A l’heure de clôturer cette seconde partie de la Saga des Etoiles Filantes pour ouvrir le troisième, je tiens ma promesse faite au début de cette partie: Croquer quelques portraits d’éphémères dont je ne sais rien ou si peu mais dont l’absence finit par faire figure d’injustice, d’oubli ou d’ostracisme. Voici donc venu le moment d’évoquer la délicieuse Zoé Chauveau dont le cinéma s’enticha durant une dizaine d’années avant qu’elle-même ne s’en détourne. C’est un peu la chronique d’un départ annoncé puisque Zoé avait déclaré à la presse après avoir été la vedette du dernier succès de Robert Enrico: » Si le cinéma ne marche pas pour moi et bien tant pis! j’abandonnerai sans regrets et je retournerai à mes études! » Zoé avait alors 20 ans, nous étions en 1980. Elle tournait déjà depuis trois ans et on annonçait à grand tapage son prochain tournage dans un film de Just Jaekin, le cinéaste le plus sulfureux du moment après avoir offert au monde un nouveau fantasme du nom d’Emmanuelle.
Zoé Chauveau naît à Boulogne Billancourt le 28 Mars 1959 et j’ignore complètement je l’avoue, ce qui amènera cette jeune adolescente de 17 ans devant les caméras de Claude Lelouch pour « Si C’était à Refaire ». Film ambitieux, cinéaste de renom, distribution prestigieuse, rares sont les comédiennes qui auront eu la chance de débuter si jeunes dans de tels projets.
Quatre ans plus tard elle est la vedette de « L’empreinte des Géants » de Robert Enrico face à Serge Reggiani et Just Jaekin n’attend qu’elle pour commencer le tournage de « Girls » avec Anne Parillaud. Mais avant de tourner pour Jaekin, elle a eu le temps de donner la réplique à Isabelle Huppert, Bernard Giraudeau, Philippe Léotard, Jean Yanne, Sydne Rome et même Jodie Foster et Marcel Dalio!
Après le film de Jaekin, elle sera la vedette des « Filles de Grenoble » face à André Dussolier puis s’en ira, et pourquoi pas? Tenter l’aventure américaine. Zoé joue les ravissantes petites françaises de passage dans « Longshot », un film hélas sans intérêt, même pas celui d’avoir un jour existé. Un petit faux pas exotique, peut-être, mais qu’importe puisque la charmante Zoé gagne aussitôt l’Italie pour être l’interprète de Sergio Corbucci face à Vittorio Gassman dans » Il Conte Tacchia »
Zoé Chauveau est donc on ne peut plus clairement sur la « bonne voie » dans ce cinéma français qui cherche ses actrices de la prochaine décennie et dont Sophie Marceau sera bientôt la reine incontestée. Zoé tourne pour la télévision, Michel Drucker la reçoit sur ses plateaux, personne ne doute de son bel avenir d’actrice. Pourtant, rentrée en France pour donner la réplique à Richard Berry et à Brigitte Fossey dans « Le Jeune Marié », Zoé disparaît ensuite des écrans! On ne la reverra que dans deux courts métrages restés confidentiels, sans doute tournés pour faire plaisir aux amis. Mais Zoé Chauveau a bel et bien tourné définitivement la page dès 1983.
Le cinéma français vite oublieux des jeunes beautés qui ont l’affront de le délaisser passe lui aussi à d’autres distractions. Pourtant Zoé n’a pas coupé entièrement les ponts avec son ancien univers professionnel. Elle est une des plus vieilles et des plus fidèles amies de Marie Trintignant. C’est en sa compagnie que Marie se rendra à un concert de Noir Désir et c’est sous ses yeux que naîtra la passion tragique entre Marie Trintignant et Bertrand Cantat.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1976: Si c’était à Refaire: Avec Catherine Deneuve et Anouk Aimée
1977: L’Ombre des Châteaux: Avec Philippe Leotard et Marcel Dalio
1977: Moi, Fleur Bleue: Avec Jodie Foster, Sydne Rome et Jean Yanne.
1978: Violette Nozière: Avec Isabelle Huppert
1980: L’Empeinte des Géants: Avec Serge Reggiani et Andréa Ferréol
1980: Girls: Avec Anne Parillaud
1981: Les Filles de Grenoble: Avec André Dussolier et Souad Amidou
1981: Longshot: Avec Leif Garrett
1982: Il Conte Tacchia: Avec Vittorio Gassman
1983: Le Jeune Marié: Avec Brigitte Fossey et Richard Berry