schofield.

Avec les années 60 vient le règne des acteurs « intellectuels » et de l’actor’s studio. Hollywood se « déglamourise ». On dit même de Marilyn l’éternelle rivale qu’elle est une vamp à papa, qu’elle se démode en plus de perdre la boule. On lui préfère Joanne Woodward et Lee Remick.

Pas de chance pour Mari Blanchard que son destin rattrape. Après la poliomyélite, la péritonite, le nez cassé et une fausse couche, l’actrice se bat contre le cancer.

mari blanchard

Elle aura le tort de l’avouer publiquement dès 1963 et elle va découvrir à ses dépens une autre des dures lois du métier: Les assurances ne la couvrent plus. Si un studio veut la faire tourner, ce sera à ses risques et périls. La mauvaise santé d’Elizabeth Taylor a failli ruiner la Century Fox, aucun studio ne prendra de risque pour une actrice bien moins cotée comme Mari Blanchard. C’est la fin sans appel de sa carrière au cinéma. Heureusement, la télévision aux tournages plus rapides et aux capitaux engagés bien moins importants acceptera de la faire encore travailler.

Elle s’était remariée en 1965 avec un certain Tom Shepard mais le mariage n’avait duré que deux mois..

Elle se remariera une troisième et ultime fois avec le photographe Vincent J. Conti mais déjà la presse ne donne plus de ses nouvelles pour ses caprices de vedette ou ses dates avec des avocats célèbres mais pour ses interventions chirurgicales, ses bilans de santé, ses entrées et sorties de clinique.

Le 10 Mai 1970 elle perd son combat. Elle s’éteint alors qu’elle est une nouvelle fois hospitalisée. Elle n’avait que 43 ans depuis un mois.

Celine Colassin

mari blanchard

QUE VOIR?

1947: Copacabana: Avec Carmen Miranda et Groucho Marx

1950: Mr Music: Avec Nancy Olson et Bing Crosby

1951: No Question Asked: Avec Arlène Dahl et Barry Sullivan

1951: The Unknow Man: Avec Ann Harding, Dawn Addams et Walter Pidgeon

1952: Something to Live For: Avec Joan Fontaine, Ray Milland et Teresa Wright

1952: Assignment-Paris: Avec Marta Toren et Dana Andrews (Les Scènes de Mari ont été coupées au montage)

1953: Abbott et Costello Go to Mars: Avec Abbott et Costello, Anita Ekberg et Martha Hyer

1954: Destry: Avec Audie Murphy

1954: Rails into Laramie: Avec John Payne et Dan Duryea

1955: The Crooked Web: Avec Frank Lovejoy

1956: Canasta de Cuentos Mexicanos: Avec Maria Felix

1956: Stagecoach for Fury: Avec Forrest Tucker et Wallace Ford

1958: Karasu: Avec Manfred Chuster

1958: No Place to Land: Avec John Ierland et Gail Patrick

1962: Don’t Knock the Twist: Avec Chubby Checker

1963: Twice Told Tales: Avec Joyce Taylor et Vincent Price

1963: Le Grand Mclintock: Avec Maureen O’hara et John Wayne

 

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