L’adorable Augusta Margaret Diane Fuller plus connue sous le patronyme de Peggy Cummins naît le 18 décembre 1925 au Pays de Galles mais grandira à Dublin.
La jeune demoiselle fera des débuts très ordinaires au théâtre. Elle est en effet élève d’une école de danse où le théâtre voisin vient chercher des enfants lorsqu’il en a besoin pour un spectacle. La maman de Peggy étant elle aussi actrice, elle trouve ceci tout à fait normal.
La jeune enfant fait ses armes sur scène, la plupart du temps déguisée en petit garçon! La légende de Peggy Cummins préfèrera qu’elle ait été découverte à l’arrêt du bus! Peggy monta sur scène à sept ans et se montra si attentive et appliquée qu’elle fut de toutes les distributions nécessitant un enfant jusqu’à ses onze ans. Age auquel la petite Peggy reçut des propositions d’autres théâtres avec cette fois un texte à dire.
On parla de cette adorable petite fille dans le presse et son nom se fit entendre jusqu’à Londres.
Le représentant local de la Warner alerté de son existence et craignant de louper une bonne affaire se rendit au théâtre où elle jouait pour se faire une opinion personnelle. Comme tout le monde il tomba sous le charme de la petite Peggy et lui offrit un magnifique contrat hollywoodien en bonne et due forme.
Mais le destin allait se charger de bouleverser la vie de Peggy Cummins en même temps que celle de tous les autres êtres humains peuplant l’univers. La guerre fut déclarée le jour même où Peggy devait embarquer sur un transatlantique pour l’Amérique. Peggy n’a que quatorze ans et bien que d’autres bateaux prirent ensuite la mer, elle préféra rester en Angleterre.
Peggy qui avait atteint sa taille définitive d’un mètre 50 joua durant toute la guerre « Alice au pays des Merveilles » et fit salle comble tous les soirs. Par contre les bombardements, s’il lui laissèrent la vie sauve ne l’épargnèrent pas. Dix-sept fois elle rentra chez elle avec sa maman dans le noir total d’une ville occultée pour retrouver des décombres ou des murs en flammes là où elles vivaient avant de se rendre au théâtre. Dix-sept fois elles déménagèrent, dix-sept fois elles perdirent tout. L’actrice plus tard se souviendra: « Chaque soir je partais jouer en me disant que je n’aurais plus rien à mon retour, et en ignorant même si je retrouverais le théâtre debout en arrivant! »
Malgré la guerre, des films se tournaient à Londres, Peggy y participa, souhaitant que le studio lui aussi soit épargné au moins le temps du film. La paix revenue, les propositions Warner étaient loin mais une autre vint de la Century Fox.
Peggy Cummins avait un petit air à la Veronika Lake qui faisait fureur à l’époque, elle était Anglaise, donc une héroïne de guerre, celà suffisait.
Lorsque les dirigeants de la Fox eurent sous les yeux les 19 ans, le mètre 50 et les 42 kilos de Peggy Cummins, ils oublièrent d’emblée le film qu’ils préparaient pour elle et se mirent à danser: « Ambre » était trouvée! La Fox avait acheté les droits du très mauvais roman de Kathleen Windsor. La chasse à l’Ambre idéale était ouverte et toutes les actrices se disputaient le rôle comme elles s’étaient disputé celui de Scarlett O’Hara avant guerre. Dans le monde entier des concours « Etes-vous l’Ambre idéale » pullulaient. Les ventes de l’affreux roman explosaient!
On se souvint qu’une jeune Anglaise fraîchement débarquée avait évincé tout le monde pour « Autant en Emporte le vent ». Vivien Leigh. La Fox remit le couvert et une jeune Anglaise fraîchement débarquée évinça tout le monde pour « Ambre »: Peggy Cummins. On ne parla plus que de celà, Peggy devint la personnalité la plus en vue d’Hollywood!
Le tournage débuta en grandes pompes, quelques jours plus tard un communiqué de presse laconique tombait:
L’actrice Peggy Cummins jugée insuffisante par son studio est évincée au profit de Linda Darnell qui reprend le personnage d’Ambre.
