wynne gibson

Le 3 Juillet 1898, Winifred, Elaine Gibson naît à New-York. Cette date ne semblant pas lui plaire outre mesure, en devenant Wynne Gibson actrice, elle rajeunira subitement de sept ans et sera dorénavant née en 1905, qu’on se le dise. On pourrait difficilement faire plus classique que les débuts de Wynne Gibson. Ce sont pratiquement les mêmes pour toutes les actrices de sa génération rêvant des glorieux lauriers broadwayriens d’une Lillian Russell. Winifred hante les castings et les auditions à l’affût de la moindre petite panne, de la plus petite réplique. Elle choisit comme nom de bataille son diminutif enfantin « Wynne », d’abord pour lui porter bonheur et ensuite parce que « Winifred », franchement! ca fait boniche anglaise! même en lettres lumineuses!

Son acharnement va s’avérer payant. D’apparitions en apparitions, la jeune aspirante à la gloire fait son chemin sur les planches. Lorsque Broadway aura découvert qu’elle chante, qu’elle danse et qu’elle sait être drôle, la petite besogneuses des auditions deviendra une curiosité puis une vedette avant d’être une célébrité. Wynne fait preuve d’un humour sarcastique qui conviendra bientôt parfaitement à des Mae West, des Carole Lombard, des Rosalind Russell et surtout des Eve Arden et des Ruth Hussey. Elle connaîtra l’honneur suprême d’une tournée européenne, ce qui avec le prix Sarah Siddons fait d’une théâtreuse américaine un monstre sacré de l’art dramatique.

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Mais soudain, là-bas, aux lointains confins de la côte Ouest, le cinéma, cette stupide chose se met à parler. Ce qui en soi n’a aucun intérêt pour Wynne. A ceci près que les divines créatures du monde du silence ne font pas forcément bonne figure devant cette nouveauté barbare à l’intransigeance sans appel: le microphone. Hollywood va dépêcher à Broadway une armée de « talent scouts » à la recherche de stars sachant dire un texte autrement que fichées comme des plantes en pot devant cet engin de torture, ânonnant des répliques faisant se tordre de rire le public. Là où il aurait pourtant dû essuyer une larmichette émue. Ces « découvreurs de talents » provoquèrent de véritables bagarres générales à coups de contrats mirifiques afin de drainer vers Hollywood et ses micros flambants neufs des containers entiers d’acteurs et d’actrices sachant parler. Quitte à fermer les yeux sur les physiques jugés ingrats d’une Bette Davis ou d’une Barbara Stanwyck.

Wynne Gibson fit partie du lot, aussitôt projetée sur le plateau de « Nothing but the Truth » face à Richard Dix, un des seuls a passer du silence au son avec tous les honneurs. Même si, soyons historiquement juste, les tudios profitèrent du passage au parlant pour se débarasser d’acteurs et d’actrices encombrants sous prétexte qu’ils ne « passaient pas au son ». Ce qui était tout simplement faux dans 99% des cas.

Wynne Gibson ne se révéla impressionnée ni par la vigoureuse carrure et le célèbre profil de monsieur Dix ni par le cinéma!

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Les messieurs ne l’intéressaient que peu. Ils étaient cette sorte d’ennuyeuse nécessité dans la vie d’une actrice que l’on appelle « partenaire masculin ». Quant au cinéma, elle le trouvait horriblement étriqué entre ses lampes, ses micros et tous ces fils. Décidément non, Hollywood n’était pas pour elle. Elle rechigna tant et plus sur tout et n’importe quoi qu’on la laissa regagner son Broadway presque avec soulagement.

Elle s’absenta deux ans, mais Hollywood la rappela à l’ordre. Elle avait un contrat, il fallait quand même le respecter. Elle revint donc « tourner » clamant en guise de bonjour à toute l’équipe « Je vous préviens j’ai horreur de ça! », ne se déridant que sur le plateau de « Night after Night » puisqu’elle y côtoyait sa bonne vieille copine Mae West. Elle aussi, cédant finalement au lancinant appel des caméras et des micros (et à l’insistance de George Raft!)

Wynne devint donc une « actrice Paramount » qui avait déjà dans son écurie Mae, bien entendu, mais aussi Dietrich, Colbert et Lombard!

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En 1938, Wynne enchaîne film sur film en rechignant toujours autant, ce qui lui vaut d’être « prêtée » à la Warner où Bette Davis et Myriam Hopkins mettaient le feu chaque fois qu’elles se croisaient et où Eleanor Parker et Olivia de Havilland allaient venir compléter l’apocalyptique guerre des chignons!

