Le nom de Vanda Gréville ne vous dira peut-être rien, même si vous êtes un cinéphile passionné. Et pourtant! Elle a sa place dans ces pages. Non seulement pour avoir mis son nom à l’affiche de l’un ou l’autre incontournable chef d ‘oeuvre. Mais surtout pour son incroyable parcours qui mériterait bien, lui aussi, de devenir le sujet d’un film. A condition bien sûr qu’il se trouve une actrice assez belle pour incarner Vanda, ce qui est loin d’être gagné!
Vanda McEwan naît le 10 Janvier 1908 à Londres d’un père Irlandais et d’une mère norvégienne. Dès son plus jeune âge, cette ravissante demoiselle qui marque un don certain pour les langues (elle parlera anglais, français et allemand avec un égal bonheur) a également chevillée en elle la folle passion du théâtre et du cinéma. Très jeune encore, elle va se sauver du collège pour aller faire une figuration sur un film de cet Alfred Hitchcock dont on parle tant à Londres!
Finalement, sa famille cèdera devant tant de passion, Vanda étudiera l’art dramatique et pourra même, ô suprême rêve accompli, aller aiguiser ses dons dans un cours de théâtre parisien! En 1930, Vanda a vingt ans et elle est choisie pour personnifier dans un court métrage…Greta Garbo soi-même! Elle choisit pour ses débuts d’adopter le nom de jeune fille de sa mère: Vangen. 1930 est également l’année où elle fait la rencontre du cinéaste Edmond Gréville et en tombe immédiatement et follement amoureuse.
Ce jeune homme franco-anglais de 26 ans n’est pas encore l’illustre metteur en scène qu’il deviendra bientôt. Pour l’instant il a un peu « fait l’acteur » dans quelques films muets et a été choisi par René Clair pour un rôle un peu plus conséquent dans » Sous les Toits de Paris ». Il se décide à mettre en scène ses premiers courts métrages, fort d’une courte expérience d’assistant metteur en scène pour Abel Gance.
Son mariage avec Vanda semble l’avoir boosté et il se lance dans la réalisation de son premier film, « Le Train des Suicidés » où Vanda aura bien sûr un rôle. Même si la grande vedette de l’oeuvre est Germaine Aussey. Il présente également Vanda à ses relations professionnelles que sont Abel Gance et René Clair. Tous les deux éblouis puis convaincus par Vanda la feront tourner à leur tout dans les ombres respectives de Colette Darfeuil dans « La Fin du Monde » et d’Annabella dans « Le Million ». Durant toute la décennie des années 30, Vanda se partagera entre le cinéma français et le cinéma britannique. Le premier lui étant d’ailleurs plus profitable que le second. Elle fera partie de la jet set internationale, devenant notamment une amie proche de la scandaleuse Wallis Simpson.
Au cinéma, Vanda Vangen est devenue Vanda Gréville, parfois « Wanda » et elle finira sa carrière sous le pseudonyme de Vanda Carlier ou Carliez, c’est selon!
C’est la guerre qui va mettre un épilogue à sa carrière artistique! Elle a juste le temps de fuir Paris pour Londres à l’approche des Allemands, n’emportant dans sa fuite qu’un stock de sa crème de beauté préférée et un petit Utrillo dont elle ne saurait se passer. Elle rejoindra le général de Gaulle et le suppliera de la parachuter en France pour rejoindre la résistance et aller en découdre sur place avec ces vils teutons! Mais aussi léger et distingué soit-il, l’accent britannique de Vanda l’aurait inévitablement trahie! Elle servira donc la liberté derrière les micros de « Radio-Londres »!
Gréville était resté en France et s’était réfugié en zone libre. Après la guerre et bien qu’ils aient eu un enfant, ils ne se retrouveront pas. Leur mariage se dissoudra quelque part dans le temps et Edmond Gréville trouvera une mort brutale dans un accident de voiture en 1966. Âgé seulement de 60 ans il avait mené à bien la réalisation de son dernier film: « L’Accident ».
Dès 1946, Vanda avait tourné la page artistique de sa vie et son fondait dans un anonymat profond et respecté.
Elle s’éteint dans le Kent, le 26 Décembre 1997 à l’âge de 90 ans moins 20 jours!
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1930: Star Impersonation (court métrage) Avec Mickey Brantford
1931: Le Train des Suicidés: Avec Germaine Haussey
1931: Le Million: Avec Annabella et René Lefèvre
1931: Le Bal: Avec Danielle Darrieux
1931: Der Ball: Avec Lucille Mannheim
1931: A Gentleman of Paris: Avec Arthur Wonter
1931: La Fin du Monde: Avec Colette Darfeuil, Abel Gance et Sylvie Gance
1932: Ebb Tide: Avec Chili Bouchier et la débutante Merle Oberon
1935: Le Monde où l’on s’ennuie: Avec Josseline Gaël et André Luguet
1936: La Garçonne: Avec Marie Bell et Arletty
1940: Menaces: Avec Mireille Balin, Ginette Leclerc et John Loder