Le camouflet était d’autant plus violent du fait que Linda Darnell, beauté somptueuse s’il en est n’avait pas la réputation d’être une actrice particulièrement douée. C’était d’ailleurs injuste. Mais il était tout aussi injuste d’entendre Zanuck le parton de la Century Fox clamer en conférence de presse organisée toute exprès « Je n’ai jamais vu de ma vie un travail aussi amateur que celui de miss Cummins sur les rush d’Ambre! » Bien sûr à Hollywood tout le monde savait que Zanuck voulait faire rutiler sa jeune maîtresse Linda Darnell et qu’il aurait renvoyé Sarah Bernhardt elle-même pour laisser la place à la belle Linda de son cœur.
C’était compter sans la fermeté de la Fox qui agita sous le nez de Peggy le contrat qui la liait au studio! Peggy resta donc à Hollywood, s’offrit une brève liaison avec Howard Hugues pour faire comme tout le monde et avec le jeune John Kennedy parce qu’il lui plaisait vraiment beaucoup. En 1950 elle est distribuée dans un film mineur: « Gun Crazy » où elle se révèlera tout bonnement fantastique et ceux qui virent le film se demandèrent longtemps comment on avait pu trouver Peggy Cummins inférieure à Linda Darnell!
C’est également en 1950 au cours d’un voyage à Londres qu’elle rencontre et épouse Derek Dunnett qui la laissera veuve en 2000 après lui avoir donné deux enfants, un fils en 1954 et une fille en 1962.
Peggy Cummins tournera encore quelques films dont « la Nuit du Démon » de Jacques Tourneur en 1957.
Peggy Cummins se retira définitivement dès la naissance de sa fille en 1961.
Elle vécut paisiblement à Londres et avait accepté avec joie de visionner le film de Tourneur lors d’un gala en 2006, elle n’avait encore jamais vu le film!
Peggy s’éteindra de sa belle mort le 29 décembre 2017. Elle avait fêté ses 92 ans 11 jours plus tôt.
le temps passé, on apprendra que Peggy Cummins n’avait pas été insuffisante dans le personnage d’Ambre, loin de là, mais elle était si jeune, si fraîche et si belle sur les premiers rushs qu’il sembla impossible de la vieillir pour la fin du film. Evidemment, on ne pouvait pas risquer la susceptibilité de Linda en lui disant qu’elle avait finalement le rôle parce qu’elle était moins fraîche et plus vieillissable! Même si cette nouvelle version certes plus agréable de toute cette affaire, n’est pas plus exacte que la précédente. Monsieur Zanuck s’était tout bonnement réconcilié avec Linda Darnell après une dix millième rupture et tenait à lui faire plaisir. Ce va et vient sentimental entre le directeur du studio et son actrice rejaillissait directement sur la production du studio et des castings en particulier. Linda se voyait éradiquée des tournages prévus pour elle autant de fois qu’elle ne se retrouvait parachutée sue des films prévus pour d’autres. Ce charivari coûta à la Century Fox le départ de sa plus grande star Alice Faye surnommée « la machine à sous » par le personnel du studio.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1947: Moss Rose: Avec Victor Mature et Ethel Barrymore.
1947:The Late George Apley: Avec Vanessa Brown et Ronald Colman
1948: Escape: Avec Rex Harrison.
1949: Cet Age est Dangereux: Avec Myrna Loy et Richard Greene.
1950: Gun Crazy: Avec John Dall
1950: My Daughter Joy: Avec Edward G. Robinson
1953: Street Corner: Avec Rosamund John
1953: Meet Mr. Lucifer: Avec Stanley Holloway
1957: La Nuit du Démon: Avec Dana Andrews
1957: Train d’Enfer (Hell Drivers): Avec Stanley Baker, Herbert Lom, Sean Connery, Jill Ierland et David McCallum
1959: The Capitain’s Table: Avec John Gregson et Nadia Gray
1960: Your Money or Your Wife: Avec Donald Sinden et Barbara Steele.