Marianna Hill, qui perd parfois un « N » au gré des nombreux génériques où son nom s’est affiché, tant au cinéma qu’à la télévision, est un peu une énigme de la célébrité.
Celle fabuleuse créature à la magnifique chevelure auburn qui aura de quoi faire frémir de jalousie Susan Hayward et Tina Louise réunies, naît à Santa Barbara, le 9 Février 1941. Elle est alors Marianne Schwarzkopf pour l’état civil. Bien qu’on ne lui connaisse aucun lien de parenté avec Doris Day qui est venue au monde sous le même patronyme, ou avec une célèbre marque de produits capillaires. Cette demoiselle, d’une beauté rare et capiteuse attira très vite l’oeil exercé des producteurs de télévision. Elle avait étudié l’art dramatique, avait été une élève de l’actor’s studio, ce qui était non négligeable. Mais on l’aurait engagée sans ça!
Marianna qui consentit très tôt à simplifier son patronyme jouait fort bien la comédie. Chose inattendue chez une femme aussi superbe, elle n’aimait rien tant que de changer d’apparence, passant par toutes les couleurs de cheveux existantes ou non. Elle adorait plus encore peaufiner sa technique des accents qu’elle collectionnait comme d’autres les perles ou les diamants. Avait-on besoin d’une Suédoise, d’une Belge ou d’une Balinaise, Marianne était là! Ses premières apparitions sur le petit écran où elle cumula les « feuilletons » dès 1960 furent encensées par les critiques d’une manière sans équivoque. « Marianna Hill vous donne l’impression d’être assis sur une ligne à haute tension » ou encore « Après les programmes déconseillés aux enfants, voici ceux à déconseiller aux cardiaques ». La belle laissa faire et dire, se contenta de son métier de comédienne et de quelques photos en bikini dont on dit aussitôt qu’elles avaient provoqué une crise de nerfs chez Raquel Welch! Que miss Welch ait eu une crise de nerfs, c’est évident, c’était son étant naturel. Qu’elle ait vu ces fameuses photos l’est moins. Miss Welch est une professionnelle du système nerveux vite ébranlé et n’a pas besoin qu’on lui montre les photos de qui que ce soit pour avoir sa crise.
Côté télévision où Marianna avait enchaîné « Perry Mason » au « Dr Kildare » « Les Incorruptibles » à « Bonanza » et à « 77, Sunset Strip », on était bien certain que la créature fabuleuse aux cheveux flamboyants allait très vite déserter le petit écran pour le grand. Il faudra pourtant attendre que l’oeil exercé d’Howard Hawks se pose sur elle en 1965 pour lui donner un rôle important au grand écran dans » Red Line 7000″ face à James Caan mais dans l’ombre de Laura Devon. Marianna n’en était bien entendu pas à son coup d’essai cinématographique, mais on l’avait à peine vue, et qui de plus est dans des films mineurs, face à Telly Savalas ou Harold Lloyd jr. Elle avait aussi montré son admirable plastique dans « Roustabout » avec Barbara Stanwyck et Elvis Presley avec qui elle s’était faite, ma foi, bien copine.
Maintenant qu’elle avait tenu un rôle important au cinéma, le « King » pouvait se permettre de la redemander comme partenaire sans craindre pour son standing. C’est ainsi qu’elle sera de » Hawaïan Paradise ». Et si Marianna n’est jamais créditée parmi les rares veinardes ayant eu la chance de donner deux fois la réplique à Elvis, c’est que la première fois, elle n’est même pas créditée au générique du film ! Une amitié avec Elvis qui allait durer jusqu’à une déclaration peut-être un peu intempestive de Marianna : » Elvis dans les bras d’une femme? C’est une petit garçon timide et maladroit qui n’a rien à voir avec l’image de séducteur passionné que l’on veut donner de lui! » Inutile de dire que « le king » n’apprécia que très modérément la blague!