Wynne vient tourner « Flirting with Fate », bien décidée à faire son travail et filer le plus vite possible lorsqu’elle partage une scène avec une nouvelle « découverte » de chez Warner: Beverly Roberts de 16 ans sa cadette et engagée par le studio le même jour qu’Errol Flynn. Le coup de foudre entre ces deux là fut immédiat et instantané. Leur amour allait durer toute leur vie ou plus exactement jusqu’à ce que la mort les sépare.

Dans une Amérique qui sentait avec effroi une nouvelle guerre se profiler et faisait de la pin-up bonne copine son pain quotidien, les amours saphiques de Wynne et Beverly passèrent relativement inaperçues. Le cinéma n’était pas encore corrompu par les tabloïdes à scandale qui empoisonneraient bientôt la vie des stars aussi bien sinon mieux que la liste noire de MacCarthy. Les deux amantes n’étaient pas aussi célèbres que Garbo et Dietrich. Elles ne faisaient pas la gloire de leurs studios et si elles ne se « cachaient » pas, elles restaient discrètes et évitaient tout tapage. Elles avaient chacune leur maison mais étaient bien entendu toujours ensemble dans l’une ou l’autre propriété.

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Très vite, Beverly Roberts allait emboîter le pas à Bette Davis et mener la vie dure à Jack Warner qui finit par se passer de ses services, son lot de tortionnaires en jupons étant complet. Wynne quant à elle ne renouvela pas son contrat en 1943. Trouvant sans doute que « faire le singe » devant des caméras avait quelque chose d’indécent quand l’Amérique entrait en guerre pour défendre les libertés du monde.

Les mauvaises langues dirent qu’elle boudait parce que l’oncle Sam lui avait refusé un barda de bidasse pour qu’elle participe au débarquement comme n’importe quel jeune mâle américain!

Et puis pour quelqu’un qui avait refusé de tourner un second film après le premier, elle venait de terminer le cinquantième! Ca suffisait comme ça. Et puis encore, si elle avait œuvré dans l’ombre de Mae West ou de Norma Shearer elle professait maintenant dans celle de Ruth Terry, éphémère reine du western chantant. Les années passées chez Paramount et Warner avaient mis Wynne et Beverly très à l’abri du besoin. Elles choisirent de se retirer pour enfin s’aimer dans la même maison et profiter de la vie. Même si Wynne restera très présente à la télévision jusqu’au milieu des années 50.

Le 15 Mai 1987, Wynne Gibson est foudroyée par une crise cardiaque à Laguna Beach et s’éteint dans les bras de l’amour de sa vie. La presse lui donna les 83 ans qu’elle aurait souhaités, Beverly ne remit pas les comptes en ordre, on ne saurait pas qu’elle s’apprêtait à fêter son 90 ème anniversaire.

Beverly regagna son New-York natal où elle resterait active a théâtre jusqu’à sa propre fin survenue dans son sommeil le 13 Juillet 2009

Wynne était une des plus fidèles amies des « durs » d’Hollywood, de Spencer Tracy à Humphrey Bogart. Ils l’avaient depuis bien longtemps précédée dans la tombe et ne purent pas saluer sa fin  d’un « c’était un chouette type » comme ils avaient l’habitude de la surnommer en parlant d’elle.

Celine Colassin

wynne gibson

QUE VOIR?

1929: Nothing but the Truth: Avec Richard Dix

1931: The Stolen Jools: Avec Norma Shearer, Wallace Beery, Buster Keaton, Laurel et Hardy

1931: City Streets: Avec Sylvia Sidney et Gary Cooper

1931: Kick In: Avec Clara Bow

1932: Night after Night: Avec Mae West, Constance Cummings et George Raft

1932: Two Kinds of Women: Avec Myriam Hopkins et Philips Holmes

1932: The Devil is Driving: Avec Edmund Lowe et Loïs Wilson

1933: Maggie Appleby, Maker of Men: Avec Charles Farrell et Betty Furness

1933: Her Bodyguard: Avec Edmund Lowe

1938: Flirting with Fate: Avec Beverly Roberts et Joe E. Brown

1938: Gangs of New-York: Avec Ann Dvorak et Charles Bickford

1939: Come Closer, Folks: Avec Marian Marsh et James Dunn

1939: My Son is Guilty: Avec Julie Bishop, Bruce Cabot et Glenn Ford

1939: Miracle on Main Street: Avec Margo et Veda Ann Borg

1940: Cafe Hostess: Avec Ann Dvorak et Preston Foster

1941: Double Cross: Avec Kane Richemond

1943: The Falcon Strikes Back: Avec Harriett Hilliard et Tom Conway

1943: Mystery Broadcast: Avec Ruth Terry et Frank Albertson

 

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