Après tant de portraits d’actrices, il devient difficile de trouver des parcours ne ressemblant en rien à ceux déjà évoquées. C’est pourtant le cas de la très méconnue Tracey Roberts.
Cette ravissante aux cheveux noir geais et aux yeux bleu azur vient au monde comme Blanche Goldstone le 2 décembre 1914 à Little Falls dans l’état de New-York. La petite demoiselle, elle ne fera que frôler le mètre 60 sans jamais l’atteindre, ne grandit pas qu’en beauté. Elle révèle très tôt un esprit très vif qui laissera plus d’un de ses professeurs pantois.
Piquée de littérature et de théâtre, Blanche est bien incapable de décider si elle préfèrerait écrire ou jouer. Qu’à cela ne tienne, elle suivra les cours de l’université Cornell au Michigan. Puis, quand les arcanes de l’écriture n’auront plus de secrets pour elle, elle intégrera ce fameux actor’s studio dont on parle tant.
Cette décision stupéfia tout le monde et le plus stupéfiant encore, fut qu’elle s’y tint.
Voici donc notre jeune universitaire installée à New-York et bien décidée à en découdre avec l’Actor’s Studio. Même si c’est le contraire qui se produisit. Cet esprit éclairé dans un corps de sirène mit tout le monde au tapis et en moins de temps qu’il ne m’en faut pour l’écrire. Clifford Oddets, enseignant à l’Actor’s la parachuta sur scène dans sa pièce « Lost Paradise ». Il fallut pour se faire qu’elle se choisisse un nom plus évocateur que Blanche Goldstone et elle devint Tracey Roberts en hommage à ses deux acteurs préférés Spencer Tracy et Robert Montgomery. Elle était au passage devenue madame Jerry Adelman, avait posé pour quelques photos de pin-up mais n’avait pas eu le temps de s’y habituer, Broadway, déjà, ne voulait plus qu’elle.
Et de Broadway à Hollywood…On connaît le chemin !
Tracey débarqua, contrat dûment signé en main et enchaîna quelques films dont une intéressante collection de westerns dont « Fort Défiance » restera le point d’orgue. Mais la vie d’actrice sous contrat n’est pas à proprement parler palpitante. Lana Turner évoquant lesdits contrats comme de l’esclavage. Mais Tracey est bien plus avisée que Lana et que tous les marchands de soupe d’Hollywood ! Ils trouvent en elle un véritable « ennemi intellectuel » qui les prive de leur divin plaisir favori : La manipulation !
Très vite complètement désintéressée par la vie des studios, elle propose à Lee Strasberg d’ouvrir l’Actor’s studio d’Hollywood. Mais Strasberg comme les autres, n’étant pas de taille à la manipuler, elle l’envoya se faire voir chez les grecs et ouvrit sa propre école.
Toujours actrice avec une carrière théâtrale rutilante, elle enseigne, elle coach des comédiens pour des rôles bien précis. Elle écrit des scénarii, devient productrice et réalisatrice Elle serait bien devenue cosmonaute ou pilote de course si les journées n’étaient pas si courtes. Elle sera maître de conférences, donnera des workshops d’initiation à l’écriture, à l’analyse de scripts et aux métiers de production. Elle enseignera même l’art de la comédie musicale !
Je n’évoquerai pas sa carrière télévisée propre à fiche le tournis à tout dresseur de listes exhaustives ! Elle s’achèvera en 1994 en compagnie de Mister Bean !
Elle s’éteint le 8 février 2002, emportée par une hémorragie cérébrale, elle avait 87 ans.
A l’annonce de son décès, son ancien élève Jonathan Demme lui rendra un vibrant hommage.
Celine Colassin
QUE VOIR ?
1950 : Outside the Wall : Avec Marilyn Maxwell et Signe Hasso
1950 : Sideshow : Avec Don McGuire
1951 : Fort Défiance : Avec Dane Clark
1954 : Tehuantepec : Avec Manuel Arvide
1955 : Murder Is My Beat : Avec Barbara Payton
1955 : The Prodigal : Avec Lana Turner et Edmund Purdom
1956 : Hollywood or Bust : Avec Dean Martin et Jerry Lewis (scène coupée)
1957 : The Wayward Girl : Avec Marcia Henderson
1961 : Go Naked in the World : Avec Gina Lollobrigida et Anthony Franciosa
1969 : Sam Whiskey : Avec Angie Dickinson et Burt Reynolds