Être enfin reconnue comme un « espoir » du cinéma au milieu des années 60, ce n’est guère évident pour une actrice. C’est un monde en pleine mutation et il convient de ne pas faire le mauvais choix, entre le « happening psychédélique », le cinéma de papa, les spécialistes de l’érotisme de plus en plus débridé ou de la violence tous azimuts. Il faut savoir se placer. D’autant plus que la télévision, maintenant chatoyante de couleurs produit des kilomètres de programmes phares et fabrique de nouvelles vedettes à la tonne!
Et le pire de tout, c’est que les films d’Elvis sont déjà démodés avant d’être tournés! On se dirigeait à pas de géants vers les années 70, Elvis avait signé les années 50, que faisait il encore là se demandaient les jeunes entre deux révolutions à cheveux longs dans un monde ou le LSD était en vente libre!
A tout prendre, Marianna Hill fut plutôt fûtée, elle s’abstint de faire trop de vagues et retourna à sa chère télévision où elle allait maintenant être des aventures de « Mannix », « Wild Wild West » et surtout de « Star Trek ». Le temps toujours passant, sa beauté devenue plus flamboyante encore, elle n’hésita pas a envoyer sa pudeur par dessus les moulins et tourna volontiers nue. On la vit beaucoup dans les « westerns spaghetti », ce qui lui permit de donner la réplique à Clint Eastwood, ce qui après Elvis Presley et James Caan ne manque quand même pas d’allure! D’autant que les noms d’Al Pacino et Robert de Niro s’ajoutent à cette glorieuse collection!
Elle faillit avoir sa petite minute scandaleuse en tournant dans « El Condor », entièrement nue, une scène d’amour avec un acteur noir, Jim Brown. Mais Raquel Welch, toujours elle, lui avait damé le pion en se faisant violer par le même Jim Brown dans « Les Cent Fusils ». Elle allait aussi bien entendu passer de vie à trépas dans quelque film d’horreur bien sanguinolent, ce qui est obligatoire pour toute carrière bien menée.
Marianna sera active jusqu’en 2005, et sa passionnante collection de séries TV s’achèvera dans une enquête de l’élégant Remington Steele, ce qui ajoute une nouvelle référence James Bondesque à sa panoplie de partenaires prestigieux. Il semble, d’après les dernières nouvelles que Marianna Hill a données pour l’éducation des foules qu’après avoir été une brillante élève de l’actor’s studio elle y professe à son tour. Qu’elle vive aujourd’hui à Londres et que devenue blonde elle est toujours d’une beauté sublime malgré son âge honorable.
Alors donc, Marianna Hill fut très belle, fut une excellente comédienne et tourna énormément durant 45 ans des films et des programmes TV hautement populaires. Elle avait tout pour devenir une des plus inoubliables icônes de son temps. Pourtant la gloire l’oublie, ses photos sont rares. Son « cas » intéresse si peu les biographes en tout genre et les cinéphiles de tout acabit que l’on ignore à peu près tout de sa vie privée et que son souvenir s’efface, faute d’avoir un jour impressionné la mémoire collective.
Mais sans doute est-ce là un choix délibéré de cette si belle dame, qui sait?
Car après tout, qui est Marianna Hill?
Celine Colassin
QUE VOIR?
1962: Married Too Young: Avec Harold Lloyd Jr
1963: Black Zoo: Avec Jeanne Cooper, Virginia Grey et Michael Gough
1964: The New Interns: Avec Stephanie Powers, Barbara Eden et Telly Savallas
1964: Roustabout: Avec Barbara Stanwyck et Elvis Presley
1965: Red Line 7000: Avec Laura Devon, Charlène Holt et James Caan
1966: Paradise Hawaïan Style: Avec Suzanna Leigh et Elvis Presley
1969: Medium Cool: Avec Verna Bloom et Robert Foster
1970: The Traveling Executioner: Avec Stacy Keach
1970: El Condor: Avec Lee van Cleef et Jim Brown
1973: The Baby: Avec Anjanette Comer et Virginia Vincent
1974: The Last Porno Flick: Avec Frank Calcanini
1974: The Godfather part II: Avec Al Pacino, Diane Keaton et Robert de Niro
1976: The Astral Factor: Avec Stephanie Powers; Sue Lyon, Elke Sommers et James Foxworth
1980: Blood Beach: Avec David Huffman