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Le festival de Cannes 1961 ne fut pas un des plus réussis ou en tout cas pas un des plus festifs. Jean Giono président du jury ne se présenta à aucun gala ni aucune réception. Luis Bunuel se fâcha et retira son film de la compétition. A Hollywood, l’immense Gary Cooper était entré en agonie. Le monde vivait dans l’attente du communiqué fatal. Il tombera le 13 mai en plein festival. Il n’y aura aucune projection, aucune soirée, aucun gala qui ne commencera pas par un message attristé. Plein d’espoir avant le 13 plein de condoléances après le 13.

Charles Trenet se produisit en smoking blanc et chaussures vertes. Sophia Loren avait bien mis le feu au début du festival mais elle ne s’était pas éternisée. Elle reviendra à la vitesse d’une fusée recevoir son prix d’interprétation pour « La Ciociara ». Il avait fallu attendre la spectaculaire Gina Lollobrigida qui faillit être piétinée à la présentation du film de René Clément « Quelle joie de vivre ». Son arrivée provoqua un tsunami de photographes admirateurs et reporters qui tourna au pugilat. Alain Delon et Barbara Lass, les vedettes du film avaient l’air de deux parapluies oubliés dans un coin.

Dans tout ce charivari, Sylvia Sorrente vint prouver si besoin était qu’une beauté fracassante, absolue n’était pas suffisante. Ou plus exactement, que ce n’était plus suffisant pour bouleverser le monde du cinéma. Ni même le petit microcosme saisonnier cannois.

sylvia sorrente

Sylvia Sorrente vient au monde à Paris le 31 juillet 194i. C’est l’occupation, ce n’est pas drôle de se faire pouponner dans une capitale occupée, occultée, qui manque de tout sous la botte nazie.

Paris libéré, on perd Sylvia de vue jusqu’à ce fameux festival 1961 où, fracassante brunette aux bikinis bien garnis, elle joue les starlettes en chef d’un effectif de plus en plus réduit. Et encore. Si on se souvient d’elle, c’est que la télévision s’intéresse au festival de Cannes depuis 1952 avec l’émission « Reflets de Cannes ». C’est François Chalais qui y pose ses caméras en 1961 au bénéfice de l’ORTF. Nous sommes le 7 mai, c’est la grande journée Sophia Loren. Mais Sophia ne se baguenaude pas en bikini sur la plage. Sylvia servira de starlette de service à François Chalais.

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Je ne sais pas si cette apparition cannoise eut un impact quelconque sur la production cinématographique internationale, mais quoi qu’il en soit, dès l’année suivante elle était aux écrans dans « Le petit garçon de l’ascenseur ». Alors certes, le film ne bouleversa pas la grande histoire du septième art, ce n’est pas « Le magicien d’oz ». Peut-être. Mais qui n’aurait pas rêvé de débuter sa carrière sous la direction de Pierre Granier Deferre? D’ailleurs la belle Sylvia se confiera aux bons soins de Terrence Young, de Georges Lautner, de Remo Forlani, de Maurice Cloche.

Elle partagera l’affiche avec Christopher Plummer, Mireille Darc, Lino Ventura dont elle est la petite amie dans « Ne nous fâchons pas », Yul Brynner, Jean Yanne ou Fernando Rey. Pas de quoi rougir, donc, même si elle sera aussi de quelques niaiseries de seconde zone comme c’est un peu la règle du cinéma français des années 60. « Les playboys » de Louis Félix par exemple. Distribué aussi sous le titre prometteur de chef d’oeuvre: « Hold-up à Saint Trop » ou encore « Bikini Paradise », une singerie préhistorique  qui aura raison de la bonne volonté de Sylvia.

sylvia sorrente

Le film terminé, Elle accepte une série TV, « les atomistes » puis se retire définitivement. Elle a 26 ans!

Si je trouve personnellement que c’est un grand gâchis, c’est que tout d’abord, 1967 fut une des années les plus noires du cinéma qui voyait disparaître Ann Sheridan, Martine Carol, Françoise Dorléac et Jayne Mansfield. Le glamour en prenait un sale coup, y’a pas à dire.

Mais surtout, c’est parce qu’au coeur de la plus haute époque des « starlettes », même les reines les plus absolues du genre, les plus admirées, les plus célèbres les plus affolantes étaient très travaillées. Oui il fallait bien des préparatifs pour faire de Brigitte, de Marilyn, de Raquel, de Diana les bombes absolues au royaume du bikini. Il fallait bien des préparatifs à Lana à Gina, à Rita, à Ava à Sophia pour que la mâle engeance se décroche la mâchoire devant leur moindre photomaton.  Tout celà était au fond très sophistiqué. Mais il suffisait à Sylvia Sorrente de sortir de son lit et de se donner un coup de peigne.

sylvia sorrente

Je ne vois guère que l’opulente Anita Ekberg qui puisse rivaliser avec elle. Anita jamais plus belle que démaquillée et ses longs cheveux lâchés. Anita dont Federico Fellini disait « Elle a été fabriquée par la nature rien que pour nos yeux » Elle était si belle que si on lui avait dit d’Anita qu’elle n’était pas humaine mais débarquée de la planète Mars il l’aurait cru tout de suite.

Que n’a-il pas rencontré Sylvia Sorrente. Si Anita venait de la planète Mars, Sylvia était Venus en personne.

Où que vous soyez Sylvia, je vous souhaite tout le bonheur du monde.

Celine Colassin

sylvia sorrente

QUE VOIR?

1962: Le petit garçon de l’ascenseur: Avec Mireille Négre

1963: Les playboys: Avec Beatrice Altariba

1966: Ne nous fâchons pas: Avec Lino Ventura et Mireille Darc

1966: L’affaire du camion: Court métrage avec Victor Lanoux

1967: Le vicomte règle ses comptes: Avec Jean Yanne et Kervin Matthews

1967: Bikini Paradise: Avec Kieron Moore et Margaret Nolan

1966: Triple Cross: Avec Romy Schneider et Christopher Plummer

 

 

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